Toute une histoire….
A Bordeaux "celle du pont de pierre"
Le pont de pierre a 200 ans depuis ce dimanche 1er mai. Retour sur plusieurs aspects méconnus ou oubliés de son histoire
1. Son inauguration avait déjà été discrète
De ce qu’on a pu constater, les panneaux installés place Stalingrad et les reproductions de photos présentées place Bir-Hakeim, pour les 200 ans du pont de pierre, ont peu retenu l’attention des passants. Mais l’inauguration elle-même s’était déjà déroulée sans festivités le 1er mai 1822. Peut-être parce qu’un autre pont, en bois, était en service depuis septembre. Ou parce que les travaux avaient à l’origine été décidés par Napoléon Ier.
Deux reproductions de photos du cours Victor Hugo dans les années 1900 (dans un sens) et du pont de pierre dans l’Entre-deux-guerres (dans l’autre) ont été installées porte de Bourgogne.
2. L’origine de son nom est méconnue
Il devait à l’origine s’appeler « pont Louis XVIII », pour des raisons politiques qui l’ont ensuite fait appeler « pont Napoléon ». Le nom de « pont de Bordeaux », a aussi été largement usité en dehors de la Gironde. Mais pour les Bordelais c’est le nom de « pont de pierre » qui a très vite dominé. Probablement pour le distinguer du pont en bois qui le jouxtait en 1822. Mais ce n’est qu’une hypothèse.
3. Il a donné lieu à de nombreuses représentations
Le pont de pierre est-il le monument le plus emblématique de Bordeaux ? En tout cas il apparaît dans de nombreux tableaux des XIXe et XXe siècle. En particulier chez André Lhote qui le représente toujours depuis la rive droite, comme le point de fermeture du port de Bordeaux. Au XIXe siècle il avait inspiré des peintres comme Pierre Brun ou Charles Lacoste. On le trouve aussi représenté sur plusieurs timbres du XXe siècle, ainsi que sur des médaillons, des estampes ou des sculptures, dont beaucoup sont exposées au musée d’Aquitaine.
4. Il a été payant jusqu’en 1928
Dès son ouverture le passage du pont a donné lieu à un péage. Et quand celui-ci a été supprimé, en 1863, il a quand même fallu payer l’octroi, l’impôt perçu sur l’entrée des marchandises, qui n’a été supprimé que le 1er janvier 1928 à Bordeaux. Dans cette logique, des grilles fermaient l’accès au pont la nuit, et des pavillons servaient de lieux de paiement. Ils ont ensuite été reconvertis en postes de police, puis démolis en 1954 lors de travaux d’élargissement.
5. On a envisagé plusieurs fois de le détruire
La circulation s’intensifiant à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, le pont de pierre est rapidement apparu trop étroit et on a envisagé de le détruire pour le remplacer par un autre mode de franchissement. Deux projets de tunnel ont été présentés en 1877 et 1885 ; un projet de pont suspendu en 1912 ; un de pont à haubans en 1945.
En 1944 la Wehrmacht avait par ailleurs envisagé de faire sauter l’édifice. Mais ce projet a été contrarié par l’artificier allemand Heinz Stahlschmidt, devenu Henri Salmide, à qui la médaille de la Ville de Bordeaux a été remise en 1995.
6. On y a favorisé la circulation avant de la réduire
En 1954, le pont a donc été élargi de 15 à 20 mètres, et il a été doté de quatre files de circulation, de deux trottoirs et de deux pistes cyclables. C’était avant les constructions des ponts Saint-Jean (1965) et d’Aquitaine (1967), à une époque où le besoin de franchissements était grand.
La suite est connue : construit sur des pieux en bois pas assez longs pour atteindre les couches rocheuses solides, le pont s’est enfoncé sous son propre poids et sous l’effet de la circulation. En 2018, celle-ci a donc été réduite aux transports en commun, aux services d’urgence, aux taxis, aux vélos et aux piétons. Une rénovation complète est prévue en 2023 pour une durée de deux ans.