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Vous trouverez dans ce blog un peu de vérité, beaucoup de passions et quelques coups de gueule........ Bonne route, bonne lecture merci de votre visite...
De moi. retraité, passionné, curieux, gourmet, vivant au vert en Aquitaine
Signe particulier : « Ayant attrapé tout jeune la maladie bleue et pas guéri à ce jour !
Dans ce blog vous trouverez un peu de vérité, beaucoup de passion, et quelques coups de gueule
Bonne route & merci pour votre visite
@Si notre planète à quelques milliards d’années, L’apparition de l’homme est bien récente en comparaison.
Les premiers âges se sont illustrés par des découvertes qui de nos jours, paraissent bien piètres : « La roue, la maitrise du feu, les armes rudimentaires…Au fil des siècles, le progrès de l’humanité s’est opéré très lentement.
Durant le dernier millénaire qui s’est écoulé, cette progression s’est quelque peu accélérée avec l’apparition de techniques qui ont joué un rôle fondamental dans cette marche, notamment celle de l’imprimerie qui par sa spécificité, à contribué à une plus large diffusion de la connaissance. A noter que cette soif de progrès a été fort bien illustré dans les romans de Jules Verne. Jusque là l’homme utilisait pour se déplacer essentiellement pour se déplacer le cheval et les navires, tout déplacement était synonyme de lenteur. Ensuite la voiture et l’avion sont nés ! A partir de là, les progrès techniques, scientifiques, sociaux furent fulgurants. Puis vint le temps de l’informatique. Conscient des limites de son cerveau, l’homme a su inventer une machine qui pouvait non seulement compter à sa place, mais également beaucoup plus rapidement que lui. La conquête de l’espace, le premier pas sur la Lune, les bébés conçus dans une éprouvette, les greffes sur le corps humain… La science-fiction d’hier, est la réalité d’aujourd’hui.
Episode 1 : " La Blanche Porte Un siècle au service des femmes "
L'origine de ce nom qui surprend au premier contact, est peut-être celui d'une ferme de Ia campagne environnante de Tourcoing ; appellation qui remonterait à plusieurs siècles. Mais on peut retenir une interprétation tout à fait vraisemblable et qui charme par son empreinte poétique.
"La Blanche Porte" doit s'entendre au sens figuré, le toponyme ne désigne pas une porte réelle, mais le passage symbolique de la campagne ‘a la ville. La belle métaphore parle du chemin jalonné de prairies verdoyantes où séchaient en plein air sur leurs "toupioles" (fils tendus entre des piquets) des quantités de touffes de laine écrue préalablement peignée à la main, avant d'être filée ». Ces paysages spécifiques créés par cette activité, perdureront jusqu'en I850, date à laquelle le peignage, mécanique se généralisa et le séchage se fit en atelier. L'heure de l'ère industrielle était venue. Ce n'est qu'en I 920, le 29 mai plus précisément, Blanche Porte", connue depuis plusieurs siècles, à la fois comme lieu-dit, ferme, hameau et chemin, acquit le statut de marque de fabrique. C'est un filateur de coton, joseph Legrand, qui déposa la marque. De ce jour, Ie. label "Usine de La Blanche Porte" fut apposé sur les draps de lit et autres produits confectionnés par l’entreprise Legrand & Cie.
De la filature à la vente par correspondance
C'est avec Alexis Dassonville et Louise-Victoire Piat, deux jeunes gens qui s'unirent le I I floréal an IV de la République (30 avril l798) que débuta la véritable histoire de notre maison. Durant leur vie, ils exploitèrent une filature de coton. Lorsque les fils d'Alexis atteignirent l'âge d'homme, Tourcoing commençait à entrer dans l'ère de l'industrialisation. La machine à vapeur se généralisait et remplaçait peu à peu les manèges à chevaux. Les hautes cheminées en briques furent édifiées. L'entreprise Dassonville Frères, puis Legrand et Cie se développèrent et s'adaptèrent aux progrès techniques. Quelques années plus tard, Ie 29 mai I920, I ‘usine de La Blanche Porte, filature, tissage, blanchiment, confection est née. "Le drap de lit chaîne retors" sera pendant des années son article vedette avec pour slogan : en direct de l’usine. Cette démarche inabituelle pour l’époque, marqua la nouvelle distribution fondée sur un contact direct avec ses clientes. Des prix usine, une qualité exceptionnelle et un souci de rapidité dans la livraison furent les priorités de notre maison. Sur des tarifs de 1924, on pouvait lire : « L’expédition partira dans les 48 heures de l’arrivée de votre lettre… ». La vente par correspondance était née. Le premier catalogue connu (qui avait que 6 pages) date de 1934.
Ce n’est qu’après la guerre que cette nouvelle distribution prit l’essor et devint, en 1964, la seule et unique activité, après 158 ans de fabrication. L’expansion se fit avec des difficultés que les hommes en place, surent surmonter.
Aujourd’hui, la blanche porte emploie 1250 personnes, dont près de 80% de femmes ……….
