A propos de la commémoration du 8 Mai 1945
# Capitulation sans condition et non Armistice.#
Comme chaque année, à l'occasion des cérémonies de la commémoration du 8 mai 1945, la même erreur historique sera commise. Nous pourrons encore lire dans la presse ou entendre à la télévision et à la radio, que l'on célèbre "l'armistice du 8 mai 1945" et la fin de la seconde guerre mondiale.
Il est bon de rappeler que le 8 mai 1945, il n'y eu aucun armistice mais une capitulation sans conditions, ce qui est différent et n'implique pas les mêmes conséquences. Un armistice est une convention par laquelle des chefs militaires suspendent les hostilités sans mettre fin à l'état de guerre; à contrario une capitulation sans conditions est une convention réglant la reddition des forces militaires d'un pays et met fin à l'état de guerre. Le 7 mai 1945, à 2 heures 41, le général Jodl, signe à Reims, l'acte de capitulation sans conditions de toutes les forces allemandes (*). Il n'y a jamais été question de la signature d'un armistice. La cessation des hostilités sera effective le 8 mai à 23 heures 1 GMT.
Les soviétiques, pour lesquels la signature de Reims ne représente qu'un acte provisoire, désirent donner à l'événement une dimension beaucoup plus importante et symbolique. C'est la raison pour laquelle le 9 mai 1945 se déroule à Berlin une autre cérémonie. A 00H16, le 9 mai 1945, Staline, le général allemand Keitel, le maréchal Joukov, le maréchal Tedder (envoyé par le général Eisenhower), le général Saatz et le maréchal de Lattre de Tassigny pour la France signent la fin des hostilités en Europe.
Par ailleurs, si la capitulation sans conditions de l'armée allemande le 8 mai 1945 signifie la fin de la guerre en Europe, elle n'est pas synonyme pour autant de la fin de la seconde guerre mondiale. Dans le pacifique, la guerre n'est pas finie. Il faudra encore plus de trois mois et les deux attaques atomiques sur Hiroshima et Nagasaki (**), pour que les japonais se rendent, eux aussi, sans conditions, et que la seconde guerre mondiale prenne officiellement fin en septembre 1945.
La traduction en français (seule la version en anglais fait autorité) :
1. Nous, soussignés, agissant au nom du Haut Commandement Allemand, déclarons par la présente que nous offrons la reddition sans condition au Commandement Suprême de la Force Expéditionnaire Alliée et simultanément au Haut Commandement Soviétique, de toutes les forces terrestres, navales et aériennes qui sont à cette date sous contrôle allemand.
2. Le Haut Commandement Allemand transmettra immédiatement l'ordre à toutes les autorités militaires navales et aériennes Allemandes et à toutes les forces sous contrôle Allemand de cesser leurs opérations actives à 23 h 01 heure d'Europe centrale le 8 mai et de rester sur les positions qu'elles occupaient à ce moment. Aucun bateau, navire ou avion ne devra être sabordé, ni aucun dommage fait à leur coque, machinerie ou équipement.
3. Le Haut Commandement Allemand transmettra immédiatement aux commandants intéressés et assurera l'exécution de tous nouveaux ordres publiés par le Commandement Suprême de la Force Expéditionnaire Alliée et par le Haut Commandement Soviétique.
4. Cet acte de reddition militaire est sans préjuger et sera remplacé par tout acte de reddition imposé par les Nations unies ou en leur nom et applicable à l'ALLEMAGNE et aux forces armées Allemandes en totalité.
5. Dans le cas où le Haut Commandement Allemand ou quelque force sous son contrôle manquerait d'agir selon cet acte de reddition, le Commandement suprême de la Force Expéditionnaire Alliée et le Haut Commandement Soviétique prendront toutes actions punitives ou autres qu'ils jugeront appropriées.
Signé à Reims, France, à 2 h 41, le 7 mai 1945.
Au nom du Haut Commandement Allemand,
Jodl.
En présence de :
Au nom du Commandement Suprême de la Force Expéditionnaire Alliée,
W. B. Smith.
Au nom du Haut Commandement Soviétique,
Sousloparov.
Général, Armée Française (Témoin)
F. Sevez
Il me semble également bon de rappeler que l’acte définitif fût signé à Berlin dans la nuit du 8 au 9 Mai 1945 et que par voie de conséquence l’acte signé à Reims le 7 Mai 1945 était un acte purement militaire
Le texte de la capitulation signée à Reims, qui a mis fin à la 2ème guerre mondiale en Europe, ne ressemble guère au projet de capitulation qui avait été minutieusement élaboré dès 1944 par la Commission consultative européenne, où siégeaient les représentants des gouvernements américain, soviétique et britannique.
Ce projet avait abouti à un texte long, rédigé par des civils, des politiques et des diplomates, en termes juridiques, alors que le texte de la capitulation de Reims est, au contraire, un texte dactylographié court, ne comportant que deux pages, sans rubans ni sceaux de cire, élaboré en hâte, dans l'improvisation, par un cercle étroit d'officiers américains aux ordres d'EISENHOWER, soucieux de mettre fin au plus vite à la guerre et d'éviter les arguties juridiques et politiques qui auraient risqué de faire traîner le processus.
Il s'agit donc d'un acte purement militaire ( Act of Military Surrender ), qui enjoignait aux troupes allemandes de cesser le combat le 8 mai à 23 heures 01, heure d'Europe centrale, et d'obéir aux ordres qui leur seraient donnés.
L'acte définitif signé à Berlin
dans la nuit du 8 au 9 mai 1945
La cérémonie de Berlin, exigée par STALINE et le Haut commandement soviétique s'est déroulée dans la nuit du 8 au 9 mai 1945, au Quartier général du maréchal JOUKOV.
Le général EISENHOWER avait tout d'abord envisagé d'y assister en tant que commandant suprême du Corps expéditionnaire allié en Europe, mais l'Union soviétique étant représentée à cette cérémonie par le maréchal JOUKOV, un officier de grade inférieur au sien, il décida de s'y faire représenter par son adjoint, le maréchal de l'Air TEDDER.
La cérémonie de Berlin a commencé après 23 heures le 8 mai et s'est achevée le 9 mai vers 0 heure 45.
L'acte de Berlin, daté du 8 mai 1945, n'est pas très différent de celui qui a été signé à Reims :
- la mention « Haut commandement soviétique » a été remplacée par « Haut commandement de l'Armée rouge » ;
- l'article 2 précise que l'Allemagne doit être « totalement désarmée » et détaille la demande spécifiant que les navires et l'équipement militaire ne soient pas endommagés ;
- l'article 6 déclare que l'acte est rédigé en anglais, en russe et en allemand, mais que seuls les textes en anglais et en russe peuvent être considérés comme authentiques.
L'acte définitif de la capitulation de l'Allemagne nazie a été signé à Berlin :
- par le maréchal KEITEL, au nom du Haut commandement allemand ;
- par l'amiral VON FRIEDEBURG, commandant en chef de la Marine allemande ;
- par le général STUMPF, représentant le commandant en chef de l'Armér de l'air allemande ;
- par le maréchal JOUKOV, au nom du Haut commandement de l'Armée rouge ;
- par le maréchal de l'Air TEDDER, au nom du Commandant suprême du Corps expéditionnaire allié en Europe.
et comme témoins :
- par le général de LATTRE DE TASSIGNY, commandant en chef de la 1ère Armée française ;
- par le général SPAATZ, commandant de l'United States Strategic Air Force.