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27 juin 2016 1 27 /06 /juin /2016 07:06
La " rétro du lundi "

Tout savoir sur Les mystères de l’histoire: du Débarquement de Normandie, du 6 juin 1944

 

De jeunes soldats américains sur une plage de Normandie, le 6 juin 1944.

 

OPÉRATION OVERLORD

 

Le 6 juin 1944, c’est le Jour J:le débarquement en Normandie.

Le 6 juin 1944, c’est le Jour J:le débarquement en Normandie.

La machine allemande Enigma cryptait les messages radio. Son code a été découvert par Alan Turing. (DR)
La machine allemande Enigma cryptait les messages radio. Son code a été découvert par Alan Turing. (DR)

On croit tout savoir de l’opération Overlord, l’une des batailles les plus célèbres de l’histoire. Chacun se souvient de ces jeunes soldats jetés sur les plages de Normandie par une matinée grise et venteuse sous le feu meurtrier des bunkers allemands. Chacun vénère leur héroïsme et leur sacrifice, longuement célébrés par le cinéma. Pourtant, soixante-dix ans après, cette croisade de la liberté recèle encore des mystères, des zones d’ombre, des épisodes ignorés, mal connus ou volontairement occultés.

Contrairement à ce qu’on pense souvent et malgré l’énormité des moyens déployés – 5.000 navires, 10.000 avions, quelque 155.000 hommes -, l’assaut du 6 juin 1944 fut à deux doigts d’échouer. Dans les semaines qui suivirent le jour J, la bataille de Normandie fut l’une des plus dures de la guerre, et les Alliés rencontrèrent des difficultés qu’ils avaient largement sous-estimées. C’est le hasard de la météorologie qui a le mieux servi les assaillants le 6 juin. C’est l’initiative de quelques hommes qui a sauvé la situation au moment crucial. C’est l’opération de désinformation la plus importante du siècle, menée par un groupe d’espions baroques, qui a permis la victoire finale.

Nourrie par les commémorations officielles, la légende a transfiguré la réalité du combat pour en donner une image à la fois héroïque et édulcorée. En fait, les défaillances furent fréquentes, la violence mise en œuvre effrayante, et les exactions commises envers les civils nombreuses, à commencer par des bombardements massifs à l’utilité contestée. En s’appuyant sur le travail des meilleurs historiens, notamment Olivier Wieviorka et Antony Beevor (« D-Day et la bataille de Normandie », Calmann-Lévy), qui ont brisé les tabous et mis au jour les réalités cachées, « l’Obs » vous livre les derniers secrets du jour le plus long.

1. La bataille des glaces

L’opération Overlord a peut-être commencé trois années avant le 6 juin, dans les solitudes gelées du Spitzberg, de l’Islande et du Groenland. Dans ces contrées de neige et de froid, des commandos britanniques et américains ont été débarqués discrètement pour une guerre dans la guerre : celle de la météo. Il s’agissait de prendre d’assaut les stations d’observation établies par les Allemands à partir de 1940 dans l’Atlantique Nord, ce que ces soldats venus dans le froid réussirent sans coup férir.

L’enjeu semblait mineur. Il était décisif. Grâce à ce réseau de stations conquis par les armes, loin à l’ouest de l’Europe, les Alliés disposèrent en 1944 d’informations interdites aux météorologistes allemands. C’est ainsi que James Martin Stagg, conseiller de l’état-major allié, put fournir à Dwight Eisenhower, commandant suprême du corps expéditionnaire, des prévisions exclusives qui lui donnèrent un avantage stratégique.

Le 4 juin, Stagg fut l’oiseau de mauvais augure. Une tempête se préparait dans l’Atlantique, qui rendrait dangereuse la navigation des péniches de débarquement, disperserait les parachutistes et provoquerait le naufrage des chars amphibies prévus pour l’assaut. La mort dans l’âme, Eisenhower dut reporter l’opération Overlord, alors même que plus de 150 000 soldats s’étaient mis en route pour le combat suprême.

Ce contretemps fut une bénédiction pour les Alliés. Privés des précieuses stations, les Allemands ne virent pas que la tempête se calmerait pour trente-six heures à partir du 6 juin. Pour eux, le mauvais temps continuerait, empêchant tout débarquement pour les quatre ou cinq jours à venir. Commandant en chef des troupes de Normandie, Rommel décida de partir pour l’Allemagne, où il voulait fêter l’anniversaire de sa femme. A Rennes, l’état-major convoqua les principaux officiers de la région pour un exercice de simulation. Au jour J, le commandement allemand était absent.

Au même moment, Stagg, fort des bulletins envoyés des stations nordiques, pouvait annoncer à Eisenhower que le vent s’apaiserait pour un jour et demi le long des côtes normandes, avant de souffler de nouveau en tempête. Cette pause dans la dépression venue de l’Atlantique rendait possible l’opération prévue. Eisenhower écouta Stagg, le regarda droit dans les yeux, garda le silence trente secondes, puis, devant son état-major interdit, laissa tomber son verdict : « Let’s go. »

2. Le héros inconnu

Il fut un des hommes clés de l’opération. Pourtant, parce qu’il était homosexuel, il fallut attendre plus de soixante ans pour qu’on lui rende justice.

Alan Turing était sans doute le mathématicien le plus doué de sa génération. Chercheur à Cambridge, c’était un jeune homme excentrique qui était saisi par des obsessions infantiles. Il avait par exemple vu quarante fois « Blanche-Neige et les sept nains », dont il connaissait chaque plan et chaque réplique par coeur. En dépit de ses névroses, il s’était rendu célèbre dans les cercles académiques en imaginant le principe d’une machine universelle, qu’on appellerait bien plus tard un ordinateur.