Source : "D ‘après le livre de Martine Le Blan « Histoire de la Blanche porte depuis 1806"
Késaco (Quésaco) " De l’occitan qu'es aquò (« qu'est-ce que c'est »). Attesté en 1730 (A. Piron), signifiant "qu'est-ce que c'est ?". Littéralement : "Qu'est-ce cela ?" "
Donc la question est :
La souillarde
Cela s’écrit souillarde et c’est du français. su.jaʁd\ féminin (Savonnier) Baquet pour recevoir les soudes lessivées. Exemple d’utilisation manquant. (Cuisine) Petite pièce où étaient faits les gros travaux de cuisine (avec une souillarde) et dont la fraîcheur permettait de conserver la nourriture. »Il ouvrit les placards et la porte d’une souillarde basse dans laquelle il se mit à farfouiller en battant le briquet ». Arrière-cuisine convient bien, avec une nuance de buanderie, donc.
Selon ; Pierrette Piton
Arrière cuisine..fraîche..il y avait le garde manger..les balaies ect....les bassines et parfois l'évier...
Ou selon ; Josée Sadu
La souillarde est une pièce aveugle après la cuisine dans chaque échoppe bordelaise; elle possède un évier et on y range tout le matériel de ménage : balais, seaux, serpillères.
La souillon est celle qui utilise les ustensiles de la souillarde , autant dire la bonne à tout faire . Par extension, une souillon ( la version masculine n'existe pas... ) est une femme malpropre.
Cri d’alarme au sujet de la dette publique
et défaut de politique visionnaire
(D’après « Le Gaulois », paru en 1898)
C’est dans les dernières années du XIXe siècle qu’un chroniqueur du Gaulois pousse un cri d’alarme relatif à la dette publique d’une France jouissant jadis d’une supériorité incontestée mais aujourd’hui obérée de taxes, et considère que l’Etat, dépensier, exige par ailleurs trop des contribuables tout en se contentant de « prendre l’argent là où il est » sans réelle politique visionnaire
La France est grevée d’une dette publique qui est la plus lourde du monde entier : 36 milliards en chiffre rond, assène A. de Claye en 1898 au sein du journal Le Gaulois. Aucun budget ne s’élève, en dépenses, à la hauteur du nôtre, continue-t-il : trois milliards cinq cents millions, rien que du chef des charges de l’Etat, et sans compter les dépenses des départements ou des communes. Le fisc prélève sur les revenus de chaque citoyen français une part qui est double et triple de ce qu’elle est dans certains pays voisins, qui dépasse en tout cas, et de beaucoup, celle que supportent ailleurs les contribuables les moins favorisés.
Jadis, la France jouissait à maints égards d’une supériorité incontestée. Nous avons gardé celle d’être le pays le plus obéré et le plus écrasé de taxes qui soit dans l’univers. Nous détenons ce record on nous le laisse, on ne nous l’envie pas.
Quand les agriculteurs, les industriels, les commerçants font entendre des doléances, c’est très commode de dire, d’un ton dégagé, que ces gens, mécontents par profession, ont besoin de se plaindre.
Voici des faits. Les campagnes se dépeuplent, et les évaluations les plus modérées établissent que, depuis vingt ans, la valeur de la propriété foncière en France a baissé au moins d’un tiers ; ses revenus ont baissé davantage encore. L’industrie, depuis longtemps déjà, a cessé de se développer. La masse de ses produits est loin d’augmenter. La rémunération qu’elle procure aux capitaux dont elle s’alimente va toujours en diminuant.
Notre commerce ne s’étend pas, lui non plus. Si l’année dernière, à raison d’un concours heureux de circonstances, les statistiques ont révélé, par rapport à l’année, précédente, qui avait été mauvaise, une majoration de deux cents millions dans les chiffres du commerce extérieur de la France, il faut tenir compte qu’en Allemagne l’augmentation a été de 800 millions. En pareil cas, c’est reculer que d’avancer moins vite que les concurrents.
Pourtant, notre 3% est coté au-dessus du pair, les actions de nos chemins de fer réalisent des prix vertigineux, les obligations atteignent des cours qui font qu’elles ne rapportent presque plus rien.
Tout cela est très vrai, observe encore de Claye. Mais causez avec des chefs d’industrie, par exemple la plupart vous avoueront que s’ils veulent emprunter pour des travaux utiles, ils ne trouvent pas d’argent. D’autres, en petit nombre, jouissent d’un tel crédit qu’ils trouveraient de l’argent à d’excellentes conditions. Mais ils s’abstiennent d’en demander. Pourquoi ? Je sais telle usine française, une des plus grandes, où l’on se rend très nettement compte qu’on sera prochainement débordé par la concurrence américaine. Il faudrait, pour y faire victorieusement face, bouleverser toute la fabrication et changer tout l’outillage.
Plusieurs millions seraient nécessaires. « Eh bien qui vous empêche d’émettre des obligations pour plusieurs millions ? Ce qui nous empêche ? m’a-t-on répondu. C’est qu’avec les théories sociales ou bien financières qui ont cours, nous ne savons pas quelles seront demain les prétentions de nos ouvriers ou celles du fisc. Nous n’avons pas de sécurité. Aussi nous vivons au jour le jour, sans nous dissimuler l’avance que prennent nos adversaires. »
Et voilà comment l’argent se retire de plus en plus des affaires productives et des emplois vraiment féconds, soit qu’il se dérobe, soit qu’on ne le sollicite pas, remarque notre chroniqueur. Il afflue alors aux guichets de l’Etat ; il sert, sans profit pour personne, à enfler d’une façon démesurée les cours des fonds publics ou des quelques valeurs assimilées. Le même rentier qui possédait, il y a vingt ans, avant la première conversion du 5%, cinquante mille francs de rente en titres sur l’Etat, ne touche plus actuellement que trente mille francs par contre, il paie à l’Etat une somme de contributions infiniment plus élevée qu’à cette époque.
