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Le Blog De Papy-Bougnat

  • Papy-bougnat
  • De moi. retraité, passionné, curieux, gourmet, vivant au vert en Aquitaine
Signe particulier : « Ayant attrapé tout jeune la maladie bleue et pas guéri à ce jour !
Dans ce blog vous trouverez un peu de vérité, beaucoup de passion, et quelques coups de gueule 
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Traducteur

A L'affiche..

La culture Ne s'hérite pas, Elle se conquiert. 

 

[André Malraux]

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Actu du jour...


       

8 octobre 2018 1 08 /10 /octobre /2018 06:32

Ce que vous ne saviez pas sur les chars de la grande Guerre

Le 15 septembre 1916, l’armée britannique, épaulée par le corps canadien et de la Division néo-zélandaise, déclenchait une offensive dans le secteur de Flers et de Courcelette, deux communes de la Somme. Objectif : réaliser une percée des lignes allemandes. Cet affrontement allait changer à jamais l'art de la guerre. Car pour la première fois, une nouvelle machine de guerre faisait son apparition sur un champ de bataille : le tank. Voici dix points peu connus, surprenants, insolites, sur ce blindé.

 

1 / Engin terrestre, il a été conçu par… la Marine

Dès le début de la guerre des tranchées, les Britanniques envisagèrent de construire un véhicule capable aussi bien de franchir le no man’s land et les lignes de barbelés que d’affronter les tirs des mitrailleuses. En février 1915, après plusieurs projets de "cuirassés terrestres" avortés, une commission baptisée Landships Committee fut créée au sein de la Royal Navy et confiée à Winston Churchill, alors Premier Lord de l'Amirauté.

2 / Le tout premier char était en bois

C’est le 15 septembre 1915 que les ingénieurs anglais purent présenter au Landships Committee une maquette en bois de ce qui allait devenir une des plus redoutables machines de guerre du conflit. Un peu plus de quatre mois plus tard, le 2 février 1916, un premier prototype baptisé "Mother" manœuvrait devant le roi et des représentants du gouvernement. Avec succès, puisque 100 exemplaires du futur Mark I furent commandés.

3 / Les premiers chars furent fabriqués dans le plus grand secret

Cette discrétion se comprend aisément : le gouvernement britannique comptait sur cette nouvelle arme pour déclencher une offensive à grande échelle, avec un grand nombre de blindés, ce qui augmenterait les chances d'une percée majeure. Afin de duper les espions allemands, les chars d’assauts furent donc baptisés "tank", en français "réservoir", pour faire croire qu’il s’agissait de citernes destinées au ravitaillement en eau des armées. Un nom qui leur resta après la guerre.

4 / Il existait des chars mâles et des chars femelles

Les premiers blindés britanniques furent déclinés en deux modèles. La version prétendue masculine était équipée de six canons, tandis que le prototype féminin ne possédait que cinq mitrailleuses. A la fin du conflit, la technologie avait suffisamment évolué pour que les tanks soient à la fois mâles et femelle, c’est-à-dire doté des deux types d’armements.

5 / Les premiers tanks ne possédaient pas de tourelle

La silhouette du tank de 1916 n’a vraiment pas grand-chose à voir avec celle que l’on connaît aujourd’hui. De forme oblongue, les premiers tanks pèsent 30 tonnes, mesurent 8 mètres de long sur 4 mètres de large. Ils n’ont ni toit, ni tourelle, mais sont coiffés d’un treillis métallique censé les protéger des grenades.

6 / Ces engins d’apparence redoutable étaient en fait très faibles

Un colosse aux pieds d’argile. L’expression convient bien au tank primitif : sur le champ de bataille, il se déplace à peine plus vite qu’un fantassin au pas et ne dispose que de 40 kilomètres d’autonomie. En outre, il mobilise un équipage de huit hommes, dont deux exclusivement chargés de manœuvrer ses chenilles. Des chenilles si fragiles qu’elles doivent être remplacées tous les 80 kilomètres.

7/ Les stratèges français ne voulaient pas d’eux sur le champ de bataille

En tous cas, pas aussi tôt. Le gouvernement français avait même dépêché à Londres le colonel Estienne et Jean-Louis Breton, sous-secrétaire d'État aux inventions, dans l'espoir de convaincre les Britanniques de ne pas engager les tanks dans la Somme. Motif : le manque de fiabilité de cette arme alors encore en développement. Des ingénieurs anglais partageaient cet avis. Ils préconisaient de ne pas dévoiler les chars tant qu’ils n’étaient pas parfaitement au point et produits en masse.

8/ Pour un coup d’essai, l’engagement des chars ne fut pas un coup de maître

Loin de là ! Sur les 49 tanks envoyés au front, 32 se retrouvèrent en état de participer à la bataille. Au début de l’offensive, sept refusèrent de démarrer et ne purent prendre part aux combats. Les 25 blindés opérationnels n’apportèrent que peu de soutien aux troupes, la plupart tombant en panne ou se retrouvant immobilisés par le terrain. Seuls neuf chars parvinrent à atteindre et à pénétrer les lignes allemandes. Et ces véhicules survivants étaient tellement endommagés que la guerre s’arrêta là pour eux.

9/ Malgré leur inefficacité, les tanks semèrent la panique dans les rangs allemands

La bataille de Flers-Courcelette du 15 septembre 1916 fut pour les combattants allemands un véritable choc. Pris par surprise, les feldgraus abandonnèrent environ 1,8 km de terrain aux troupes britanniques et canadiennes. Au final, l'effet des chars fut principalement psychologique, car il dopa le moral des attaquants tout en sapant celui des défenseurs.

10/ La bataille de Flers-Courcelette a sans doute inspiré Hitler

Ironie du sort, ce sont les Allemands qui surent tirer les leçons de cette offensive. Avant de déclencher la Seconde Guerre mondiale, Adolf Hitler, ancien combattant de la Grande Guerre et impressionné par la puissance des blindés, commanda en effet la mécanisation à outrance des armées du Reich, pour créer les redoutables divisions de Panzers. Et sa stratégie du Blitzkrieg - une attaque rapide et puissante pour impressionner l’ennemi et déjouer ses plans - ressemble beaucoup à celle déployée par les Alliés à l’automne 1916.

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1 octobre 2018 1 01 /10 /octobre /2018 07:30

Nous voilà rassuré Nos politiques actuel n’ont rien inventé !

 

Voici un (Extrait du « Petit Journal » du 2 avril 1911)

« Concernant l’Amoralité du monde politique ou l’ère des marchandages électoraux »

Il y a cent ans et à l’occasion d’une décision judiciaire dans un procès mettant en scène un député corrompu, Jean Lecoq explique aux lecteurs du Petit Journal comment et pourquoi les hommes politiques, au fil de promesses non tenues et de faveurs illégales accordées sur les deniers de la République, ont outrageusement discrédité leur fonction

Le tribunal civil de Dax vient de juger un petit procès qui éclaire d’un jour singulier et nos mœurs politiques et l’âme de certains politiciens. il s’agissait d’un différend entre M. Loustalot, député, et M. Ducamin, qui avait été son agent électoral, écrit le chroniqueur du Petit Journal. Si je suis nommé, avait dit le premier au second, je vous ferai obtenir un bureau de tabac ou une recette buraliste importante. Et le candidat ne s’était pas contenté d’un engagement verbal : il avait bel et bien libellé par écrit et signé sa promesse.

Malheureusement, vous savez ce que valent les promesses des candidats. Autant en emporte le vent. M. Loustalot est aujourd’hui député, et M. Ducamin n’a pas son bureau de tabac. De là le procès que celui-ci fit à celui-là. Le danger passé, au diable le saint ! dit un proverbe italien. L’élection assurée, au diable les promesses ! disent nos bons députés... Et dame ! S’il leur fallait remplir tous les engagements pris pendant la période électorale, tous les bureaux de tabac, toutes les recettes buralistes de France, de Navarre et des colonies n’y suffiraient pas.

Mais ce n’est point sur ce manquement à la foi promise que j’entends épiloguer ici. Non ! s’exclame notre journaliste. Ce qui me frappe dans cette affaire Loustalot-Ducamin, c’est l’impudence avec laquelle s’affichent ces maquignonnages électoraux. Voilà un monsieur qui, briguant un mandat de député, ne craint pas de s’engager par écrit à faire payer par le pays, les services de son agent électoral. Vous aurez un bureau de tabac ou une recette buraliste, lui dit-il. A quel titre ?... Il n’importe ! Point n’est besoin de titres : il suffit que je le veuille, moi, député...

