Quand les feuilles se ramassent à la pelle
Le grand ramassage d'automne a déjà commencé. En dépit de l'épisode estival de ces derniers jours, les feuilles ont poursuivi leur lente sénescence, se parant de leurs plus belles couleurs d'automne. À l'image du rouge flamboyant des liquidambars, des cornouillers d'Amérique, des fusains ailés ou des ginkgos jaunes d'or, surnommés, mais pour une autre raison, «arbres aux quarante écus».
Ce processus qui ravit chaque année nos sens est maintenant bien connu des biologistes. La baisse des températures combinée à celle de la durée du jour bloque la synthèse de la chlorophylle, ce pigment vert grâce auquel les végétaux réalisent la photosynthèse et enrichissent l'atmosphère en oxygène, indispensable à la vie. Ce faisant, les autres pigments plus résistants au froid, comme les caroténoïdes, aux teintes orangées comme leur nom l'indique bien, mais jusqu'alors masquées par le vert dominant de la chlorophylle, peuvent enfin se révéler. Avant que le pédoncule des feuilles en fin de vie ne se détache des branches où elles sont nées pour former d'épais tapis dorés qui bruissent sous nos pas.
Un compost de qualité
La tentation est alors grande de les laisser en place pour s'épargner la corvée. Ce n'est malheureusement pas possible partout. En occultant la lumière, les feuilles mortes risquent, par exemple, d'étouffer l'herbe et de faire disparaître le gazon. Qu'il faudra alors ressemer au printemps...
La solution consiste à passer la tondeuse: non seulement vous ferez d'une pierre deux coups mais les feuilles, broyées par la lame et mélangées à l'herbe, vous fourniront un compost de qualité. Y compris celles de platane à la réputation d'indestructibles!
il reste pas moins important d'associer des déchets verts riches en azote, comme l'herbe coupée ou les restes de cuisines, avec des déchets bruns comme la paille, les broyats de taille d'arbre ou d'arbustes et, bien sûr, les feuilles mortes qui sont riches en carbone. Cela permet d'avoir un équilibre favorable à la prolifération des champignons et des bactéries qui dégradent la matière organique pour la transformer en compost».
Le paillage est la seconde bonne raison d'amasser et de conserver en sac ou en tas, vos précieuses feuilles mortes après les avoir ramassées au râteau ou à la souffleuse (si vous avez une grande surface). Une fois épandues, elles protégeront, pendant l'hiver, les parcelles nues des massifs ou du potager à une époque où il est trop tard pour semer un engrais vert type moutarde ou phacélie. Cette couche protectrice de 10 à 15 centimètres d'épaisseur évite au sol de se tasser sous l'effet de la pluie (ce que les agronomes appellent une «croûte de battance»), surtout s'il est riche en limons.
Un abri providentiel pour les vers de terre
Elle offre également un abri providentiel aux vers de terre et aux micro-organismes qui s'en nourrissent tout en protégeant du froid les racines des plantes peu rustiques, comme les agapanthes ou les bananiers d'ornement. Enfin, en bloquant la lumière, les feuilles empêchent la germination et la prolifération des mauvaises herbes, facilitant ainsi le travail du sol et les semis au printemps. Plutôt que de les déposer sur votre trottoir pour qu'elles «partent à la benne», conservez plutôt ces cadeaux du ciel dans des sacs en papier stockés dans un abri sec afin de les utiliser au fur et à mesure de vos besoins. Vous contribuerez à faire baisser la taxe sur l'enlèvement des ordures ménagères. Et vous n'aurez plus besoin d'aller acheter du terreau à prix d'or dans votre jardinerie. Du terreau fabriqué, le plus souvent avec les feuilles mortes et les déchets de tonte de gazon collectés auprès des particuliers...
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