Je n’ai pas l’honneur d’être économiste ; je le regrette, car cela me prive de la consolation, si c’en est une, de remonter des effets aux causes, explique notre chroniqueur. Je me borne à noter les effets ; et ils se résument en ceci, que la fortune de la France est gravement atteinte. Ce n’est pas un effondrement subit, mais c’est un déchet continu, c’est une diminution progressive.
Au fond, est-il indispensable d’avoir été nourri dans la science des économistes et d’en connaître tous les détours pour s’apercevoir qu’il y a quelque chose de détraqué dans un Etat quand, par un double phénomène simultané, les impôts y montent régulièrement et les revenus des particuliers baissent non moins régulièrement ? Or, c’est notre cas.
L’Etat exige trop des contribuables, et ses exigences, à côté des coups directs qu’elles frappent, entraînent toutes sortes de contre-coups indirects. Je viens de parler des industriels. Dans l’usine même, le prix de revient de chaque tonne de produits est alourdi par un poids mort qui est celui de l’impôt. Mais il faut qu’elle soit, cette tonne, transportée au lieu de destination. Veut-on savoir quelle condition est faite aux entreprises de transports ?
Prenez nos Compagnies de chemin de fer ; j’ai sous les yeux les comptes de l’une d’elles : elle a distribué trente-deux millions de dividendes aux actionnaires qui lui ont procuré, avec leur argent, les moyens de naître, de fonctionner, de grandir et elle a payé à l’Etat trente-huit millions sous forme d’impôts divers. On reproche à nos chemins de fer leurs tarifs trop coûteux ; à qui la faute, je le demande ? Sans doute, il serait désirable que ces tarifs fussent réduits dans l’intérêt de notre industrie si terriblement concurrencée ; mais les Compagnies, aux prises avec cette fiscalité meurtrière, peuvent-elles les abaisser ?
Quand un particulier a acquis la fâcheuse certitude qu’à vouloir continuer son train de vie il est sûr de se ruiner, pour peu qu’il soit sage, il se restreint, il fait des économies. L’Etat, chez nous, n’en fait pas. C’est qu’il y a deux catégories de dépenses publiques : les unes sont réellement irréductibles, parce qu’elles représentent la dotation nécessaire des grands services publics ; les autres sont encore plus sacrées aux yeux des majorités parlementaires et des ministres qui dépendent d’elles, parce qu’elles servent à acheter des concours ou à rémunérer des services électoraux, ou encore, comme les dépenses scolaires, à molester ceux qu’on traite en ennemis. Résultat net : la dette publique à été accrue de dix milliards en vingt ans, par l’effet de déficits annuels de cinq cents millions en moyenne.
Nous possédons, sous les appellations de sénateurs et députés, près de neuf cents souverains. Il en résulte qu’aucun régime ne comporte une liste civile aussi écrasante. M. Anatole France a dit plaisamment que la république ne saurait être un gouvernement à bon marché, par la raison qu’elle a trop de parents pauvres. Le mot est joli ; surtout il est juste.
Donc, au lieu de faire des économies, on vote des impôts nouveaux. On s’inspire de la formule : « Il faut prendre l’argent là où il est. » On s’attaque aux riches ou à ceux qu’on juge tels. C’est double profit, croit-on : non seulement on pourra continuer les prodigalités, mais on donnera satisfaction à ce sentiment, le pire des instincts humains, qui s’appelle l’envie.
Ces projets ne sont encore que timidement réalisés plusieurs ne sont qu’à l’état de menaces. Mais déjà nous voyons les résultats. La seule annonce de l’impôt global et progressif sur le revenu déterminait naguère un exode des valeurs mobilières françaises vers l’étranger. On vient, par le motif que des gens gagnent de l’argent à la Bourse, de frapper les opérations qui s’y font de taxes exorbitantes. Sur les places du dehors, ces mesures sont saluées par des acclamations ; les financiers proprement dits, ceux qui alignent des millions, y transporteront leurs transactions. Seul, le petit porteur de quelques titres payera l’impôt quand il aura besoin de les négocier.
On part en guerre contre la richesse ; les coups tombent dans le vide parce que la richesse se dérobe, ou bien encore qu’elle se trouve supprimée ; les seuls coups qui portent vont, contrairement aux prévisions des imprudents novateurs, frapper des contribuables qu’ils n’avaient pas en vue.
C’est comme lorsqu’on parle d’améliorer le sort de l’ouvrier. Nous applaudissons à tout ce qui sera fait d’utile en ce sens. Mais lorsqu’on procède par voie de charges abusives imposées aux patrons, on va à l’encontre du but. Peut-être quelques ouvriers, au début, sont-ils satisfaits de voir qu’on s’occupe d’eux pour les protéger, et cela est très légitime : peut-être éprouvent-ils une seconde satisfaction, beaucoup moins saine, en voyant qu’on s’occupe de leur patron pour l’ennuyer. Bientôt ils constatent que leur intérêt est lié à celui du patron. Souvent, c’est trop tard : le patron a dû renoncer à une lutte inégale ; il a liquidé ; l’ouvrier est sur le pavé ; en flattant ses préventions qu’on aurait dû loyalement combattre, on l’a privé de pain.