Et l’on voudrait après cela que le peuple eût confiance dans la vertu de ceux qui le gouvernent, on voudrait nous faire croire que les faveurs officielles sont accordées uniquement à qui les mérite... Mais ce sont les hommes politiques eux-mêmes qui s’ingénient à nous démontrer le contraire, qui ruinent en nous toute confiance en affichant outrageusement leurs procédés de favoritisme. Et ces messieurs se plaignent d’être assaillis tout le jour, par les sollicitations de leurs électeurs... A qui la faute ?...

Ils ont fait de leur élection une question de marchandages éhontés ; ils ont promis toutes les faveurs. Ils ont enlevé au peuple toute illusion, sauf une croyance unique, la croyance en leur influence, en leur toute puissance. Ils lui ont laissé croire qu’ils pouvaient tout, même l’illégalité ; et que la France était à eux, que la France c’était eux.

Comment ne seraient-ils pas les premières victimes de leur inconséquence ; comment ne supporteraient-ils pas les effets de la démoralisation qu’ils ont répandue autour d’eux ?...

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10 septembre 2018 1 10 /09 /septembre /2018 06:44
La rétro du lundi.........

Vendanges et fêtes du vin jadis

(D’après « Le Petit Journal. Supplément du dimanche », paru en 1920)

Le vin est une chose si précieuse que les hommes des temps antiques en attribuaient l’invention à un dieu. Et leurs vendanges n’allaient jamais sans fêtes en l’honneur de Bacchus, fils de Jupiter et de Sémélé, qui leur avait appris à cultiver la vigne et à aimer le vin. Le christianisme supprima le culte de Bacchus mais respecta les fêtes des vendanges. On célébra le vin comme un don de Dieu

En Bourgogne, où les meilleurs vins étaient cultivés par les moines, on lisait cette inscription sur les celliers monastiques : « Remercions le Seigneur dont la bonté nous a donné le vin ». Et partout les fêtes des vendanges commençaient par quelque cérémonie religieuse. C’est ainsi qu’en Champagne les jeunes filles allaient en cortège à l’église suspendre aux mains de la Vierge la plus belle grappe de raisin, et qu’en Franche-Comté les vignerons portaient solennellement à leur curé les premiers raisins de leur vigne. Mais la cérémonie, commencée pieusement, se continuait de façon fort profane. Partout, la vendange terminée, on dansait sur les places des villages et le vin coulait à flots.

Dans les siècles suivants, quand les croyances devinrent moins vives, le paganisme reparut dans les fêtes des vendanges. S’il faut en croire un mémorialiste du XVIIIe siècle, le culte de Bacchus se manifestait encore, et d’une façon fort originale, non loin de Paris, en 1703. Au temps de la vendange, à ce qu’assure cet auteur — de la vendange dans la région parisienne, bien entendu, car Argenteuil, Suresnes, Chanteloup, Deuil et Montmartre même avaient encore des vignes à cette époque —, on mettait sur une table, dans les pressoirs, une statue de Bacchus assis sur son tonneau, et ceux qui entraient dans le pressoir la surveille et le jour de Saint-Denis étaient obligés de faire une génuflexion devant cette figure.

S’ils y manquaient, ils étaient condamnés à souffrir qu’on leur appliquât, à l’endroit que vous devinez, un certain nombre de coups d’un bâton qu’on appelait, pour cette raison, le « ramon de Bacchus ». Il faut vous dire que ramon est un vieux mot de la langue d’oïl demeuré dans tous les patois septentrionaux pour désigner le manche à balai. Celle coutume s’exerçait, paraît-il, en maints villages des coteaux de la Seine — et notre auteur assure qu’elle s’y exerçait avec vigueur. « On n’y épargne pas plus la peau humaine, dit-il, que celle des raisins lorsqu’ils sont sur le plancher ou le lit du pressoir... »

On n’exigeait pas partout, heureusement, de façon aussi énergique, l’hommage au dieu du vin ; mais en tous pays vignobles, il était de tradition de fêter la fin des vendanges par des réjouissances et des cortèges pittoresques. Cette tradition, d’ailleurs, est aujourd’hui à peu près perdue chez nous. Elle ne s’était perpétuée qu’à Vevey, en Suisse, où, à des intervalles irréguliers, se sont reproduites les manifestations imposantes de la « Fête des Vignerons ».

« C’est, dit un écrivain suisse, une sorte le glorification symbolique du travail de la vigne et des champs, de la vie rustique et montagnarde. Cette glorification, étrangement teintée de mythologie antique — puisque dans un défilé grandiose on voit apparaître Cérès et Palès, Bacchus et Silène, des faunes et des bacchantes —, cette glorification, franchement réaliste à d’autres égards, est d’une puissance expressive inouïe, et, par moments, d’une intensité d’émotion qu’il faut avoir ressentie pour s’en faire une idée.

« Il s’agit, au fond, d’une simple fête corporative. La vénérable Confrérie des vignerons fut fondée au commencement du XVIIe siècle pour veiller sur la culture de la vigne et encourager par des prix les meilleurs cultivateurs. La distribution de ces récompenses fut de bonne heure un prétexte à réjouissances. On fit d’abord une « parade » dans les rues de la petite cité ; puis, avec les années, le cortège s’égaya de « marmousets » en plâtre peint figurant les quatre saisons.

« En 1730 apparaît en chair et en os Bacchus, figuré par un bel adolescent ; en 1783, voici Silène sur son âne, entouré de faunes et de bacchantes. Une jeune fille, en 1790, figure Cérès. En 1798, Palès la rejoint sur le podium établi à ciel ouvert sur la place du Marché de Vevey, où l’on construit alors les premières estrades.

 

« Depuis, à intervalles plus ou moins longs, on célèbre la grande fête du Travail. En 1819, elle attire 2 000 spectateurs. Ils sont 5 000 en 1833, 7 000 en 1851. La fête de 1895, où Théophile Gautier s’exclamait d’enthousiasme, eut un succès bien plus brillant. En 1889, 60 000 spectateurs se succèdent pendant six jours, sous un ciel immuablement bleu... »

Enfin, seize ans plus tard, en 1905, il y eut une fête des Vignerons dont les splendeurs effacèrent le souvenir de toutes les fêtes antérieures. L’organisation ne coûta pas moins de 300 000 francs. De toute l’Europe, les spectateurs accoururent dans la petite ville du Léman et y apportèrent la richesse. Plus de 80 000 étrangers assistèrent à ces pittoresques réjouissances.Combien il est regrettable qu’en nos centres viticoles, de telles traditions n’aient point survécu ! Que de beaux cortèges on ferait avec l’histoire des vins de France. De telles fêtes attireraient l’étranger et feraient à nos vignobles une utile publicité. Elles entretiendraient entre vignerons l’esprit de solidarité. Elles symboliseraient l’hommage du pays au vin qui a tant contribué à assurer sa résistance et sa bonne humeur dans les jours d’épreuve, au vin, garantie de sa force, élément de sa richesse, inspirateur de son esprit.

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3 septembre 2018 1 03 /09 /septembre /2018 06:44

Un instrument d'émancipation.............

" le vélo "

Qu’il conduise à l’usine, au marché ou à la victoire, le vélo a été pendant un siècle un instrument d’émancipation.

Les cyclistes vont peut-être y réfléchir à deux fois avant d’ignorer le feu rouge ou de slalomer sur les trottoirs. En décembre 2014, le Conseil national de la sécurité routière (CNSR) a préconisé d’inciter les conducteurs de vélo à respecter le code de la route en les verbalisant systématiquement. Pour justifier cette sévérité, le CNSR a mis en avant l’expérience menée à Strasbourg. Depuis 2012, des amendes, certes diminuées par rapport aux voitures (46,50 euros au lieu de 90 euros), sont infligées aux contrevenants à bicyclette. La mesure a permis de réduire de 37 % le nombre des accidents, plaide Geneviève Lafferrère, présidente de la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB). Dans cette ville pionnière, le vélo est redevenu un moyen de transport comme les autres : 15 % des déplacements quotidiens se font en pédalant.