Quand la guerre commença, Turing fut engagé dans une équipe bizarre, composée de mathématiciens, de germanisants, de linguistes, de spécialistes des codes et d’amateurs de mots croisés. Réunie dans des huttes en tôle élevées dans le parc du manoir de Bletchley non loin de Londres, elle avait pour but de décrypter les communications secrètes de la Wehrmacht. Ces messages radio étaient cryptés par un appareil compliqué appelé Enigma, une sorte de machine à écrire à laquelle on avait ajouté trois rouleaux de métal qui tournaient dès qu’on tapait une lettre. Ces trois rotors garantissaient le secret : grâce à la rotation automatique, les lettres n’étaient jamais codées de la même manière, ce qui rendait les messages indéchiffrables par les crypto-analystes.

La machine allemande Enigma cryptait les messages radio. Son code a été découvert par Alan Turing. (DR)

Le nom de code ultrasecret « Overlord » apparaît avant l’opération dans les mots croisés du Daily Telegraph ».
Le nom de code ultrasecret « Overlord » apparaît avant l’opération dans les mots croisés du Daily Telegraph ».

La machine recelait une faille, et c’est là qu’Alan Turing entra en jeu. Les services secrets britanniques avaient réussi à se procurer un exemplaire d’Enigma, ainsi que plusieurs manuels de codage saisis dans des bateaux ou sur des sous-marins coulés par la Navy. Les crypto-analystes détectèrent quelques régularités dans le codage des messages et comprirent qu’en mettant en oeuvre le principe de Turing, et donc en construisant grâce à lui l’un des premiers ordinateurs de l’histoire, capable de tester des milliers de combinaisons en quelques minutes, on pouvait déchiffrer en temps réel des messages qu’on aurait normalement mis des semaines à comprendre.

Dès 1940, les équipes de Bletchley Park furent en mesure de transmettre chaque jour à Churchill le texte en clair des communications allemandes les plus confidentielles. Turing et ses crypto-analystes apportèrent une aide décisive à la victoire dans plusieurs batailles, notamment celle d’ElAlamein et celle de l’Atlantique. Ils firent arrêter tous les espions envoyés en Grande-Bretagne par les nazis. Pendant la préparation d’Overlord, ils surveillèrent jour après jour les efForts de défense déployés par la Wehrmacht. Grâce à eux, enfIn, les Britanniques purent vérifIer la bonne marche de l’opération Fortitude, destinée à tromper Hitler sur le lieu et la date du Débarquement. Turing avait donné à Churchill l’un de ses atouts maîtres.

Son aventure se termina en tragédie. Turing était homosexuel dans une Grande-Bretagne où les relations intimes entre personnes du même sexe étaient réprimées par la loi. La paix revenue, sa maison fut un jour cambriolée, et la police vint enquêter chez lui. Elle constata qu’il avait des relations avec un homme. Il fut arrêté, jugé et condamné à subir un traitement médical à base d’œstrogènes. Cette médication forcée aggrava ses névroses. Martyrisé par le pays qu’il avait contribué à sauver, il devint dépressif. Un jour, il prit une pomme et, comme l’avait fait la sorcière de Blanche-Neige, l’enduisit de poison. Puis il la croqua.

Sa mort passa inaperçue. Il fallut attendre soixante ans pour que la reine consente à le gracier à titre posthume et que le gouvernement britannique, par la voix du Premier ministre Gordon Brown, reconnaisse sa dette envers lui. Aujourd’hui, le prix le plus prestigieux en science de l’informatique s’appelle le prix Turing.

3. Le mystère du « Daily Telegraph »

Au mois de mai 1944, les services de sécurité britanniques furent pris de panique. Ils venaient de constater que les mots croisés du quotidien conservateur « The Daily Telegraph » avaient donné depuis quelques jours, comme solution à des définitions, les mots de « Omaha », « Overlord », « Neptune » ou « Sword ». Autrement dit, les noms de code attribués aux plages normandes ou bien aux opérations destinées à établir une tête de pont en France, toutes choses évidemment ultra secrètes.

Des soldats dans une barge des garde-côtes américains, à l’approche des plages de Normandie, le 6 juin 1944. (Anonymous/AP/Sipa)
Des soldats dans une barge des garde-côtes américains, à l’approche des plages de Normandie, le 6 juin 1944. (Anonymous/AP/Sipa)

L’auteur des mots croisés, un professeur respectable et connu du public, fut interrogé. Il plaida la coïncidence. Depuis la guerre, des amateurs de statistiques ont calculé que la probabilité de voir apparaître dans ces grilles les quatre ou cinq mots en question par le seul jeu du hasard était inférieurs à une chance sur plusieurs millions.

Aujourd’hui encore le mystère reste entier. On suppose que l’auteur des grilles s’était adressé à ses étudiants pour trouver des mots et des définitions nouvelles. Ces étudiants fréquentaient des militaires stationnés en Grande-Bretagne : ils auraient entendu les noms de code au cours de conversations sans savoir ce qu’ils désignaient. Mais c’est une hypothèse…

4. Les comanches attaquent à l’aube

Comment se parler par radio quand les Allemands sont à l’écoute ? Pour assurer la sécurité des communications, il fallait surmonter un dilemme. Si les opérateurs radio intégrés aux troupes d’assaut se parlaient en clair, pour orienter l’attaque ou guider l’aviation, par exemple, il suffisait à un Allemand parlant anglais de se mettre sur la même longueur d’onde. Mais s’ils se parlaient en code, les communications s’en trouvaient fortement ralenties : il fallait à chaque fois crypter et décrypter les messages.