Je répète, poursuit notre chroniqueur, que si j’étais un économiste, je revêtirais ces vérités de simple bon sens d’un appareil scientifique. Mais il me semble qu’il suffit de les montrer telles qu’elles sont. De ce pays, qui fut le plus illustre de tous et qui était demeuré, malgré ses malheurs, un des plus prospères, veut-on faire un champ dévasté d’expériences désastreuses ? On n’a qu’à persister dans les méthodes actuelles, autrement dit, à lui imposer des dépenses supérieures à ses ressources, à exciter la haine des foules abusées contre quiconque possède, à encourager, ouvertement ou non, la guerre des classes. Les conséquences déjà acquises attestent qu’il ne faut plus, pour que les dernières se produisent, de bien longs efforts.
Mais non, je considère comme impossible que des gouvernants français, quels qu’ils soient, poursuivent un tel dessein. Ils ont pris la direction des affaires de la France, ils en ont la responsabilité. Que font-ils d’elle au point de vue moral ? Mais je m’en tiens aujourd’hui aux intérêts matériels. Qu’ils avisent ; en d’autres termes, qu’ils économisent et qu’ils pacifient. Le patriotisme commande d’espérer qu’il est temps encore ; mais, très sûrement, il n’est que temps.
Voltaire dit à ce sujet, dans une lettre au chevalier Delisle : « Madame la maréchale de Luxembourg me paraît avoir raison : Emporter le chat signifie à peu près faire un trou à la lune. Les savants pourront y trouver quelque petite différence ; ils diront qu’emporter le chat signifie simplement partir sans dire adieu, et faire un trou à la lune veut dire s’enfuir de nuit pour une mauvaise affaire.
« Un ami qui part le matin de la maison de campagne de son ami a emporté le chat ; un banqueroutier qui s’est enfui a fait un trou à la lune. Voilà tout ce que je sais sur cette grande question. L’étymologie du trou à la lune est toute naturelle pour un homme qui s’est évadé de nuit ; à l’égard du chat, cela souffre de grandes difficultés. »
Le mot chat, dans cette locution, ne doit pas s’entendre de l’animal de ce nom, mais désigne une ancienne monnaie du même nom qui était autrefois en grande circulation, surtout dans le Poitou. Le glossaire de Ducange parle de cette monnaie au mot chatus, et rapporte cette phrase d’une charte de 1459 : Confessus est recepisse in chatis et alia moneta... « Il avoua avoir reçu en chats et en autre monnaie. » Ainsi, emporter le chat, c’est emporter l’argent, et par extension ne point payer et s’esquiver.
« On peut conjecturer aussi, dit le savant Théodore Lorin dans une des notes manuscrites qu’il a faites sur le Dictionnaire des proverbes de Quitard, que le mot chat a ici la même acception que l’espagnol gato, qui désigne une bourse faite de la peau du chat, témoin le sobriquet ata el gato (serre-bourse) donné à un avare ; témoin encore cet exemple pris de Cervantes : Un grandissimo gato de reales : une très-grande bourse de réaux. » Emporter le chat serait donc synonyme de emporter le magot, emporter la grenouille, et répondrait, selon l’exigence des cas, à toutes les significations qui lui sont assignées.
Remarquons, en terminant ce commentaire, que l’expression existait en langue romane, comme le prouvent ces deux vers du troubadour P. Cardinal, dans sa pièce Al nom del :
Mais cant lo riex er d’aisso castiatz
Venra’ N Artus sel qu’emportet lo calz.
Mais quand le riche sera de cela corrigé,
Viendra le seigneur Artus, celui qui emporta le chat.
posée manque souvent d’appétit. Mais, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce n’est pas ce chemin métaphorique que la langue a emprunté pour parvenir à ne pas être dans son assiette.
Assiette vient du latin assedita, de adsedere signifiant « asseoir ». L’idée d’assurer quelque chose sur son séant induit au XIIIe siècle un sens figuré fiscal, la base de répartition des impôts. On est loin des considérations alimentaires ! Aujourd’hui encore, quand on détermine notre assiette fiscale, on évalue le montant qui servira de base au calcul de notre impôt.
Parallèlement, le mot assiette adopte d’autres significations. Il renvoie à la position géographique d’une ville et, de là, à l’installation ferme de quelque chose. S’agissant de personnes, assiette désigne depuis le XVIe siècle « la manière de se trouver assis », notamment sur le dos d’un cheval. On parle aujourd’hui encore de l’assiette d’un cavalier.
Sortir de son assiette, manquer d’assiette passent alors au figuré : assiette exprime l’équilibre physique et moral d’une personne, son état d’esprit considéré comme normal. Du temps de Molière, on parle ainsi de l’assiette naturelle ou ordinaire de quelqu’un. Qui n’est pas dans son assiette se trouve en dehors de ce degré zéro de l’humeur. Ainsi, depuis la Renaissance et dans les siècles qui ont suivi, « ne pas être dans son assiette » a acquis un sens plus en rapport avec la notion de bien-être, et aujourd’hui elle signifie « ne pas se sentir bien », « ne pas être en forme ».