Karl Drais, qui a donné son nom à la draisienne, serait fort étonné aujourd’hui de voir le succès de son invention. Lorsqu’il l’a présenté à Paris, en 1818, l’engin n’avait ni pédales ni chaîne. On le faisait avancer en poussant avec le pied comme on le fait en patinette. Les pédales, on les doit à Pierre Michaux, un charron qui a eu l’idée, vers 1861, de poser un pédalier sur la roue avant. Il s’installe sur les Champs-Elysées pour y vendre ses « michaudines ». En 1868, il s’associe avec René et Aimé Olivier, deux fils d’industriel passés par l’Ecole centrale, qui se sont distingués en traversant la France de Paris à Avignon en vélocipède trois ans plus tôt. On attribue aux deux frères le principe de la roue dont le moyeu (l’axe central) est dit suspendu, c’est-à-dire tenu par les rayons. De l’autre côté de l’Atlantique, c’est encore un Français qui dépose un brevet pour une bicyclette à pédales, en 1866. Cadre en fonte au lieu du bois, frein, pignons et transmission par chaîne, plateau: les innovations se succèdent à grande vitesse, jusqu’à l’arrivée du pneumatique grâce à l’Ecossais John Boyd Dunlop, pneu rendu démontable grâce aux frères Michelin. « Avec cette innovation, rouler sur des pavés devient plus facile. Le vélo est alors l’objet technique grand public le plus sophistiqué, avec la machine à coudre et le fusil de chasse », note Frédéric Héran, maître de conférences en économie à l’université Lille 1. En 1908, le dérailleur complétera l’essentiel du dispositif, qui n’a guère changé depuis.

"La petite reine permet aux suffragettes de revendiquer la liberté dans le vêtement"

Les artisans qui se disputaient le marché laissent bientôt la place aux industriels. Les frères Peugeot à Montbéliard, la Manufacture d’armes de Saint-Etienne, agrandissent leurs ateliers et ouvrent boutique dans les beaux quartiers de Paris pour diffuser les modèles fabriqués en série. Le dimanche, les « bicycles » ou « véloces » envahissent le bois de Boulogne et le parc de Saint-Cloud. Les beaux messieurs et les belles dames s’enthousiasment pour cette forme d’équitation moderne. Son usage se démocratise un peu plus tard, au tournant du siècle: 300 000 vélos circulent en France en 1895, 3,5 millions en 1914. La production de masse combinée à l’augmentation du pouvoir d’achat ont rendu son prix accessible à la classe ouvrière. « Il faut 650 heures de travail pour acquérir une bicyclette en 1895, 65 heures en 1935 », observe Frédéric Héran.

Preuve de l’engouement, les premières courses cyclistes, sur piste comme sur route, se transforment très vite en fêtes populaires où l’on l’applaudit les exploits et l’endurance des coureurs. De Calais à Marseille, la plupart des villes de France s’équipent d’un vélodrome. Quelques passionnés, notables, artistes, aventuriers, prennent la tête d’associations baptisées Véloce club (Paris, Rennes, Toulouse… ) regroupés en 1881 dans l’Union vélocipédique de France. Après la presse spécialisée, les grands quotidiens populaires, constatant la ferveur de leurs lecteurs, organisent eux aussi des compétitions. En 1891, le Petit Journal lance un Paris-Brest-Paris. A l’été 1903, l’Auto compte bien avec son Tour de France narguer son concurrent, le Vélo, promoteur du Paris-Roubaix. Victime de son succès, l’édition du Tour de 1904 est marquée par les tricheries et les incidents: des spectateurs un peu trop chauvins favorisent les champions locaux en se ruant sur le peloton ou en jetant des clous sur la chaussée, certains coureurs se laissent tenter par des raccourcis et même… par le train! Les quatre leaders du classement général seront d’ailleurs disqualifiés. Le Tour de France, « carnaval moderne de l’ère industrielle », devient « la plus grande épreuve cycliste jamais organisée ». « C’est Paris qui visite la France. Les coureurs, gavroches errants, véhiculent les valeurs modernes de la capitale à travers tout le pays », écrit le sociologue Philippe Gaboriau dans Les trois âges du vélo en France (revue Vingtième Siècle). Cette épopée inspire le cinéma. Le Roi de la pédale, en 1925, film muet de Maurice Champreux, inaugure une série: Hardi les gars! (1931) ; Pour le maillot jaune (1939), une romance entre une journaliste sportive et le favori de la course ; et Cinq Tulipes rouges (1949), une enquête policière.

Dès la fin du XIXe siècle, les femmes en quête d’émancipation ont perçu l’avantage que leur apporterait ce véhicule léger et autonome. Aux Etats-Unis comme en France, les suffragettes s’emparent de la bicyclette pour revendiquer l’égalité des sexes et la liberté dans le vêtement. Adieu corset, ombrelle ou jarretière! le port du pantalon par la gent féminine (interdit par une ordonnance de la préfecture de police de Paris de 1800) est progressivement toléré. « Le vélo propulse les femmes dans l’espace public et libère le code vestimentaire », analyse Frédéric Héran. Dans les campagnes, les paysannes se rendent au marché à deux-roues, les denrées dans le panier ou sur le porte-bagages.

"Sous l’Occupation, le vélo fait circuler les produits du marché noir, ainsi que les résistants"

En se déplaçant deux à trois fois plus vite qu’à pied, les habitants des faubourgs peuvent plus facilement chercher du travail en ville, ceux des campagnes se rapprocher des chefs-lieux. « Le vélo, c’est la possibilité d’aller plus loin que le bourg le plus proche. Dans les années 1930-40, on se rend au bal une fille sur le guidon ou sur le porte-bagages. C’est un instrument de liberté », analyse Catherine Bertho-Lavenir, historienne et sociologue des techniques. Des métiers ambulants émergent: colporteurs de presse, vendeurs de glace… Dans les années 1930, les commis de l’épicier Casino transportent jusqu’à 80 kg de marchandises sur leur triporteur. Les facteurs allongent leur tournée, les policiers patrouillent par deux. Les congés payés du Front populaire ouvrent les routes de France aux cyclotouristes. Une journée nationale de la bicyclette est même décrétée en cette année 1936. La Fédération française des sociétés du cyclotourisme (FFSC) compte 9 000 adhérents trois ans plus tard. Le vélo est adopté par les pêcheurs, les campeurs… Yves Montand se souviendra de son enfance en chantant: « Quand on approchait la rivière / On déposait dans les fougères / Nos bicyclettes. » Le tandem, adopté par les couples d’ouvriers, connaît alors son heure de gloire. Pendant les heures sombres de l’Occupation, le vélo fait circuler les produits du marché noir autant que les résistants, comme l’a conté Régine Deforges dans son best-seller La Bicyclette bleue.

La jeune génération de l’après-guerre, éprise d’évasion, délaisse le « biclou » pour se ruer sur les engins motorisés. Le premier Solex pétarade dès 1946. Suivent la Mobylette de Motobécane en 1949, puis le Peugeot BB en 1956. La production annuelle de cycles tombe à son niveau le plus bas avec seulement 700 000 cycles fabriqués. « Le vélo va alors constituer une niche pour les jeunes qui n’ont pas le permis, les femmes isolées à la campagne, et rester un loisir », note l’historienne Catherine Bertho-Lavenir. Le cyclotourisme roule bon train jusqu’au début des années 1980, quand arrivent en France les premiers vélos tout-terrain. Légers, maniables, dotés de pneus crantés, ces engins s’échappent des chemins pour dévaler les pentes. Les stations de ski des Alpes trouvent là le moyen d’attirer des touristes l’été. Les compétitions se multiplient: Trophée des Alpes en 1985 dans dix stations alpines, Funny Bike à La Bourboule en 1987…

« En 1978, la ville de Strasbourg lance un plan vélo pour aménager des espaces de circulation dédiés »

 

« Avec mon VTT, j’énonce que je cultive ma forme physique en l’éprouvant par le mouvement, mais aussi je revendique des loisirs qui ne me sont pas imposés, une forme de liberté radicale et, sans doute, je donne un message environnemental, écologiste », observe Gilles Fumey, géographe, professeur à l’université Paris-Sorbonne. Le vélo de loisir promet une manne touristique aux villégiatures qui prennent soin de dérouler des pistes cyclables. L’inauguration du pont de l’île de Ré en 1988, qui intensifie la congestion automobile de l’île, s’accompagne de la création de plus de 70 km de pistes permettant aux touristes de pédaler sans danger.