A ce problème classique dans les armées, les Américains ont trouvé une solution originale. Sur Utah Beach, treize Indiens comanches enrôlés dans l’US Army et formés à la radio figurèrent parmi les premiers attaquants. C’est l’un d’entre eux qui envoya le premier message, en langue comanche, à son correspondant en mer, qui le traduisit immédiatement pour le commandement : « Le Débarquement a réussi mais nous sommes au mauvais endroit. »

Sécurité totale : l’armée américaine s’était assurée au préalable que personne en dehors des Etats-Unis ne comprenait la langue comanche. Comme certains termes techniques n’existaient pas dans cette langue, il fallut recourir à des métaphores. « Char d’assaut » fut traduit par « tortue de fer ». Pour le mot « Hitler », les Comanches avaient trouvé une locution expressive : « le Blanc fou ».

5. Le débarquement va échouer !

Le 5 juin dans l’après-midi, Dwight Eisenhower écrit ces lignes : « Les forces que nous avons débarquées en Normandie n’ont pas réussi à établir une tête de pont suffisante. J’ai donné l’ordre de les retirer. [ …] Si des erreurs ou des fautes ont été commises, j’en porte seul la responsabilité. » Le commandant en chef du corps expéditionnaire allié n’eut pas à publier cette lettre, écrite en prévision d’un éventuel échec. Mais il avait bien mesuré les risques que comportait l’opération Overlord. Un film comme « le Jour le plus long » donne l’image d’un assaut irrésistible, appuyé sur une machine de guerre américaine invincible. En fait, tout fut infiniment plus dur.

Des soldats américains aident leurs camarades épuisés pendant le débarquement à Utah Beach, le 6 juin 1944. (AFP)
Des soldats américains aident leurs camarades épuisés pendant le débarquement à Utah Beach, le 6 juin 1944. (AFP)

Le mur de l’Atlantique opposait des obstacles redoutables à l’invasion. Il fallait débarquer en une journée quelque 150 000 hommes et leur matériel, sous le feu des mortiers, des canons et des mitrailleuses. Pour y parvenir, il fallait réduire au silence, par des bombardements puis par un assaut de vive force, les batteries et les défenseurs des plages. Il fallait en même temps, par un lâchage massif de parachutistes, sécuriser les abords d’une zone immense, située entre l’Orne et le Cotentin, pour prévenir l’inévitable contre-offensive des blindés allemands.

Sur quatre des cinq plages choisies, Utah, Gold, Juno et Sword, l’attaque fut une réussite. Mais sur la cinquième, Omaha, dans le secteur américain, les Alliés frôlèrent la catastrophe. Ce fut le résultat d’une succession d’erreurs. L’aviation manqua son but, et les bombes lancées contre les bunkers allemands tombèrent dans la campagne. Le bombardement naval rata sa cible, et les obus de marine se perdirent à l’intérieur des terres. Les chars amphibies nécessaires à la destruction des défenses allemandes furent mis à l’eau trop tôt, dans une mer encore secouée par la tempête de la veille. La plupart coulèrent sur le trajet. Si bien que les premières vagues d’assaut, débarquées vers 6h30 du matin, durent affronter avec des armes légères des lignes de défense pratiquement intactes.

Le résultat fut un massacre effrayant, bien reconstitué par Steven Spielberg dans « Il faut sauver le soldat Ryan ». Les rares survivants se retrouvèrent cloués au sol pendant des heures, terrorisés et paralysés, au milieu des cadavres et des hurlements des blessés, à court de munitions et privés de commandement, à quelques mètres d’une eau rouge de sang. A midi, le général Bradley qui commandait le secteur américain, faillit donner l’ordre de rembarquement.

Les survivants d’Omaha durent leur salut à quelques individus d’exception, comme le général Norman Cota, qui les rassembla sous le feu et les convainquit par l’exemple d’avancer vers l’ennemi. A force d’héroïsme individuel, la plage fut conquise dans l’après-midi. Mais ce fut au prix de 1 500 morts et 2 000 blessés chez les assaillants. Sans Cota et les autres, les Allemands auraient pu revenir en force sur le rivage et couper en deux le corps expéditionnaire, compromettant toute l’opération…

6. Stalingrad dans le bocage

La bataille de Normandie, qui suivit l’assaut des plages, fut bien plus cruelle que prévu. Les Alliés échouèrent à prendre Caen et son aéroport le premier jour. Il fallut attendre un mois pour s’emparer de la ville après deux opérations sanglantes, et ratées pour l’essentiel, Goodwood et Epsom.

Plus à l’ouest, la difficulté de la guerre dans le bocage avait été sous-estimée. Les Allemands possédaient des armes plus perfectionnées que celles des Alliés, notamment les canons de 88 millimètres et les chars Tigre, plus puissants que les Sherman américains. Ils se battaient avec acharnement, protégés par des haies innombrables et épaisses, embusqués dans les clochers et les fermes face à une infanterie qui devait avancer à découvert. On a calculé que la concentration des divisions blindées et les pertes en hommes furent comparables à celles qu’on rencontrait sur le front de l’Est.

C’est seulement au mois d’août, grâce à leur supériorité aérienne écrasante et à l’arrivée de renforts massifs que les divisions américaines du général Patton purent percer le front vers l’ouest et déborder les défenses allemandes.

7. La Wehrmacht contre Hitler

C’est l’un des aspects souvent méconnus de la bataille de Normandie : pendant qu’ils se battaient contre les Alliés, de nombreux officiers allemands complotaient aussi contre Hitler. Hans Speidel, par exemple, chef d’état-major de Rommel, était l’un des principaux conjurés. Ces généraux et colonels avaient des itinéraires variés. Certains, plutôt rares, étaient opposants au nazisme depuis toujours ; d’autres, plus nombreux, n’avaient jamais été gênés par la nature du régime, jusqu’au moment où la Wehrmacht subit de graves revers en Russie.