Si l’on comprend sans équivoque l’expression en ce sens jusqu’au XIXe, le français moderne l’a oublié et tend à rapporter l’assiette à une autre de ses destinées. L’assiette désignait la place d’un convive avant que, du plan de table, on glisse vers le contenant du repas. Le sens relatif à l’état d’esprit a disparu et l’expression ne pas être dans son assiette demeure la seule survivance de cet usage.
Le pont de pierre a 200 ans depuis ce dimanche 1er mai. Retour sur plusieurs aspects méconnus ou oubliés de son histoire
1. Son inauguration avait déjà été discrète
De ce qu’on a pu constater, les panneaux installés place Stalingrad et les reproductions de photos présentées place Bir-Hakeim, pour les 200 ans du pont de pierre, ont peu retenu l’attention des passants. Mais l’inauguration elle-même s’était déjà déroulée sans festivités le 1er mai 1822. Peut-être parce qu’un autre pont, en bois, était en service depuis septembre. Ou parce que les travaux avaient à l’origine été décidés par Napoléon Ier.
Deux reproductions de photos du cours Victor Hugo dans les années 1900 (dans un sens) et du pont de pierre dans l’Entre-deux-guerres (dans l’autre) ont été installées porte de Bourgogne.
2. L’origine de son nom est méconnue
Il devait à l’origine s’appeler « pont Louis XVIII », pour des raisons politiques qui l’ont ensuite fait appeler « pont Napoléon ». Le nom de « pont de Bordeaux », a aussi été largement usité en dehors de la Gironde. Mais pour les Bordelais c’est le nom de « pont de pierre » qui a très vite dominé. Probablement pour le distinguer du pont en bois qui le jouxtait en 1822. Mais ce n’est qu’une hypothèse.
3. Il a donné lieu à de nombreuses représentations
Le pont de pierre est-il le monument le plus emblématique de Bordeaux ? En tout cas il apparaît dans de nombreux tableaux des XIXe et XXe siècle. En particulier chez André Lhote qui le représente toujours depuis la rive droite, comme le point de fermeture du port de Bordeaux. Au XIXe siècle il avait inspiré des peintres comme Pierre Brun ou Charles Lacoste. On le trouve aussi représenté sur plusieurs timbres du XXe siècle, ainsi que sur des médaillons, des estampes ou des sculptures, dont beaucoup sont exposées au musée d’Aquitaine.
4. Il a été payant jusqu’en 1928
Dès son ouverture le passage du pont a donné lieu à un péage. Et quand celui-ci a été supprimé, en 1863, il a quand même fallu payer l’octroi, l’impôt perçu sur l’entrée des marchandises, qui n’a été supprimé que le 1er janvier 1928 à Bordeaux. Dans cette logique, des grilles fermaient l’accès au pont la nuit, et des pavillons servaient de lieux de paiement. Ils ont ensuite été reconvertis en postes de police, puis démolis en 1954 lors de travaux d’élargissement.
5. On a envisagé plusieurs fois de le détruire
La circulation s’intensifiant à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, le pont de pierre est rapidement apparu trop étroit et on a envisagé de le détruire pour le remplacer par un autre mode de franchissement. Deux projets de tunnel ont été présentés en 1877 et 1885 ; un projet de pont suspendu en 1912 ; un de pont à haubans en 1945.
6. On y a favorisé la circulation avant de la réduire
En 1954, le pont a donc été élargi de 15 à 20 mètres, et il a été doté de quatre files de circulation, de deux trottoirs et de deux pistes cyclables. C’était avant les constructions des ponts Saint-Jean (1965) et d’Aquitaine (1967), à une époque où le besoin de franchissements était grand.
La suite est connue : construit sur des pieux en bois pas assez longs pour atteindre les couches rocheuses solides, le pont s’est enfoncé sous son propre poids et sous l’effet de la circulation. En 2018, celle-ci a donc été réduite aux transports en commun, aux services d’urgence, aux taxis, aux vélos et aux piétons. Une rénovation complète est prévue en 2023 pour une durée de deux ans.
La rétro du jour sera pour avoir une petite pensée pour :
Éric CHARDEN, (1942-2012),
Né Jacques-André Puissant né le 15 octobre 1942 à Haïphong en Indochine française (actuel Viêt Nam), décédé le 29 avril 2012 d'un lymphome (après quatre protocoles de chimiothérapie) à l’hôpital Saint-Louis à Paris 10e, à l'âge de 69 ans.
Auteur-compositeur et chanteur français.
Son talent d’auteur séduit de nombreux artistes comme Claude François, Sylvie Vartan et Johnny Hallyday pour qui il écrit plusieurs textes.
Dans les années 70, lui et son épouse décident de s’associer pour former un duo Stone et Charden. Le couple cumule les succès autant sur scène que dans les bacs mais au fil des ans, les tensions s’accumulent. Mais Stone et Charden se séparent et chacun reprend alors une carrière en solo dès le milieu des années 70.
Ainsi, Eric Charden sort 14 ans, les Gauloises et collabore même à l’écriture de génériques de séries animées comme la célèbre Albator.
Il retrouve son ancienne épouse dans les années 90 et tente de remonter le duo, sans grand succès.
Ce n’est qu’en 2007 que le duo se reforme vraiment grâce à la tournée Âge tendre et Têtes de Bois à laquelle ils participent jusqu’en 2010.