En face, à La Rochelle, Michel Crépeau, son maire, ose en 1976 mettre à disposition de ses administrés 300 vélos jaunes dont l’usage est libre et gratuit. L’expérience tourne court mais elle marque les esprits. En 1978, sous l’impulsion d’associations tel le Comité d’action deux roues (CADR 67), Strasbourg lance un plan vélo pour aménager des espaces de circulation dédiés. Cette prise de conscience est tardive par rapport à nos voisins européens comme les Pays-Bas, l’Allemagne ou le Danemark. Se crée en 1989 un club des villes cyclables, soutenu par les associations d’usagers. Les mesures s’enchaînent pour redonner un peu d’espace aux deux-roues sur une chaussée dévolue depuis quarante ans aux voitures: « sas » pour laisser de la place aux vélos devant les automobiles aux feux tricolores (2000), arrivée progressive des vélos en libre -service informatisé comme les Vélo’V à Lyon et Villeurbanne (2005), généralisation des zones à 30 km/h à double sens de circulation pour réduire les accidents (2008)… « Le retour du vélo a permis une prise de conscience et une politisation du débat autour des transports urbains », souligne Maxime Huré, professeur en science politique à l’Institut d’études politiques de Lyon. L’heure est désormais à l’intermodalité, c’est-à-dire l’interconnexion entre train, tram, bus, vélo et marche pour inciter les habitants à utiliser des modes de transports moins ou non polluants.

 

 

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27 août 2018 1 27 /08 /août /2018 07:16

Bienfaits du rire sur la santé
et la longévité

(D'Après « Le Mois littéraire et pittoresque », paru en 1907)

En 1907, l’académicien Émile Faguet s’interroge sur les recommandations d’un journal médical nous donnant une panacée ; non pas tout à fait une panacée, mais un régime hygiénique universel, ce qui, précisément, et tout compte fait, pourrait s’appeler une panacée préalable, puisque l’hygiène est de la médecine préventive...

Cette panacée donc, puisque panacée il y a, c’est le rire. Il faut rire, il faut rire de tout son cœur. Il faut rire, comme il faut se tenir propre ; comme il faut se tenir les pieds chauds, le ventre libre et la tête froide ; comme il faut s’abstenir d’alcool, de tabac et de la lecture de romans nouveaux, ou tout au moins éviter en ces trois choses même le commencement de l’excès. Il faut rire par devoir envers soi-même et envers ses enfants et pour leur conserver un père, avance Faguet.

Il paraît, d’après ce journal savant, « qu’il n’y a pas une partie de notre être, pas un petit vaisseau qui ne reçoive une ondée de sang dans la circonvolution d’un bon éclat de rire. Le principe de la vie va renouveler ainsi toute notre chair ; la circulation plus rapide impressionne tous les organes. Rire, c’est donc allonger notre existence en accordant ce stimulant à notre activité générale. » On voit que le journal savant, comme si souvent il arrive, est absolument d’accord avec la sagesse populaire qui depuis si longtemps a dit que rire, c’était se faire une pinte de bon sang.

Aristote et Sarcey — Francisque Sarcey (1827-1899), critique dramatique et journaliste — étaient du reste tout à fait dans le même sentiment, et Aristote recommandait la terpsis(gaieté), comme le fondement de la sagesse, et Sarcey répétait à tue-tête : « Soyez gais ! Par la sambleu ! Soyez gais ! C’est la solution », tout semblable à un médecin qui dirait à un malade : « Parbleu ! Soyez bien portant ! C’est le vrai remède ! Pourquoi tant chercher ? » Voilà qui vaut fait et je veux bien rire, écrit notre académicien. Mais encore faut-il en avoir l’occasion, et c’est sur cela qu’il faut s’entendre.

Je dis qu’il faut s’entendre à cause de ceci. Ne faut-il pas d’abord mettre hors de la question, et c’est-à-dire en dehors du rire hygiénique, ce rire particulier qui est excité par la vue de la sottise humaine ? Si ce rire-là était hygiénique, plus nous ririons, plus nous aurions d’admirables chances de nous bien porter. Les ridicules, les hommes qui « apprêtent à rire », comme disaient si joliment nos ancêtres, abondent de plus en plus et semblent se multiplier comme pains et poissons. Individuellement même ils deviennent plus beaux, plus copieux, plus magnifiques, plus féconds en rires homériques pour ceux qui les contemplent et les écoutent.

Mais est-ce ce rire-là qui est bien sain ? S’interroge Faguet. C’est le rire sardonique ; c’est le rire mêlé de malice ; c’est le rire où il entre une dose assez considérable de méchanceté, et de dédain, et de mépris, toutes choses que je m’étonnerais qui entretinssent abondamment la santé. C’est le rire de Démocrite, de qui dit Juvénal qu’il ne pouvait mettre le pied hors de sa maison et faire un pas sans éclater de rire :

Ridebat quoties de limine moverat unum
Protuleratque pedem

et de qui dit Montaigne : « J’aime mieux cette humeur que celle d’Héraclite, non parce qu’il est plus plaisant de rire que de pleurer, mais parce qu’elle est plus dédaigneuse et qu’elle nous condamne plus que l’autre, et il me semble que nous ne pouvons jamais être assez méprisé selon notre mérite. »

Oh ! oh ! s’il en est ainsi, je crois, à la vérité, qu’au temps où nous vivons nous pouvons rire « tout notre saoul », et du soir au matin, et dès que nous mettons le nez hors de notre porte, et même, entre nous, sans prendre la peine de sortir, poursuit l’académicien. Mais d’un rire qui dédaigne, et qui méprise, et qui condamne, que voulez-vous bien qui s’ensuive en fait de bonne santé et de pureté de sang ?

Aussi, je ne crois point que le Démocrite en question ait vécu plus vieux que le mélancolique Héraclite, lequel ne pouvait pas, de sa part, sortir de chez lui sans verser des larmes.

Ce rire-là étant donc écarté, nous voilà à la recherche du rire vraiment hygiénique. Il nous faut un rire qui ne soit pas celui qui pourrait être un pleurer ; il nous faut un rire qui ne soit pas celui dont parle Beaumarchais, quand il dit : « Je me hâte de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer. » Il nous faut un rire qui ne soit pas celui de La Bruyère quand il dit le plus mélancoliquement du monde : « Il faut se hâter de rire sans sujet si l’on ne veut pas mourir sans avoir ri. » Or, ce rire-là, ce rire sans mélange, ce rire pur, ce rire intégral, ce rire sans intervention de quelque chose qui pourrait faire fondre en larmes, s’il vous plaît, où est-il ?

Est-il dans la comédie de Molière ? Bon ! voilà Musset qui nous dit que la gaieté de Molière est « si mâle », et « si profonde », et « si triste », que « lorsqu’on vient d’en rire on devrait en pleurer. » Ce n’est donc pas encore cela. Serait-ce le rire obtenu par des moyens mécaniques et nous faudra-t-il nous faire chatouiller la plante des pieds avec une plume de paon ou nous mettre en quête de l’herbe de Sardaigne ?

Car vous vous rappelez qu’il existait en Sardaigne une plante, le sardonion, qui, flairée, faisait rire d’une façon incoercible, et c’est précisément de là que vient le mot, « rire sardonique », qui, du reste, n’a pas du tout le même sens. Autant en fait « le gaz hilarant » ou protoxyde d’azote. Mais je ne crois point, ajoute Faguet, que ces moyens mécaniques, chimiques ou pharmaceutiques puissent produire autre chose que de fâcheuses maladies nerveuses. Ce n’est pas encore cela qu’il nous faut.

Que nous faut-il donc ? A bien examiner et analyser, on en vient à reconnaître une vérité qui me semble incontestable : le seul rire qui soit hygiénique est celui qui n’a pas de motif, qui est son motif à lui-même ; qui du moins n’a pour motif ou plutôt pour occasion que des choses qui ne mériteraient pas qu’on en rît. Les enfants, les gens de tempérament jovial « et non saturnien », comme dit Régnier, rient en vérité sans motif, sans raison, et il faut entendre par là sinon tout à fait pour rien, du moins pour un rien.

Dès lors, d’où vient qu’ils rient ? Ils rient parce qu’ils sont toujours sur le bord, sur le seuil du rire, pour ainsi parler ; ils rient parce qu’ils sont gais, et, en dernière analyse, ils rient par ce qu’ils sont en bonne santé.