Après Stalingrad, une partie du commandement estima que Hitler menait l’Allemagne à la catastrophe et qu’il fallait s’en débarrasser. Effrayés à l’idée de voir l’Armée rouge occuper leur pays, ils voulaient renverser le régime et conclure une paix séparée avec les Alliés. Ils comptaient se tourner ensuite contre les armées de Staline avec l’approbation sinon la participation des Anglo-Saxons.

La conspiration atteignit son paroxysme le 20 juillet 1944, quand le colonel Claus von Staufenberg, convié à une réunion d’état-major, réussit à poser une bombe dissimulée dans une serviette de cuir à quelques mètres du Führer. Comme on sait, l’explosion épargna Hitler et le complot fut ensuite réprimé avec une cruauté inouïe. Plusieurs officiers généraux combattant en Normandie furent arrêtés ou contraints de se suicider. Le complot, toutefois, n’eut guère d’influence sur la bataille : les conjurés estimaient qu’il fallait de toute manière se battre le mieux possible pour inciter les Alliés à traiter.

8. La sale guerre

La violence des combats provoqua l’apparition d’atrocités dont les Alliés n’avaient pas l’idée en débarquant. Des parachutistes pendus dans les arbres furent émasculés. Plusieurs fois, les SS exécutèrent leurs prisonniers. Ils fusillèrent nombre de résistants, tout en épargnant relativement la population civile pour éviter d’avoir à combattre une insurrection en plus des forces alliées. Sur les plages, des prisonniers allemands furent exécutés, d’autres furent contraints de pénétrer en tête sur les champs de mines pour ouvrir la voie.

Les Allemands laissaient derrière eux toutes sortes de pièges destinés à tuer ou à mutiler leurs adversaires – cadavres cachant des explosifs, mines antipersonnel qui explosaient à la hauteur de l’entrejambe, bombes dissimulées dans les maisons ou dans le matériel abandonné. En représailles, les soldats alliés ne ménageaient pas leurs ennemis, usant de lance-fammes pour les débusquer ou bien disséminant des tireurs d’élite munis de fusils à lunette dans la campagne. Les chasseurs-bombardiers étaient omniprésents et s’attaquaient systématiquement aux véhicules isolés.

Plusieurs généraux furent tués ou blessés par ces attaques aériennes ciblées. Au total, la bataille de Normandie fit quelque 30 000 morts chez les Alliés et autant chez les Allemands.

9. La mort dans la tête

Beaucoup d’hommes ne purent pas supporter la dureté de la bataille. Olivier Wieviorka a décrit le calvaire moral enduré par les combattants. Les jours étaient longs, les combats sans fin, le sommeil rare. Les abris étaient précaires, les rations froides, l’habillement insuffisant. Les pluies de l’été 1944 furent les plus fortes du siècle. La couverture aérienne fut intermittente, et les trous où l’on se terrait pour la nuit étaient souvent inondés. L’abondance des haies et des chemins creux renforçait le sentiment de vulnérabilité. Les embuscades étaient fréquentes et meurtrières. Faute d’effectifs, les unités étaient rarement relevées, et beaucoup de soldats débarqués au début de juin combattirent sans trêve jusqu’au mois d’août.

Les troupes britanniques et canadiennes débarquent à Juno Beach, le 6 juin 1944. (Mary Evans/Sipa)
Les troupes britanniques et canadiennes débarquent à Juno Beach, le 6 juin 1944. (Mary Evans/Sipa)

Ces conditions terribles mirent à l’épreuve les nerfs des fantassins. Les désertions et les mutilations volontaires furent nombreuses. Plusieurs milliers de soldats furent victimes de troubles psychiatriques qui les empêchèrent de continuer la guerre. Un tiers des blessés environ n’étaient pas touchés physiquement, mais atteints de psychonévrose ou d’épuisement au combat. Le commandement allié dut admettre la réalité de ces maladies traumatiques et hospitaliser ceux qui craquaient. Les mêmes phénomènes frappèrent évidemment les combattants allemands. Mais la Wehrmacht ne reconnaissait pas ces troubles mentaux. Ceux qui craquaient étaient fusillés.

10. La bataille du sexe

Universitaire américaine, Mary Louise Roberts vient de lever le voile sur un aspect jusqu’ici occulté de la bataille de Normandie : l’attitude d’une partie du corps expéditionnaire américain envers les femmes françaises. Certes, dans leur immense majorité, les GI traitèrent avec respect les populations qu’ils étaient venus libérer. Mais une minorité d’entre eux crurent trop aux préjugés en cours aux Etats-Unis sur la France et les Français.

Pour la presse, pour une partie du commandement, la France était le pays de la bonne vie et du sexe libre. La prostitution était légale et, plus généralement, les femmes françaises avaient la réputation injustifiée de céder facilement aux avances des vainqueurs. Nombre de liaisons entre soldats et jeunes Françaises ne prêtaient à aucune critique. Mais les agressions sexuelles furent fréquentes et les plaintes des autorités civiles françaises nombreuses. Dans les cas extrêmes, 152 fois, il fallut répondre à des accusations de viol formulées par des Françaises à l’encontre de soldats américains. Plusieurs dizaines de GI condamnés par la justice militaire furent pendus.

Ces affaires reflétaient aussi l’une des particularités du corps expéditionnaire : la ségrégation dont étaient victimes les Noirs dans l’armée américaine. La grande majorité des condamnations pour viol frappèrent des soldats afro-américains, alors qu’ils représentaient à peine 10% des effectifs. Pour le commandement, cette surreprésentation confortait un préjugé : les Noirs avaient une sexualité exubérante qui les conduisait au crime.