Dans la catégorie Patrimoine Français :Aujourd'hui voyons ;
"Fort Boyard : le fort le plus connu au monde"
Le Fort Boyard ne doit pas sa notoriété à l’incroyable défi technique de sa construction mais aux caméras de télévision qui l’ont élu comme cadre privilégié du fameux jeu qui porte son nom. L’histoire de cet ouvrage militaire est empreinte de ces deux réalités si différentes.
Occupé par les caméras presque toute l’année
En contrepartie des frais engendrés, la finalité est, bien sûr, de redorer le blason touristique du département, même si le fort ne peut être visité. « Il est occupé par les caméras la plupart du temps et y accoster avec des touristes nécessiterait des aménagements spéciaux », nous explique l’ancien conservateur. Tant que l’émission Fort Boyard continuera d’intéresser les téléspectateurs, cette situation perdurera. Dans le cas contraire, des options touristiques pourront éventuellement être envisagées. Affaire à suivre.
Entre Aix et Oléron, pour bloquer le passage
« L’arsenal, à Rochefort, est fondé en 1666. Louis XIV et Colbert avaient alors besoin d’une marine de guerre permanente. Brest, Toulon et Rochefort vont participer à cela. Il faut protéger cet espace industriel. Avant même d’arriver dans l’estuaire, les îles d’Aix, d’Oléron et de Ré forment une espèce d’entonnoir, qui s’appellent un pertuis (une porte).
« C’est très pratique pour protéger l’accès. Mais il y a des verrous mal fermés. En particulier entre l’île d’Aix et l’île d’Oléron, il y a un passage qui fait moins de six kilomètres de large. On imagine donc de mettre un fort au milieu pour bloquer le passage », introduit Denis Roland.
Vauban déconseille, Louis XIV abandonne l’idée
Vauban décourage pourtant de tels travaux qui lui paraissent compliqués et, surtout, bien trop coûteux. « On savait qu’il y avait un banc de sable à cet endroit, cartographié un siècle plus tôt par les Hollandais. » D’où l’appellation « Boyard », phonétiquement proche en hollandais du terme signifiant « banc de sable ». Malgré ce fameux banc de sable qui rend possible la construction du fort, Louis XIV laisse tomber l’idée.
Napoléon relance l’affaire… avant d’abandonner lui aussi
En 1801, sous Napoléon, Boyard et son banc de sable refont surface. « Il va donc falloir faire un gros tas de cailloux sur lequel on pourra poser le fort. Et voilà un chantier invraisemblable qui démarre. Il se fait plutôt à marée basse, parfois la nuit, dans des conditions assez difficiles. Régulièrement, les Anglais viennent tirer sur les ouvriers. Les tempêtes dispersent ce qui a été fait dans l’année », racontent Denis Roland. De 1803 à 1809, 75 000 m3 de cailloux sont posés. Malgré cela, les travaux sont interrompus, Napoléon ne croyant plus du tout à la valeur de l’arsenal de Rochefort.
40 ans après, les travaux reprennent
Quarante ans plus tard, sous Louis-Philippe les travaux reprennent. « Ça devenait à nouveau légitime de protéger Rochefort car c’était un véritable site d’expérimentation maritime. On voit, en outre, que le tas de caillou s’est enfoncé d’un mètre mais qu’il est stable. »
De 1852 à 1859, on termine le fort. Mais on se rend compte de deux problèmes : la difficulté pour accoster (ce petit escalier qu’on voit souvent dans le jeu n’est pas très commode pour monter des canons) et les vagues qui passent par-dessus la muraille. « On fait donc un avant-port et un brise-vague, qui ont disparu depuis. Ce qui rajoute sept années de travaux ! », conclut Denis Roland dans un sourire.
En 1866, l’ouvrage est achevé. Il est prévu pour 260 hommes. Mais, à cette date, on n’a plus vraiment besoin d’un fort intermédiaire entre Aix et Oléron. L’artillerie ayant évolué, on peut tout à fait, depuis Aix et Oléron, opérer un tir croisé qui empêche les bateaux de passer. Le fort aura donc comme utilité principale de témoigner de l’art des ingénieurs de la marine française. En fait de canons, ce sont les caméras de télévisions qui finiront par occuper le fort.
En 1962, le fort est mis en vente. L’enchère est remporté par un dentiste installé à Avoriaz. Il reconnaît lui-même ne s’être pas rendu plus de cinq fois sur ce fort acheté pour une bouchée de pain mais dont les projets de restauration étaient bien sûr trop onéreux !
« En 1966, le fort fait une première apparition à l’écran dans un film qui s’appelle Les Aventuriers. Il est vu par Jacques Antoine, grand créateur de jeux. En 1988, il imagine un jeu d’aventures en temps réel dans un champ clos. Le dentiste a remis son fort en vente. » Culoté, Jacques Antoine propose le marché suivant au département de Charente-Maritime : « Vous rachetez le fort, vous faites les travaux nécessaires et en échange je vous fais un jeu qui parle du département au niveau national. » Et voilà comment une collaboration inédite entre une collectivité et une entreprise télévisuelle est mise en place et perdure aujourd’hui !
Le fort est acheté par un dentiste installé en Haute-Savoie
En fait de canons, ce sont les caméras de télévisions qui finiront par occuper le fort.
En 1962, le fort est mis en vente. L’enchère est remporté par un dentiste installé à Avoriaz.