De sorte que ce n’est pas le rire qui fait la santé, mais la santé qui fait le rire ; ou, si vous voulez, le rire fait la santé ; mais le rire n’est qu’une forme de la santé et par conséquent c’est la santé qui se fait elle-même par la manifestation d’une de ses formes. D’où il suit que nous dire : « Riez pour vous bien porter », cela revient à dire : « Portez-vous bien pour bien vous porter », maxime indiscutable et qui est le fond même de la médecine.

« Tout compte fait, disent les médecins qui vont au fond des choses, il n’y a qu’un moyen d’être en bonne santé, c’est de ne pas être malade. » La recommandation du journal de médecine cité plus haut est donc une vérité parce qu’elle est une tautologie. Il en est, du reste, de cette vérité, comme de toutes les vérités, et, dès qu’une vérité est autre que tautologique, elle devient incertaine. En fait de vérités humaines, on n’est tout à fait sûr que de A = A.

Une réflexion me vient cependant, conclut Émile Faguet, sur l’affirmation du journal de médecine précité, sur l’affirmation elle-même, en soi. Fontenelle ne riait jamais : « Vous n’avez donc jamais ri, Monsieur de Fontenelle ? lui disait-on. — Jamais ri ? C’est-à-dire... Enfin, je n’ai jamais fait Aaa ! » Bref, il n’avait jamais ri. Eh bien, il a vécu quatre-vingt-dix-neuf ans et dix mois. On me dira que s’il avait fait Aaa, il aurait très probablement atteint le siècle. Il est possible.

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13 août 2018 1 13 /08 /août /2018 06:48

Conduite à gauche en France :
une modification envisagée en 1912

(D’après « Le Figaro » du 25 décembre 1912)

Il est question de modifier notre « Code de la route », nous apprend Le Figaro du 25 décembre 1912, ajoutant que ce projet ne va pas sans soulever de véhémentes protestations, comme tous les projets qui menacent de toucher à la routine, devant laquelle doivent « stopper » un instant toutes les innovations...

En France, pays où l’impertinence est quelquefois de bon ton, il est admis que, la droite étant la place d’honneur, tout conducteur d’un attelage ou d’un véhicule quelconque, quand il doit croiser un autre attelage ou un autre véhicule, prend sa droite, affirmant ainsi sa supériorité sur celui qu’il rencontre en chemin, et lui abandonne dédaigneusement la gauche, écrit le journaliste Louis Ternier.

Par une juste réciprocité, le conducteur envers lequel on en use ainsi sans façon fait de même ; l’honneur est sauf de part et d’autre. C’est ainsi, du moins, qu’on devait l’entendre du temps des mousquetaires, toujours fort arrogants dans les questions de préséance. Mais notre Code de la route ainsi compris, s’il ménage toutes les susceptibilités, présente au point de vue pratique quelques inconvénients. Si, en France, nous sommes soumis au régime de la conduite à droite, celui des droitiers, en Angleterre et ailleurs, au contraire, on est « gauchiste » et, au lieu de se garer à droite on se gare à gauche.

Le comte Rochaïd, qui s’est toujours occupé avec tant de compétence d’attelage et de dressage attelé, consulté récemment au sujet du projet de modification de notre Code de la route, est très catégorique : « En vieux cocher, dit-il, je, suis gauchiste par destination, comme un vieux meuble, tout simplement ! »

Les raisons qu’il donne de sa préférence sont assez sérieuses pour faire réfléchir les partisans du maintien de nos anciens usages, comme elles m’ont fait réfléchir moi-même, confesse notre chroniqueur. Habitant la province, je suis appelé à beaucoup circuler en voiture et, depuis peu, en automobile, de jour et de nuit.

J’ai aussi voyagé en Angleterre et j’ai pu comparer les deux systèmes en présence, le nôtre et celui qu’on projette de lui substituer, aussi, bien que mon modeste avis ne puisse être d’un grand poids dans l’affaire, je me permettrai d’examiner rapidement les arguments qui militent en faveur du projet de modification de notre Code de la route et les objections de ceux qui le combattent. La première condition de sécurité, quand on conduit un cheval ou une automobile, c’est de voir distinctement l’objet auprès duquel on doit passer sans le heurter.

Avec le système actuel, le cocher d’une voiture attelée, qui est assis à droite de son siège et ne peut, nous le verrons, être ailleurs, voit très mal les objets situés à gauche de sa voiture. Quand il doit croiser un autre véhicule, il se trouve empêché de le bien voir, soit par la personne qui est assise à sa gauche, soit par toute la partie gauche de son siège et l’avant de la voiture. Et, instinctivement, au lieu de regarder la voiture qui vient, pour, croiser sur sa droite, il regarde à sa droite, de façon à voir, non pas la voiture en vue, mais le bord de la route du côté opposé ; il prend du champ du côté libre, l’autre conducteur en fait autant. Cela est parfait quand la voie est large et quand rien ne vient déranger les combinaisons des deux conducteurs, mais il est impossible à l’un et à l’autre de passer sans « aléa » au plus près.

Au contraire, quand on gare à gauche, le cocher voit sur sa droite, immédiatement à son côté, la voiture à éviter et il peut passer sans danger aussi près que possible de celui qu’il rencontre et qui, de son côté, manœuvre en toute sûreté de coup d’œil et de main. Le cocher ne peut être qu’à la droite de son siège. Le fouet, pour un cocher ayant à conduire correctement, est, comme le dit si justement le comte Rochaïd, « ce que l’archet est au violoniste, il est impossible à l’un et à l’autre de vous jouer sa rapsodie s’il n’a pas le libre mouvement de son bras droit ». Or, si le cocher était à gauche de son siège, il ne pourrait développer son fouet, s’il avait une personne assise à sa droite, ce qui est le cas quand on conduit soi-même et qu’on a, par exemple, un valet de pied ou un ami à ses côtés.

Pour dépasser, au contraire, rien à changer dans la disposition du cocher avec le système anglais gauchiste, on sépare à droite. On a tellement reconnu l’inconvénient du garage à droite que les lanternes de beaucoup de voitures de campagne, qui ne sont éclairées que d’un côté, sont toujours obligatoirement placées à gauche. Normalement, elles devraient être à droite, comme elles pourraient l’être avec le système d’écart à gauche.

Pour les automobiles, le chauffeur doit être à droite. Les leviers du frein et de changement de vitesse sont, pour la plupart des voitures, situés à droite et manœuvrés à droite. S’ils étaient à gauche, le chauffeur devrait les actionner avec la main gauche, ce qui ne serait pas commode ; s’ils étaient placés au milieu de la voiture, ils gêneraient considérablement la personne assise à droite. On a essayé, sur quelques automobiles, de mettre le volant de direction à gauche ; le chauffeur s’assied alors à gauche du siège. C’est là une indication. On met le chauffeur à gauche pour qu’il puisse voir distinctement sur sa gauche la voiture qu’il a à croiser en tenant sa droite.

Sur la route, il y a aussi le charretier conduisant à pied des attelages de plusieurs chevaux. Le charretier conduit alors avec une seule rêne et il faut forcément qu’il soit à gauche de ses chevaux, autrement il ne pourrait avoir d’action sur le limonier. Avec le croisement à droite, le charretier voit mieux le véhicule dont il doit se garer, c’est entendu, mais il risque d’être heurté par la voiture qui le croise.

Les Anglais, qui sont gens pratiques, se trouvent bien de leur « Code de la Route », il n’y aurait donc aucune raison pour ne pas le leur emprunter puisqu’il présente sur le nôtre bien des avantages, s’il n’y avait la question de la difficulté de l’application du nouveau règlement et des accidents auxquels elle pourrait donner lieu dans le principe, poursuit Louis Ternier.

Il est certain que l’éducation des cochers, charretiers et conducteurs serait à refaire, celle des chevaux, aussi, car, sur nos routes, bien des chevaux se garent eux-mêmes et connaissent mieux leur code de la route que leurs conducteurs.
Cependant on arriverait à un résultat avec beaucoup de publicité du nouveau règlement et aussi avec beaucoup de sévérité. On ne s’occupe guère des règlements en France, du reste, quand leur violation n’entraîne pas un danger immédiat, mais on les observe volontiers quand il s’agit d’une question de vie ou de mort.

Les conducteurs et charretiers comprendraient vite qu’il irait de leur sécurité à se laisser distraire un instant et à se tromper sur la manière de garer leur attelage. Quant aux chevaux, ils seraient vite au courant. Et fussent-ils réfractaires il n’y aurait que demi-mal. N’avons-nous pas les ânes qui, de tout temps, ont persisté à tenir leur gauche et qui, après tout, forcent leurs maîtres à les conduire au lieu de se laisser conduire par eux comme le font avec leurs chevaux tant de braves paysannes, pour lesquelles le Code de la route est totalement inconnu.