Mais Mary Louise Roberts montre aussi que les tribunaux militaires américains avaient une fâcheuse tendance à sévir surtout contre les soldats noirs et à traiter avec beaucoup plus de légèreté les mêmes faits quand ils étaient imputés à des soldats blancs. L’analyse des procès révèle que souvent les condamnations des soldats noirs étaient prononcées sans preuves, sur la foi de témoignages contestables. Ainsi, l’armée américaine, qui agissait au nom de valeurs universelles et qui a libéré l’Europe, gardait aussi certaines pratiques dont les Etats-Unis n’allaient se débarrasser que beaucoup plus tard…

11. Messieurs les Anglais…

Quand les Français se remémorent ces mots : « Ils ont débarqué ! », ils pensent évidemment aux GI américains et non aux tommies britanniques. Pendant que défile le générique du « Jour le plus long », produit par un Américain, Darryl Zanuck, on voit en gros plan un casque abandonné sur une plage, qui symbolise la souffrance des soldats. Le casque est américain. Les trois meilleurs films consacrés au D-Day « Au-delà de la gloire » de Samuel Fuller, « Il faut sauver le soldat Ryan » de Steven Spielberg et « Frères d’armes » de Tom Hanks et Steven Spielberg, mettent en scène des unités américaines. Pourtant ce sont les Britanniques qui auraient mérité la première place dans la légende.

La " rétro du lundi "

Sur les 155 000 hommes du jour J, la moitié sont britanniques, et d’autres sont canadiens. Sur cinq plages, trois ne sont pas américaines, Gold, Juno et Sword. Si le commandant en chef, Eisenhower, est américain, le chef des troupes à terre, Bernard Montgomery, est anglais. L’assaut des plages confiées aux Britanniques fut mieux préparé et mieux exécuté que celui des plages américaines.

Les opérations avaient été étudiées très à l’avance en Grande-Bretagne sous la direction de lord Mountbatten, membre de la famille royale et chef des opérations combinées. Les ports artificiels qui ont permis d’acheminer des renforts, les « Mulberries », étaient une invention deWinston Churchill. Un officier britannique, le général Hobart, avait mis au point des chars spécialisés qui permettaient d’ouvrir les champs de mines sans pertes ou de cisailler les haies du Bocage normand. La Royal Navy et la Royal Air Force prirent une part décisive à l’assaut.

Enfin, l’opération Fortitude, qui a trompé les Allemands de manière magistrale, a été conçue et réalisée par l’Intelligence Service et l’état-major britannique. C’est seulement par la suite que l’armée américaine prit l’ascendant sur les troupes britanniques, grâce à la force de l’industrie des Etats-Unis et parce que l’Empire britannique avait épuisé ses ressources en combattant seul contre Hitlerpendant plus d’un an.

12. Et les Français ?

Par masochisme ou par ignorance, on daube fréquemment sur la minceur extrême des effectifs français engagés le 6 juin : les 177 membres du commando Kiefer, certains parachutistes des équipes Jedburgh largués sur la Bretagne, les marins des deux navires présents au large des plages. C’est tout.

La moquerie est injuste. D’abord, les hommes de Kiefer, intégrés dans les troupes d’élite de lord Lovat, férocement entraînés pendant deux ans par leur chef, ont atteint tous leurs objectifs, notamment le casino d’Ouistreham, transformé en bunker par les Allemands et pris au matin du 6 juin. Sur les 177 hommes de Kiefer, 153 furent tués ou blessés pendant la bataille de Normandie.

Ensuite, il était convenu que les soldats français, recrutés surtout en Afrique du Nord, combattraient en Italie, avec l’armée qui affrontait les Allemands dans la péninsule. Nombreux, bien entraînés, bien commandés, mélangeant troupes coloniales et combattants musulmans, ces soldats jouèrent un rôle important dans la Libération. Beaucoup se couvrirent de gloire à la bataille du Monte Cassino ou pendant le débarquement de Provence.

La Résistance française, enfin, aida au succès d’Overlord. Sa force militaire était réduite. En revanche, les actions de renseignement et de sabotage effectuées par l' »armée des ombres » furent précieuses. Grâce aux résistants, les Alliés connaissaient en détail les fortifications du mur de l’Atlantique. Au jour J, la coupure des communications et le sabotage des chemins de fer désorganisèrent la riposte allemande. Enfin, l’insurrection, souvent prématurée, lancée dès le 6 juin dans toute la France, gêna l’acheminement des renforts allemands vers les plages normandes. Aux Glières, sur le plateau du Vercors, à Oradour ou à Tulle, maquisards et civils payèrent le prix du sang.

Sources: Nouvel Observateur

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20 juin 2016 1 20 /06 /juin /2016 07:00
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Aujourd'hui l'origine du mot

 

Cuiller, cuillère

(D’après « Le Courrier de Vaugelas », paru en 1872)

 

En latin, une coquille de limaçon se dit cochlea, et c’est probablement par suite de la comparaison d’une cuillère à une coquille que l’on a fait dans la même langue le mot cochlear ou cochleare pour désigner l’ustensile de table en question.

Or, cochlear étant neutre, il a naturellement donné un nom masculin en français ; aussi trouve-t-on cuiller du genre masculin à l’origine de notre idiome, comme le montre l’exemple suivant, du XIIe siècle, pris dans le dictionnaire de Littré : « Il s’abaissa [se baissa] si a pris un cuillier ».