Il reconnaît lui-même ne s’être pas rendu plus de cinq fois sur ce fort acheté pour une bouchée de pain mais dont les projets de restauration étaient bien sûr trop onéreux !
« En 1966, le fort fait une première apparition à l’écran dans un film qui s’appelle Les Aventuriers. Il est vu par Jacques Antoine, grand créateur de jeux. En 1988, il imagine un jeu d’aventures en temps réel dans un champ clos. Le dentiste a remis son fort en vente. »
Culoté, Jacques Antoine propose le marché suivant au département de Charente Maritime : « Vous rachetez le fort, vous faites les travaux nécessaires et en échange je vous fais un jeu qui parle du département au niveau national. »
Et voilà comment une collaboration inédite entre une collectivité et une entreprise télévisuelle est mise en place et perdure aujourd’hui !
Afin de d’étendre l’atmosphère derrière ce dimanche électoral oh ! combien important pour notre nation,
je vous propose en rétro ce « Lundi 11 avril 2022 «
Les Bienfaits du rire sur la santé et la longévité
D’après « Le Mois littéraire et pittoresque », paru en 1907)
En 1907, l’académicien Émile Faguet s’interroge sur les recommandations d’un journal médical nous donnant une panacée ; non pas tout à fait une panacée, mais un régime hygiénique universel, ce qui, précisément, et tout compte fait, pourrait s’appeler une panacée préalable, puisque l’hygiène est de la médecine préventive...
Cette panacée donc, puisque panacée il y a, c’est le rire. Il faut rire, il faut rire de tout son cœur. Il faut rire, comme il faut se tenir propre ; comme il faut se tenir les pieds chauds, le ventre libre et la tête froide ; comme il faut s’abstenir d’alcool, de tabac et de la lecture de romans nouveaux, ou tout au moins éviter en ces trois choses même le commencement de l’excès. Il faut rire par devoir envers soi-même et envers ses enfants et pour leur conserver un père, avance Faguet.
Il paraît, d’après ce journal savant, « qu’il n’y a pas une partie de notre être, pas un petit vaisseau qui ne reçoive une ondée de sang dans la circonvolution d’un bon éclat de rire. Le principe de la vie va renouveler ainsi toute notre chair ; la circulation plus rapide impressionne tous les organes. Rire, c’est donc allonger notre existence en accordant ce stimulant à notre activité générale. » On voit que le journal savant, comme si souvent il arrive, est absolument d’accord avec la sagesse populaire qui depuis si longtemps a dit que rire, c’était se faire une pinte de bon sang.
Aristote et Sarcey — Francisque Sarcey (1827-1899), critique dramatique et journaliste — étaient du reste tout à fait dans le même sentiment, et Aristote recommandait la terpsis (gaieté), comme le fondement de la sagesse, et Sarcey répétait à tue-tête : « Soyez gais ! Par la sambleu ! Soyez gais ! C’est la solution », tout semblable à un médecin qui dirait à un malade : « Parbleu ! Soyez bien portant ! C’est le vrai remède ! Pourquoi tant chercher ? » Voilà qui vaut fait et je veux bien rire, écrit notre académicien. Mais encore faut-il en avoir l’occasion, et c’est sur cela qu’il faut s’entendre.
Je dis qu’il faut s’entendre à cause de ceci. Ne faut-il pas d’abord mettre hors de la question, et c’est-à-dire en dehors du rire hygiénique, ce rire particulier qui est excité par la vue de la sottise humaine ? Si ce rire là était hygiénique, plus nous ririons, plus nous aurions d’admirables chances de nous bien porter. Les ridicules, les hommes qui « apprêtent à rire », comme disaient si joliment nos ancêtres, abondent de plus en plus et semblent se multiplier comme pains et poissons. Individuellement même ils deviennent plus beaux, plus copieux, plus magnifiques, plus féconds en rires homériques pour ceux qui les contemplent et les écoutent.
Mais est-ce ce rire-là qui est bien sain ? s’interroge Faguet. C’est le rire sardonique ; c’est le rire mêlé de malice ; c’est le rire où il entre une dose assez considérable de méchanceté, et de dédain, et de mépris, toutes choses que je m’étonnerais qui entretinssent abondamment la santé. C’est le rire de Démocrite, de qui dit Juvénal qu’il ne pouvait mettre le pied hors de sa maison et faire un pas sans éclater de rire :
Ridebat quoties de limine moverat unum
Protuleratque pedem
et de qui dit Montaigne : « J’aime mieux cette humeur que celle d’Héraclite, non parce qu’il est plus plaisant de rire que de pleurer, mais parce qu’elle est plus dédaigneuse et qu’elle nous condamne plus que l’autre, et il me semble que nous ne pouvons jamais être assez méprisé selon notre mérite. »
Oh ! oh ! s’il en est ainsi, je crois, à la vérité, qu’au temps où nous vivons nous pouvons rire « tout notre saoul », et du soir au matin, et dès que nous mettons le nez hors de notre porte, et même, entre nous, sans prendre la peine de sortir, poursuit l’académicien. Mais d’un rire qui dédaigne, et qui méprise, et qui condamne, que voulez-vous bien qui s’ensuive en fait de bonne santé et de pureté de sang ?
Aussi, je ne crois point que le Démocrite en question ait vécu plus vieux que le mélancolique Héraclite, lequel ne pouvait pas, de sa part, sortir de chez lui sans verser des larmes.