On a objecté que les étrangers, venant en France et croyant l’ancien Code maintenu, pourraient causer des accidents. Les automobilistes sont généralement gens avertis qui ne se mettent pas aveuglément en campagne à l’étranger. Mais il est certain que la modification à notre Code de la route causerait une véritable révolution dans nos habitudes.

Je me souviens toujours de mon émotion, conclut notre chroniqueur, quand, la première fois que j’ai été à Londres, il y a longtemps, j’ai vu la voiture dans laquelle j’avais pris place à la sortie de la gare obliquer à gauche pour se garer de celles qui la croisaient. Pour un Français, cette émotion involontaire semblait encore plus vive dans les cabs anglais où on a la sensation d’être emporté par un cheval sans maître. Encore une émotion qu’on ne connaîtra plus quand les charmants cabs, les confortables « handsomes » de Londres auront tout à fait disparu, faisant place aux auto-taxis venus de France.

Combien moins pittoresque sera Londres sans ses cabs, où l’on était si bien à deux, où on avait l’illusion d’être si seuls, malgré la surveillance occulte du cabman juché comme un singe sur le haut de la capote, et dont le doux balancement vous berçait au trot vif et régulier des élégants et vigoureux petits chevaux qu’une main invisible guidait si sûrement à travers les mille embarras de la grande cité.

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6 août 2018 1 06 /08 /août /2018 06:48

La Ponctuation :

"Où l’art incontournable, non immuable et révélant le génie des écrivains…………."

(D’après « La lecture en action », paru en 1881)

 

L’art de la ponctuation écrite n’est ni absolu, ni immuable, n’ayant pas toujours existé et n’étant le même nulle part, les points de suspension étant ainsi encore inconnus au XVIIe siècle, eux qui n’ont pas leur égal pour exprimer l’indicible, ce qu’on hésite à dire ou n’ose avouer à soi-même. Si, selon l’académicien Ernest Legouvé, chaque genre d’écriture a sa ponctuation, cette dernière peut parfois sauver la vie d’un homme ou le tirer d’un sinistre embarras...

Les auteurs grecs se sont servis très tardivement, dans leurs manuscrits, des signes ponctuatifs. L’antiquité latine a connu et pratiqué, dans une certaine mesure, la ponctuation, mais sans la soumettre à des règles. Au Moyen Age, les signes ponctuatifs dans les manuscrits sont ou arbitraires ou intermittents, ou tout à fait absents.

C’est l’invention de l’imprimerie, qui a fait une nécessité de la ponctuation, par la diffusion des ouvrages et par le nombre toujours croissant des lecteurs ; sont venus alors les grammairiens, qui ont rédigé les règles de la ponctuation écrite d’après les habitudes de la ponctuation parlée : car, il faut bien se le rappeler, les orateurs, les lecteurs et les acteurs ont toujours ponctué ; et ce sont les divers temps d’arrêt de leur débit, leurs silences, leurs demi-silences, qui sont devenus des points, des deux points, des virgules.

Le code de la ponctuation écrite est-il absolu ? Non. En dehors de quelques règles sommaires et rigoureuses, chaque écrivain a sa ponctuation ; chaque genre d’écrire a sa ponctuation, chaque époque a sa ponctuation. On ne ponctue pas aujourd’hui comme au dix-septième siècle. Nos pères étaient beaucoup plus sobres que nous des points d’exclamation. Corneille a mis une virgule après : Qu’il mourût ! Supposez qu’un poète moderne eût trouvé ce cri sublime, il l’aurait fait suivre de quatre points d’exclamation. Un auteur dramatique ne ponctue pas comme un historien. Enfin, on ne ponctue pas en vers comme en prose.

La ponctuation est donc une chose essentiellement personnelle ; de là cette conséquence : le lecteur doit d’autant plus s’attacher à la reproduction scrupuleuse des signes ponctuatifs, que ces signes font partie de la pensée intime de l’auteur ; attentivement étudiés et observés, ils nous aident à comprendre et à rendre le sens et la valeur de sa phrase.

Ainsi Victor Hugo : « L’histoire s’extasie volontiers devant Michel Ney, qui, né tonnelier, devint maréchal de France ; et devant Murat, qui, né garçon d’écurie, devint roi. » Ces lignes sont caractéristiques, car il suffit de les bien ponctuer pour les bien lire ; et il suffit, pour les mal lire, de les mal ponctuer. Voyez, en effet, comme la multiplicité des signes ponctuatifs ajoutés ici à la mise en relief de la pensée. Marquez, en lisant, une virgule après Michel Ney, une virgule après Murat, une virgule après qui, une virgule après garçon d’écurie, un point après roi, et vous aurez du même coup dessiné nettement toutes les articulations de cette phrase et placé l’accent sur les quatre mots de valeur : tonnelier, maréchal de France, garçon d’écurie et roi. Peut- être y a-t-il un point et virgule qui vous étonnera, c’est celui qui suit maréchal de France, et précède et Murat.

En effet, le et, constituant un lien entre deux membres de phrase, le point et virgule qui marque une sorte de séparation, semble contredire le et qui marque un trait d’union. C’est pourtant le point et virgule qui a raison. Pourquoi ? D’abord, parce que le temps d’arrêt qu’il nécessite, permet de donner toute son importance au mot maréchal de France : puis, remarquez-le bien, la conjonction et ne lie pas entre eux les deux mots qui se touchent, maréchal de France et Murat, mais bien, ce qui est fort différent, la première proposition de la phrase, commençant par Michel Ney, et la seconde, commençant par Murat. Ces deux propositions formant les deux parties de la phrase, c’est-à-dire les deux termes de la pensée, il s’agit de les mettre en présence et non de les amalgamer ensemble ; donc le point et virgule est le signe juste.

Les auteurs dramatiques ponctuent dramatiquement : les signes ponctuatifs employés par eux sont l’image des sentiments exprimés par leurs personnages. Prenons ces vers du Misanthrope :

PHILINTE
Et je crois qu’à la cour de même qu’à la ville,
Mon flegme est philosophe autant que votre bile.

ALCESTE
Mais ce flegme. Monsieur, qui raisonne si bien,
Ce flegme, pourrait-il ne s’échauffer de rien ?

Philinte, l’homme paisible, laisse tranquillement échapper son vers, sans le couper par aucun signe ponctuatif. Mais que répond l’impétueux Alceste ? Mais ce flegme, (virgule), Monsieur, (virgule), qui raisonne si bien, (virgule), ce flegme, (virgule), pourrait-il, etc. Ces virgules répétées ne sont-elles pas comme autant de signes d’impatience ? N’entendez-vous pas, en le lisant, l’accent de colère d’Alceste ? Ne portent-elles pas avec elles l’intonation des mots qu’elles séparent ? Faites donc attention, en lisant les auteurs dramatiques, à leurs signes ponctuatifs : car, comme ils écrivent pour être lus tout haut, ils entendent ce qu’ils écrivent, et leurs virgules, leurs points et virgules, leurs points d’exclamation, sont des indications de diction.

La ponctuation reflète le génie même des écrivains. Prenons pour exemple Fénelon et Pascal. Fénelon est un génie essentiellement fluide ; paroles et pensées s’écoulent de sa plume avec le mouvement calme et continu de l’eau d’une source ; pas de points d’arrêt, pas de heurts, pas de chocs d’idées, pas de contrastes violents, pas d’efforts ; donc peu de ponctuation. Il faut le lire comme il écrit, et mettre dans la reproduction des signes ponctuatifs la sobriété qu’il met dans leur emploi.

Lisez ces admirables lignes de Télémaque sur les champs Elysées : « Une lumière pure et douce se répand autour des corps de ces hommes justes, et les environne de ses rayons comme d’un vêtement. Cette lumière n’est pas semblable à la lumière sombre qui éclaire les yeux des misérables mortels, et qui n’est que ténèbres ; elle pénètre plus subtilement les corps les plus épais que les rayons du soleil ne pénètrent le plus pur cristal ; elle n’éblouit jamais, au contraire elle fortifie les yeux et porte dans le fond de l’âme je ne sais quelle sérénité. »

Examinez cette phrase et remarquez avec quelle mesure les signes ponctuatifs y sont espacés. Imitez cette mesure. Le lecteur qui mettrait une virgule après cette lumière de la seconde phrase, ou après les corps les plus épais de la troisième, ou après elle fortifie les yeux, détruirait tout le charme de cette incomparable effusion de langage.