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Plus tard, pour une raison que nous ignorons, ce nom, tout en gardant la même écriture, devint du féminin, genre qui lui resta pendant le XIVe et le XVe siècles, comme le prouve ce qui suit :

« Autre plus petit estuy pour mettre une petite cuillier d’or de la royne » (De Laborde, Emaux, p. 238)

« On ne perdroit pas céans une cuillier d’or ou d’argent,
ni rien qui soit, que il ne le sçust tantost » (Froissart, II, III, 22)

Au XVIe siècle, il prit la forme féminine, au sens où il s’écrivit avec un e final, fait attesté par ces exemples :

« Trudon, prenez toutes ces cuilleres d’argent, et ce drageouer. Vous, laquays, prenez ceste grande salliere. » (Rabelais, Pantagruel, IV, 13)

« Une cuillere d’argent » (Ambroise Paré, XX bis, 26)

Mais en même temps, il conservait sa première orthographe, ce qui lui en fit deux ; et comme l’une et l’autre sont venues jusqu’à nous, on peut se demander laquelle il convient de tenir pour meilleure. La préférence du philologue Eman Martin va à cuillère, pour les raisons suivantes :

1° D’abord, comme à l’exception de mer (où l’on conçoit que l’on n’ait pas mis d’e final pour ne pas faire de confusion avec mère), tous les autres mots à la finale er, prononcée ère, sont du masculin, il apparaît que cuillère s’adapte mieux au genre féminin qu’a pris ce substantif.

2° Ensuite, dans le Berry, ce mot, qui est aussi féminin, s’écrit par e final : quillère (prononcé ki), et il en est de même dans le patois de la Saintonge : chillère, chulière.

3° Enfin, en espagnol, cuchera, aussi du féminin, a une finale qui correspond à notre finale ère.

 

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13 juin 2016 1 13 /06 /juin /2016 07:03
La " rétro du lundi "

Aujourd'hui voyons l'origine et la définition du mot; 

 

Boucan

(D’après « Revue de synthèse historique », paru en 1932)

Vacarme assourdissant, tapage

Les mots boucanier, boucaner, boucané, dérivent normalement du mot boucan, lequel, explique le dictionnaire Hatzfeld-Darmsteter-Thomas, a été formé d’après un vocable caribéen, boucaconi ou boucaboni, qui signifiait : « frapper d’une flèche » et aussi « gibier » : Ceci d’après la relation du voyage de Jean de Léry, 1ère édition, 1578.

Le dictionnaire ajoute que boucan désigna deux objets : d’une part la « viande que les Caraïbes faisaient sécher à la fumée » ; d’autre part, le « gril de bois » qui leur servait à cela. Mais il y faut joindre deux autres significations, que l’on rencontre en beaucoup d’ouvrages des XVIIe et XVIIIe siècles : les Français des Antilles nommaient boucan l’acte de boucaner la viande (dans l’expression « faire un boucan ») et l’endroit même où l’opération était accomplie, par eux ou par les Caraïbes.

Au sens de « lieu de débauche », boucan n’apparaît, constate le dictionnaire précité, qu’au XVIIe siècle ; son emploi repose vraisemblablement sur la réputation, grossie, des orgies auxquelles se livraient parfois les boucaniers. L’expression argotique « faire du boucan », perpétue, en quelque sorte, le lointain souvenir du vacarme qui, sans doute, accompagnait les festins de boucaniers. Signalons, enfin, que l’on rencontre, dans le français des XVe et XVIe siècles, le vocable « boucan » au sens de « vieillerie démodée » ; mais, observe le dictionnaire susdit : il était en usage avant toute colonisation européenne en Amérique, et son étymologie est inconnue.

Un boucanier. Gravure extraite de l’Histoire des aventuriers flibustiers qui se sont signalés dans les Indes

Un boucanier. Gravure extraite de l’Histoire des aventuriers flibustiers qui se sont signalés dans les Indes

C’est ici l’occasion de s’attarder sur le sens du mot boucanier et sur la confusion longtemps entretenue avec le flibustier. Qu’était-ce qu’un boucanier ? Un chasseur de taureaux — et non pas « de bœufs » comme l’ont dit en général, assez absurdement, les écrivains français. Les Espagnols disaient : tueurs de taureaux ; les Anglais : tueurs, ou chasseurs de vaches — et vaches sauvages, ou bien « de sangliers », plus exactement de cochons sauvages « marrons », comme on disait d’après le mot espagnol « cimarron », dont l’espèce s’était à la longue rapprochée un peu de celle du sanglier. Dès la fin du XVe siècle, les Espagnols introduisirent dans le Nouveau-Monde, en grand nombre, des coupes de bêtes à cornes et de porcs. Beaucoup de ces animaux s’enfuirent des parcs mal clos où ils étaient enfermés, allèrent vivre à l’état sauvage dans les forêts et les montagnes, y pullulèrent bientôt de manière surprenante.

Les deux catégories de chasseurs étaient nettement spécialisées ; la première seule — de beaucoup la plus nombreuse — pouvait arriver à autre chose qu’à vivoter péniblement : le chasseur de taureaux et de vaches était aussi marchand de cuirs, parfois en grand.

Or, dès le XVIIe siècle, les écrivains anglais prirent la fâcheuse habitude de désigner par le mot boucaniers, « buccanners », les flibustiers, ou bien, pêle-mêle, les uns et les autres ; habitude qui a persisté. Il importe à l’histoire de relever cette étrange confusion. En 1684 déjà, la première traduction anglaise de l’ouvrage écrit en néerlandais Histoire d’avanturiers qui se sont signalez dans les Indes (1678) du flibustier Alexandre-Olivier d’Exquemelin (parfois écrit OExmelin), faite sur la version espagnole de 1681 — l’unique traduction directe —, commençait par « Bucaniers of America », alors que la version espagnole portait « Piratas de la America... », et qu’en 1686 la première version française, faite sur le texte anglais, ait dit « Histoire des Aventuriers ». On récidiva en Angleterre, quand on y édita, en 1699, la première compilation d’ « OExmelin », Raveneau de Lussan, etc.

