Le bonheur des mots...
J'aime les mots, ils nous appellent par leurs significations, par leurs sonorités douces ou dures. Les mots sont des paysages divers, variés, infinis. Le bonheur des mots qui nous parlent, dont on parle apparaît sans fin. Ecoutez le nom de l'aurore, aussitôt apparaissent des teintes dorées et roses d'une matinée transparente et claire... Entendez le mot "pécore" et vous voyez aussitôt la prétention, la sottise de celle qui parle à tort et à travers.
Les mots nous parlent d'autant plus qu'ils nous sont inconnus ou mystérieux : amarante, cinabre, synecdoque. Les mots offrent alors une beauté exotique et lointaine qu'on a envie de découvrir comme de nouvelles terres, de nouvelles conquêtes, des territoires inexplorés.
Les mots se répondent aussi, se parlent entre eux, ils s’associent, se marient ou se contrarient. Le verbe, ou le mot par excellence, l'adverbe, le verbiage se fondent harmonieusement. L'homonyme, le synonyme, l'anonyme et l'antonyme forment une symbiose parfaite, une famille de mots inséparables.
Les mots comportent aussi des racines comme les plantes... Ces racines souvent invisibles réapparaissent au fil de découvertes. Panorama, panique, panthéon, pandémie comportent la même racine mais évoquent pourtant des notions diverses. L'anesthésie et la synesthésie communiquent entre elles et appartiennent cependant à des mondes différents : médecine, poésie et sensations se rejoignent ici curieusement !
Les mots nous permettent de jouer avec eux : ils sont de bonne compagnie ! On peut jongler avec eux, en inventer de nouveaux pour s'amuser et amuser la galerie ! Quel plaisir de lire Rabelais et ses chapelets de mots savoureux aux sonorités redondantes ! Quel bonheur de goûter les mots, les savourer ! Quel bonheur de humer le fumet de certains mots, effluves, parfums, épices, gardénia, romarin !
Les mots nous offrent tout un univers de pensée, de beauté, de culture car ils sont pour la plupart vieux comme le monde, ils ont une histoire, un passé qu'il est passionnant de découvrir : ils ont parfois évolué, grandi ou ont disparu ; la grammaire vient d'un mot gramma, la lettre, l'unité première du mot ! Sans les lettres, pas de mots et sans les mots pas de phrases pour développer les idées.
Les lettres elles-mêmes ont un sens : tantôt dures ou douces et légères, les lettres forment parfois une musique agréable à entendre, une harmonie de sons sans bornes.
Le monde des mots est infini, celui des livres et de la communication aussi : ouvrons le livre des mots car c'est une ouverture sur le monde, sur les autres. N'oublions pas que la pensée s'élabore avec des mots choisis, n'oublions pas la valeur des mots, leur poids, leur importance dans une société qui semble privilégier la communication mais qui s'en éloigne de plus en plus dans un individualisme exacerbé et néfaste : partageons le goût des mots, retrouvons les vertus du verbe originel !
Bonsoir sera le mot de la fin ...........