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30 juillet 2018 1 30 /07 /juillet /2018 07:35

Carambar :               "Un bonbon 100% made in France.........."

Vous souvenez-vous de ce produit de presque 65 ans. Une marque nordiste connue par 97 % des 15-65 ans. Un bonbon atypique fabriqué à Marcq-en-Baroeul, près de Lille.

Si le nom vient de la contraction de barre et de caramel, Carambar n’est pas toujours appelé Carambar. Au tout début, le bonbon a été commercialisé sous le nom de Caram’ bar comme en témoignent les affiches ci-dessous. Puis, en 1972, Super Caram’bar. Le nom actuel n’a été adopté qu’en 1984. Le Caram’bar est né le 2 janvier 1954. Une chose n’a jamais changé : l’emballage. Il a toujours été un mélange de couleurs jaune, fushia et rouge, couleurs chaudes.

Carambar : une bêtise ?
Une légende tenace raconte que le Carambar, un peu comme les bêtises de Cambrai, serait né d’une mauvaise manipulation, d’une machine qui se serait déréglée et qui aurait étiré anormalement un caramel. En réalité, sa création résulte d’une étude réalisée pendant l’après-guerre pour booster les ventes de chocolat de l’entreprise nordiste Delespaul-Havez (née au XIXe siècle). Les débuts du marketing. L’idée était alors d’essayer de s’adresser aux enfants en leur proposant autre chose que les traditionnelles sucettes : « Un produit beau, bon et pas cher, pour que les enfants puissent l’acheter avec la monnaie qu’ils ont dans la poche ».

La chocolaterie décide de tenter une alliance chocolat-caramel en y ajoutant notamment une pointe de sel caractéristique. Reste la forme originale : « Le premier projet préconisant de fabriquer un gros caramel carré sur les machines desquelles sortaient, à l’époque, des petits caramels (toffees) a été abandonné au profit de caramels longs et malléables », raconte le site Prodimarques. « Nous disposions de machines qui façonnaient des petits caramels à grande vitesse, six cents à la minute. Il nous fallait les adapter pour fabriquer des caramels plus longs. Le directeur technique de l’usine, Augustin Gallois, a réussi cette prouesse », complète Georges Fauchille, directeur commercial à l’époque.

Carambar : quelle taille et quel prix ?
À sa naissance, le Carambar mesurait 6,2 cm pour 5,5 g... En 1972, il s’allonge. Sa taille passe à 10 cm pour 12 g. Puis il rétrécit en 1990 pour passer à 8 cm pour 8 g, sa taille actuelle.

À sa création, dans les années 1950, un Carambar coûtait cinq centimes de franc. Aujourd’hui, il est commercialisé au prix de 15 centimes d’euros, ce qui correspond à un peu moins d’un nouveau franc. En l’espace de 40 ans, son prix a été multiplié par près de 20, mais pas à monnaie constante ; le prix du Carambar n’a, en réalité « qu’à peine » doublé, si on tient compte de l’évolution du pouvoir d’achat.

La marque a toujours souhaité garder un prix accessible et populaire. André Fauchille, directeur général de Delespaul-Havez disait de Carambar qu’il devait être un « produit beau, bon et pas cher, pour que les enfants puissent l’acheter avec la monnaie qu’ils ont dans la poche »... À noter que la marque a aussi très vite décliné le concept pour rester innovante : goût nougat, fruit, « Atomic »... Mais l’original, au caramel, représente toujours environ 25 % des ventes.

Carambar : un bonbon qui change souvent de propriétaire
Lancé par la chocolaterie familiale Delespaul-Havez, l’usine est passée de mains en mains depuis plus de 70 ans : Générale Alimentaire, Générale Occidentale, BSN, Danone, Cadbury, Mondelēz International... Depuis 2017, c’est le fonds français Eurazeo qui a repris la marque et l’a intégrée avec d’autres marques de confiserie au groupe Carambar & Co.

Une chose essentielle n’a jamais changé chez Carambar : le lieu de production. L’usine se trouve toujours à Marcq-en-Baroeul. Elle produit désormais 820 bonbons par minute soit près d’un milliard par an !

Blagues : leur origine
« Que se fait un Schtroumpf quand il tombe ?... Un bleu »
« Un cheval rencontre une jument. Il lui dit : Tu vas attraper froid, mets ton poney ».

À sa création, en 1954, le Carambar est vendu sans aucun petit plus. En 1955, un système de points Delespaul-Havez permet, grâce à l’emballage, de gagner des cadeaux. Ce n’est qu’en 1969, que sont imprimés devinettes, charades et rébus. Les premières devinettes provenaient d’un concours organisé dans les écoles. Les meilleures valaient à leurs auteurs leur poids en Carambar !

Depuis, la blague imprimée sur l’emballage n’a jamais disparu, s’adaptant au gré des modes... « Monsieur et Madame ont un fils... », Puis les « Ta mère... »... Aujourd’hui, la marque se montre très dynamique sur les réseaux sociaux, cherchant à créer un lien familial avec ses clients. La blague reste un élément fort de la politique marketing de Carambar.

Blagues Carambar : qui les écrit ?
« Qui écrit les blagues Carambar ? » Vous vous êtes sûrement déjà posé la question. Y-a-t-il un homme secrètement payé pour écrire ces histoires au style inimitable, naïf, simpliste... ? L’entreprise a toujours gardé un certain mystère autour de ces blagues.

En 2009, nous avions pourtant réussi à rencontrer un rédacteur de ces blagues. Il racontait essayer de perpétuer ce style : « Il y a des contraintes, racontait-il sous couvert d’anonymat. Forcément, on ne peut pas faire de blague à caractère sexuel. On ne peut pas parler de drogue non plus, on ne peut pas se moquer des personnes handicapées, des autres pays. Et puis on est aussi contraint par la longueur de la blague. On va dire que ce sont des blagues à caractère familial !"

2013 : une blague sur l’arrêt des blagues
Le 21 mars 2013, la société annonce arrêter ses blagues pour les remplacer par des « jeux ludo-éducatifs ». L’information est reprise par toute la presse, et de très nombreuses voix s’élèvent contre cette décision notamment via des pétitions. « Les blagues étaient un peu vieillottes, la marque a choisi d’évoluer », justifie à l’époque Carambar. Mais après quelques jours de suspense, le verdict tombe : ce n’était finalement qu’une blague de la marque. Bien joué !

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23 juillet 2018 1 23 /07 /juillet /2018 07:22

Vacances estivales 

#Nécessité imposée par une vie quotidienne toute de stress pétrie ?

(Extrait de « Ma revue hebdomadaire illustrée », n° du 18 août 1907)

Dans une chronique de 1907 aux senteurs estivales, Henri d’Alméras aborde la question de la nécessité, pour le bon équilibre physiologique de ses contemporains, de prendre quelques semaines de vacances loin du tumulte quotidien et du rythme de vie effréné que la société moderne impose, le départ annuel pour un havre de paix, qu’il soit campagne, ville d’eaux, mer ou montagne, marquant le début d’une période d’insouciance et de liberté

Les distributions des prix ont mis en liberté les détenus scolaires et leurs parents. La montagne ou la mer vont les reposer de leurs travaux. Ces départs annuels pour la campagne, pour la ville d’eaux, pour la plage de l’Océan ou de la Méditerranée, étaient autrefois l’exception : ils sont aujourd’hui la règle. Pourquoi ? Sans doute parce que les habitudes de luxe se répandent chaque jour davantage, mais aussi, mais surtout, parce que le nombre des gens qui se portent bien diminue sans cesse.

La vie, pour bien des raisons, est plus agitée et plus débilitante. Toujours pressés, entraînés irrésistiblement vers un but qui semble se dérober à notre poursuite, nous sommes en proie à une fièvre, à une trépidation, qu’on ne connaissait pas il y a à peine un demi-siècle. Aller vite, boire l’obstacle, supprimer le temps et la distance, c’est pour la plupart d’entre nous une nécessité, un devoir ou un plaisir morbide. Des trains endiablés, des automobiles plus rapides que l’ouragan, nous emportent.