Vainement, en France, au XVIIIe siècle (1774 et 1775) « l’édition de Trévoux » de la compilation, tirée à un nombre énorme d’exemplaires, précisa bien « Histoire des aventuriers flibustiers qui se sont signalés dans les Indes ». Sans parler d’Edwards (Bryan), des historiens anglais bien plus récents ont persisté dans leur confusion. Une confusion absurde, pour plusieurs raisons.

1° Les boucaniers étaient des coureurs de bois, exerçant, comme leurs confrères du Canada, par exemple, une véritable profession, classée, reconnue. Ce faisant, et aussi par suite de circonstances géographiques et historiques, ils étaient des demi-nomades, soit, mais pas des vagabonds, et ils restaient des terriens. Leurs luttes contre les Espagnols, leurs fugues, individuelles ou par petits groupes, en la compagnie de flibustiers, n’est qu’épisodique.

2° Leur adaptation à une véritable colonisation n’exigea pas un très grand nombre d’années ; la majorité passa aisément de la chasse à l’élevage et de l’élevage à la culture, faisant plus d’une fois, parallèlement, les trois métiers.

3° S’ils restèrent attachés à la terre, c’est que la plupart en venaient. Certes, la documentation précise et détaillée fait défaut, sur le recrutement de la boucane, bien plus encore que sur celui de la flibuste. Toutefois, on a deux certitudes documentaires. On sait que si toutes les classes sociales étaient représentées, en proportions extrêmement variables, dans la foule des aventuriers qui afflua aux Antilles durant le XVIIe siècle, la très forte majorité de ceux-ci était composée de marins et de soldats déserteurs ou congédiés, de garçons de fermes, de petits fermiers ruinés, d’ouvriers, de petits artisans. On sait également de manière certaine que la flibuste compta — très logiquement — un nombre énorme des premiers surtout, les marins, et des seconds, les ex-soldats ; donc seulement un appoint venu des autres catégories énoncées. Par suite — et tout aussi logiquement — la boucane, on peut l’affirmer sans nulle crainte de se tromper, se recruta, en pourcentage énorme, dans ces autres catégories.

Les flibustiers, eux, ne furent que des coureurs des mers, ne s’attachant à rien, si ce n’est aux expéditions sanglantes et à leurs buts : pillages, saouleries, débauches. Il est impossible de parler d’un de ces deux groupements sans parler aussi de l’autre. Mais dans l’histoire des mots comme dans l’histoire « tout court », ils doivent être nettement distingués l’un de l’autre.

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6 juin 2016 1 06 /06 /juin /2016 09:17
La " rétro du lundi "

Aujourd'hui dans la rubrique expression Française

 

 

On admet pour l’expression « Au temps pour moi » exprimant la reconnaissance d’une erreur de la part du locuteur, deux graphies différentes : la première, plébiscitée par l’Académie française ; la seconde, « Autant pour moi », couramment utilisée et en faveur de laquelle plaida en 2003 l’historien du langage Claude Duneton

 

Le recours à cette expression s’impose lorsqu’on souhaite signifier à notre interlocuteur que l’on va reprendre un raisonnement et changer notre analyse de la situation. L’origine de la locution serait militaire, et l’Académie française justifie de la façon suivante la graphie officiellement recommandée :

« Il est impossible de savoir précisément quand et comment est apparue l’expression familière au temps pour moi, issue du langage militaire, dans laquelle au temps ! se dit pour commander la reprise d’un mouvement depuis le début (au temps pour les crosses, etc.). De ce sens de C’est à reprendre, on a pu glisser à l’emploi figuré. On dit Au temps pour moi pour admettre son erreur — et concéder que l’on va reprendre ou reconsidérer les choses depuis leur début.

« L’origine de cette expression n’étant plus comprise, la graphie Autant pour moi est courante aujourd’hui, mais rien ne la justifie. »

De fait, la seconde graphie est aujourd’hui fort répandue. Dans Le Bon usage, grammaire descriptive du français publiée pour la première fois en 1936 par Maurice Grevisse (1895-1980), et dont la 15e édition est parue en 2011 sous la direction de son gendre André Goose, on trouve la remarque suivante :

« Au temps pour moi, dit par qqn qui reconnaît sa responsabilité, son erreur : Il [= un jeune bourgeois] avait fait une erreur dans un raisonnement délicat et il avait dit gaiement : « Au temps pour moi. » C’était une expression qu’il tenait de M. Fleurier [son père] et qui l’amusait (Sartre, Mur, L. P., p. 176).

« Au temps est souvent altéré en autant : cf. Trésor, t. 16, p. 45 ; Bernay et Rézeau, Dict. du fr. parlé, p. 29. — Damourette et Pichon, §02690, se demandent si autant n’est pas la forme primitive.

De son côté, l’historien du langage et écrivain Claude Duneton (1935-2012), écrivant dans la rubrique « Le plaisir des mots » du Figaro littéraire du 18 décembre 2003, plaide sans détour en faveur de la graphie « autant pour moi » :

« [...] Autant pour moi est une locution de modestie, avec un brin d’autodérision. Elle est elliptique et signifie : Je ne suis pas meilleur qu’un autre, j’ai autant d’erreurs que vous à mon service : autant pour moi. La locution est ancienne, elle se rattache par un détour de pensée à la formule que rapporte Littré dans son supplément : Dans plusieurs provinces on dit encore d’une personne parfaitement remise d’une maladie : il ne lui en faut plus qu’autant [...] elle n’a plus qu’à recommencer. »

« Par ailleurs, on dit en anglais, dans un sens presque analogue, so much for... « Elle s’est tordu la cheville en dansant le rock. So much for dancing ! » (Parlez-moi de la danse ! So much, c’est-à-dire autant. C’est la même idée d’excuse dans la formulation d’usage : Je vous ai dit le « huit » ? Vous parlez d’un imbécile ! Autant pour moi : c’est le dix qu’ils sont venus, pas le huit. Le temps ici n’a rien à voir à l’affaire. Du reste on dit très rarement autant pour toi, ou autant pour lui, qui serait l’emploi le plus « logique » s’il y avait derrière quelque histoire de gesticulation.