Ce rire-là étant donc écarté, nous voilà à la recherche du rire vraiment hygiénique. Il nous faut un rire qui ne soit pas celui qui pourrait être un pleurer ; il nous faut un rire qui ne soit pas celui dont parle Beaumarchais, quand il dit : « Je me hâte de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer. » Il nous faut un rire qui ne soit pas celui de La Bruyère quand il dit le plus mélancoliquement du monde : « Il faut se hâter de rire sans sujet si l’on ne veut pas mourir sans avoir ri. » Or, ce rire-là, ce rire sans mélange, ce rire pur, ce rire intégral, ce rire sans intervention de quelque chose qui pourrait faire fondre en larmes, s’il vous plaît, où est-il ?
Est-il dans la comédie de Molière ? Bon ! voilà Musset qui nous dit que la gaieté de Molière est « si mâle », et « si profonde », et « si triste », que « lorsqu’on vient d’en rire on devrait en pleurer. » Ce n’est donc pas encore cela. Serait-ce le rire obtenu par des moyens mécaniques et nous faudra-t-il nous faire chatouiller la plante des pieds avec une plume de paon ou nous mettre en quête de l’herbe de Sardaigne ?
Car vous vous rappelez qu’il existait en Sardaigne une plante, le sardonion, qui, flairée, faisait rire d’une façon incoercible, et c’est précisément de là que vient le mot, « rire sardonique », qui, du reste, n’a pas du tout le même sens. Autant en fait « le gaz hilarant » ou protoxyde d’azote. Mais je ne crois point, ajoute Faguet, que ces moyens mécaniques, chimiques ou pharmaceutiques puissent produire autre chose que de fâcheuses maladies nerveuses. Ce n’est pas encore cela qu’il nous faut.
Que nous faut-il donc ? A bien examiner et analyser, on en vient à reconnaître une vérité qui me semble incontestable : le seul rire qui soit hygiénique est celui qui n’a pas de motif, qui est son motif à lui-même ; qui du moins n’a pour motif ou plutôt pour occasion que des choses qui ne mériteraient pas qu’on en rît. Les enfants, les gens de tempérament jovial « et non saturnien », comme dit Régnier, rient en vérité sans motif, sans raison, et il faut entendre par là sinon tout à fait pour rien, du moins pour un rien.
Dès lors, d’où vient qu’ils rient ? Ils rient parce qu’ils sont toujours sur le bord, sur le seuil du rire, pour ainsi parler ; ils rient parce qu’ils sont gais, et, en dernière analyse, ils rient par ce qu’ils sont en bonne santé.
De sorte que ce n’est pas le rire qui fait la santé, mais la santé qui fait le rire ; ou, si vous voulez, le rire fait la santé ; mais le rire n’est qu’une forme de la santé et par conséquent c’est la santé qui se fait elle-même par la manifestation d’une de ses formes. D’où il suit que nous dire : « Riez pour vous bien porter », cela revient à dire : « Portez-vous bien pour bien vous porter », maxime indiscutable et qui est le fond même de la médecine.
« Tout compte fait, disent les médecins qui vont au fond des choses, il n’y a qu’un moyen d’être en bonne santé, c’est de ne pas être malade. » La recommandation du journal de médecine cité plus haut est donc une vérité parce qu’elle est une tautologie. Il en est, du reste, de cette vérité, comme de toutes les vérités, et, dès qu’une vérité est autre que tautologique, elle devient incertaine. En fait de vérités humaines, on n’est tout à fait sûr que de A = A.
Une réflexion me vient cependant, conclut Émile Faguet, sur l’affirmation du journal de médecine précité, sur l’affirmation elle-même, en soi. Fontenelle ne riait jamais : « Vous n’avez donc jamais ri, Monsieur de Fontenelle ? lui disait-on. — Jamais ri ? C’est-à-dire... Enfin, je n’ai jamais fait Aaa ! » Bref, il n’avait jamais ri. Eh bien, il a vécu quatre-vingt-dix-neuf ans et dix mois. On me dira que s’il avait fait Aaa, il aurait très probablement atteint le siècle. Il est possible.
Vendeuse de douces liqueurs au théâtre pendant l’entracte
(D’après « La Mosaïque du Midi », paru en 1877)
Avant le temps où les théâtres eurent un « foyer, » c’est-à-dire une salle commune, où se promènent les spectateurs pendant l’entracte ; avant le temps où des buvettes furent ouvertes aux alentours de chaque théâtre, les spectacles, devenus des lieux choisis pour les parties de plaisir, se pourvurent presque tous d’une « distributrice de douces liqueurs »
Joli nom, assurément ! Figurez-vous une demoiselle accorte, fraîche, parfois charmante, qui se tenait au parterre, dans un bureau décoré de petits lustres, de beaux vases et de verres de cristal. Elle avait sur les lèvres un perpétuel sourire, et l’amabilité de sa gracieuse personne attirait les chalands.
C’était une marchande de confitures, de boissons rafraîchissantes ou réchauffantes, selon les saisons. La distributrice de douces liqueurs débitait les fines oranges, les frais citrons, les généreux vins d’Espagne ou d’autres provenances. On faisait cercle autour d’elle, et sa recette ne laissait pas que d’atteindre un chiffre assez honorable. Ce petit commerce payait aux comédiens français une rente de huit cents livres.