Nous nous perchons sur des roues qui auraient remplacé avantageusement pour Mercure – sauf dans ses tournées célestes – les ailes qu’il portait aux talons. Nous poussons des rugissements devant une tablette d’acajou, avec des rondelles, de caoutchouc posées sur les oreilles. Nous dépendons d’une quantité de machines, ivres de mouvement, et nous devenons nous-mêmes, peu à peu, des machines qui fonctionnent toute la journée. Qui connaît, en l’an de grâce 1907, la douceur du repos ? Qui peut, au milieu de ce tourbillon, s’arrêter un instant, rêver, s’écouter vivre ?

Ces habitudes qui nous plaisent ou que nous subissons ne vont pas sans de graves inconvénients. Les nerfs trop tendus se détraquent. Nos activités forcenées sont suivies de terribles prostrations. Il faut chaque année, pendant les vacances, apaiser par le grand air, par la vue des larges horizons, par le calme des champs, l’organisme surmené. Août et septembre sont les mois réservés à ces indispensables rafistolages.

Partir, a dit le poète, c’est mourir un peu. Non, partir c’est revivre, c’est aller vers du nouveau, vers des paysages que nous ne connaissons pas ou que nous avons oubliés, vers des monuments qui rempliront notre âme de beauté, vers des étrangers qui seront peut-être des amis ! Nous ignorons ce que va nous procurer de joie ou de douleur le hasard des grandes routes, mais serions-nous des Français si nous n’avions pas trop d’illusions ?

Même pour ceux qu’une dure destinée a avertis de l’inutilité d’espérer et qui ont perdu cette divine force de résurrection qu’est la jeunesse, une villégiature, bien choisie, promet de vifs plaisirs. Qui ne les a pas rêvés, prévus et éprouvés ?

On a passé – je parle ici des fortunes moyennes, qui forment la grande majorité des touristes – on a passé une année, une longue année, dans un appartement étroit, privé d’air et de lumière, dans un triste bureau ou une noire boutique qui ressemble à une cave. On a peiné, la plume à la main, penché sur la table de travail, cherchant des mots qui ne viennent pas et refaisant la page commencée. Dans la petite ville de province, médisante et hostile, on a subi avec dégoût la monotonie d’une plate existence, et l’espionnage des voisins, et l’assaut quotidien des venimeux commérages. Pendant dix mois on a vu les mêmes visages, noté les mêmes gestes, entendu les mêmes propos insignifiants. Du matin au soir on a été absorbé par ses affaires, par le rude combat qu’est de nos jours toute carrière, toute industrie.

Enfin, voici le moment du départ, si attendu. Les cœurs, plus joyeux, libérés des tracas quotidiens, des ennuyeux entourages, s’élancent vers l’avenir. Les malades vont vers la guérison, les chasseurs vers les régions giboyeuses, les jeunes filles vers le mariage qui surgira près d’une source, dans un salon d’hôtel – c’est encore là une variété de chasse et la plus passionnante – et tous, avec les mêmes espoirs, avec la même confiance, vers la distraction et le repos.

Nous sommes, à tout âge, des enfants que peu de chose afflige et que peu de chose console. Or, je ne sais rien pour ma part qui parle au cœur et à l’esprit autant qu’un beau paysage, et qui endorme aussi bien des douleurs qui semblaient inguérissables.

Joyeuse ou triste, chaque âme a son idéal. Il en est que la mer effraye et que remplissent d’une mélancolie invincible son écrasante majesté et sa plainte éternelle. Elle a quelque chose de colossal qui nous dépasse. On la sent lointaine et indifférente. La montagne, au contraire, humble coteau ou cime alpestre, a mille beautés de détail, mille beautés familières, qui se mettent à notre portée et nous pénètrent d’une émotion très douce. C’est pour nous, semble-t-il, que le ruisseau roule et bondit dans son lit de gravier. Son murmure berce nos rêveries. Ce bois de sapins ou de châtaigniers nous accueille comme un ami. Il nous offre, pour nous reposer des fatigues de la route, la fraîcheur de ses ombrages. Le siège de mousse, au pied de cet arbre plein de chants d’oiseaux, on dirait que c’est pour nous qu’il a été placé là.

Près de l’enfant qui les garde, des vaches nous regardent avec une curiosité presque sympathique. La verdure des prés, traversée par mille filets d’eau, encourage la promenade et la rend plus douce.

Au milieu de ces paysages intimes, dans ce cadre délicieux, dans ce silence impressionnant que troublent à peine le bêlement d’un mouton, la voix d’argent d’une clochette, on se sent une âme nouvelle, épurée et rajeunie. Pendant que les heures coulent lentement, sur le bord de la source ou dans l’ombre du bois, que deviennent nos projets stériles, nos vaines ambitions ! Ils sont comme noyés dans cette atmosphère de paix et de sérénité. Nous les retrouverons demain, hélas ! Avec les nécessités de la vie quotidienne. Ce n’est qu’un répit qu’ils nous accordent. Savourons-le.

Rien ne vaut, pour les cœurs meurtris et désabusés, ces stations d’été, ignorées par les guides, et qui permettent la solitude et le recueillement. C’est là, loin des vanités tapageuses, qu’on se recrée et qu’on se retrempe.

Un joli site, inconnu aux touristes mondains, des prés, des bois, des ruisseaux dont on ne parle pas, des hôtels sans prétention mais dont la table familière se garnit chaque jour de truites et d écrivisses, des braves gens très simples qu’on n’a pas trop renseignés sur la beauté de leur pays et sur le profit qu’ils en tireraient en écorchant les voyageurs : voilà la villégiature que je vous souhaite. Heureux qui sait en apprécier les bienfaits et qui peut en goûter le charme.

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16 juillet 2018 1 16 /07 /juillet /2018 08:42

Le 14 juillet fût-il une  « Fête antinationale ? »

Ou comment liberté, égalité, fraternité sont des concepts dévoyés

(Extrait du « Gaulois » du 15 juillet 1903)

 

En 1903, à l’occasion des célébrations rituelles du 14 juillet, l’écrivain et journaliste Léon Daudet, fils aîné du célèbre Alphonse, signe dans le journal Le Gaulois un pamphlet contre des réjouissances accompagnant une fête qu’il juge « antinationale », et n’a pas de mots assez durs pour qualifier la « tyrannie jacobine à forme parlementaire » qui tient lieu de mode de gouvernance d’un pays que l’on ruine lentement et méthodiquement. Liberté, égalité, fraternité que l’on adule de façon festive sont à ses yeux autant de concepts frelatés à dessein, visant à abuser un peuple méconnaissant les véritables enjeux et tenants de la Révolution française.

La célébration du 14 juillet — pour laquelle M. Camille Pelletan [ministre de la Marine de juin 1902 à janvier 1905] change annuellement de linge sale — est en effet symbolique du régime en ce qu’elle est tout à fait baroque, écrit Léon Daudet. D’abord, s’il apparaît normal et légitime que la tradition ait ses anniversaires, ceux de la Révolution, qui détruit tout sans rien renouveler, ne sont qu’un contresens et une parodie. On ne commémore pas une scène de banditisme accompagnée de pillage et d’incendie : « Le propre d’une insurrection populaire — a écrit Taine à ce sujet — c’est que, personne n’y obéissant à personne, les passions méchantes y sont libres autant que les passions généreuses et que les héros n’y peuvent contenir les assassins. »

Joignez à cela qu’en cette piteuse et sanglante aventure il n’y avait pas de héros. Rien qu’une ruée de furieux et d’escarpes, conduits par quelques-uns de ces hommes à tout faire, comme il en sort d’entre les pavés aux jours tragiques, et qui sont les chefs naturels de l’émeute. La falsification de l’histoire révolutionnaire demeurera un des plus énormes « bluffs » des temps modernes. Michelet y apporta son romantisme, son manque absolu de sens critique, son mépris des documents exacts. Victor Hugo lâcha sur le tout les écluses de son verbe pompeux et sans contrôle. Aujourd’hui des Aulard et des Jaurès essaient vainement de cimenter ce monument d’erreurs qui s’écroule avec des affirmations de pédant et des paradoxes de rhéteur. Rien n’est amusant comme de voir les efforts du primaire exalté pour rehausser en dignité et en importance la page la plus vile de nos annales.

Nous autres, qui sommes de bonne foi, chers lecteurs, et qui ne demandons rien autre chose au jacobinisme que de disparaître un peu promptement, considérons ensemble ce que l’on fête et les motifs qu’on a de se réjouir. Entre les petits ballons rouges, au son des orchestres improvisés, le peuple danse pour la liberté.

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