« Par les temps qui courent, j’ai gardé pour la fin ma botte secrète, de quoi clore le bec aux supposés gymnastes et adjudants de fantaisie dont jamais nous n’avons eu nouvelles. Dans les Curiositez françoises d’Antoine Oudin publié en l’an de grâce 1640, un dictionnaire qui regroupe des locutions populaires en usage dès le XVIe siècle, soit bien avant les chorégraphes ou les exercices militaires on trouve : Autant pour le brodeur, « raillerie pour ne pas approuver ce que l’on dit ».

« Aucune formule ne saurait mieux seoir à ma conclusion [...]. »

 

Au temps pour moi : graphie utilisée dans La Caricature en 1892

Au temps pour moi : graphie utilisée dans La Caricature en 1892

On cite régulièrement l’ouvrage Sous Verdun de Maurice Genevoix, paru en 1916, comme étant la plus ancienne source comportant la graphie « Au temps pour moi ». Pourtant, elle apparaît déjà près de 25 ans auparavant, la seconde graphie lui emboîtant le pas 6 ans plus tard...

Il n’est en effet pas inintéressant d’observer qu’on trouve dès la fin du XIXe siècle, les deux graphies de l’expression qui nous occupe, apparaissant de surcroît au sein d’un même récit, publié à six ans d’intervalle, au caractère humoristique et... militaire — certains y verront un singulier clin d’œil à l’origine supposée de la locution — intitulé : Psitt ! Perruquier ! et sous-titré Conte régimentaire, signé Jacques de Garches et dont voici l’extrait.

Autant pour moi : graphie utilisée dans La Petite Caricature en 1898

Autant pour moi : graphie utilisée dans La Petite Caricature en 1898

La première graphie y est utilisée, dans le numéro du 9 avril 1892 de La Caricature, publication dont le célèbre illustrateur et romancier Albert Robida (1848-1926) était alors le rédacteur en chef :

« Soudain j’vois arriver lieutenant Gigofin, à cheval, bride abattue :

« — Eh bien ! perruquier, scrongnieu ! et cette goutte ? avez donc bu en route ? Hein ? broc vide, plus rien que p’tit chose et grand machin ; avez absorbé l’ordinaire ? Très grave ; cas de conseil !!! D’ailleurs, au temps pour moi : maladresse ! Choisi perruquier réserviste ; soldat macache ! Parlez-moi d’l’active ! bons soldats, connaissent l’métier. Mais réservistes, recrutés dans le civil. Comprennent rien ! Pour cette fois, m’contenterai pour vous de dégradation militaire : serez cassé d’perruquier ! Scrongnieu ! »

Le même texte est publié dans le numéro du 6 décembre 1898 de La Petite Caricature, journal de contes joyeux. Mais cette fois, la graphie utilisée pour l’expression est « Autant pour moi ».

Autant pour moi : graphie utilisée dans Le Journal en 1902

Autant pour moi : graphie utilisée dans Le Journal en 1902

On trouve encore cette dernière graphie dans une scène, parue au sein du Journal du 7 octobre 1902, du feuilleton Josette de l’écrivain et journaliste connu pour ses pastiches littéraires Paul Reboux (1877-1963) : « Un homme était sur le seuil, quelque peu gêné, tourmentant sa casquette : Béju. D’un coup d’oeil il inspecta la pièce. Elle n’est pas là, pensa-t-il. Autant pour moi... Ma foi, allons-y tout de même ! »

 

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30 mai 2016 1 30 /05 /mai /2016 09:01

L’étonnante archive de l’Ina !

La voiture électrique : une révolution ? Pas vraiment !

 

L'Œuf électrique : une invention française de 1942 !

L'Œuf électrique : une invention française de 1942 !

Petite, maniable, propre et bien équipée, cette voiture électrique pourrait révolutionner l’automobile. A vrai dire, elle est même tellement moderne qu’on la croirait taillée pour l’avenir. Pourtant, elle existe déjà… et depuis 1942 ! Un reportage croupissant dans les archives de l’Ina depuis près de 50 ans vient de ressortir. A l’heure de la Cop21, il nous paraît complètement surréaliste mais, surtout, il nous rappelle avec cruauté que tout était possible… mais que nous avions préféré nous en moquer !

Regardez ces images issues de l’Mission Panorama. Elles datent du 26 Avril 1968…

Cette voiture électrique avait été baptisée l’Oeuf électrique. Elle est l’oeuvre d’un ingénieur français de la SNCF répondant au nom de Paul Arzens (1903-1990). La voir ainsi déambuler dans les rues du Paris des années 60 a un côté Retour Vers le futur très prononcé et presque troublant.

Paul Arzens en famille :

La " rétro du lundi "

Alors que la voiture électrique passe en 2015 pour une révolution de 21è siècle, revoir ce petit reportage de 1968 remet soudainement les choses en perspective !

Ce jour là, une dame interrogée dans le reportage confiait ses impressions :

« Moi je trouve que ça serait formidable, tout simplement. »

Près de 50 ans plus tard, on en est quasiment au même point et si on présentait ce véhicule aux Français, on en trouverait sûrement pour dire : « Moi je trouve que ça serait formidable, tout simplement » !

La " rétro du lundi "

Le monde a déjà prouvé comme il était capable de se lancer dans des mutations aussi rapides que bénéfiques. Mais parfois, vraiment, nous sommes les rois du sur-place !

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