La menace des vols militaires russes en Europe
Le nombre d'avions militaires russes pénétrant dans l'espace aérien européen se multiplie. Le problème ? Pour ne pas se faire repérer, ces avions coupent leur transpondeur (= le dispositif qui signale leur présence aux autres avions/au contrôle aérien). Du coup, au moins 3 collisions avec des vols commerciaux ont été évitées de justesse au cours des derniers mois. Zones concernées : Danemark, Suède et Irlande. Flying to Dublin ?
Selon les analystes, la pratique standard veut que, hors mission d'espionnage, les avions militaires laissent toujours leur transpondeur branché : "Flying around with your transponder off in broad daylight is a deliberate provocation
Un bombardier russe - Robyn Stewart/AP/SIPA
De plus en plus d’avions militaires russes, transpondeurs éteints, font des incursions non autorisées en Europe. De nombreux incidents ont été signalés. Des catastrophes aériennes sont redoutées. Le nombre d’avions militaires russes volant au-dessus de l’Europe sans allumer leurs transpondeurs augmente, rapporte l’agence Bloomberg . Le transpondeur est l’équipement embarqué permettant aux avions de donner leur position aux stations de contrôle du trafic aérien au sol, ainsi qu’aux autres avions se trouvant à proximité. Avec un tel procédé, la Russie augmente le risque d’une catastrophe aérienne quelque part sur le vieux continent, assure l’agence. En décembre déjà, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, avait mis en garde contre ces incursions russes qui pourraient constituer une menace grave pour les passagers des avions en Europe. « Ce n’est pas seulement une question concernant l’augmentation du nombre de vols… c’est aussi la façon dont ces avions sont conduits. Leurs plans de vols n’ont pas été déposés et il n’y a aucune communication avec le contrôle aérien », avait-il expliqué. Des accidents évités Par chance, il n’y a pas eu jusqu’ici d’accident grave. En revanche, il y a eu plusieurs incidents qui auraient pu tourner à la catastrophe. Le 3 mars 2014, un avion de surveillance russe qui volait sans être éclairé a évité de peu un avion de ligne au-dessus du Danemark. Une collision potentiellement catastrophique a été évitée grâce au temps relativement clair qui a permis au pilote de repérer visuellement l’avion russe. Le 4 mars 2015, un incident similaire s’était produit avec deux bombardiers russes volant avec leurs transpondeurs éteints à 25 miles de la côte irlandaise. Les deux appareils avaient été repérés par les radars militaires. Trois mois auparavant, en décembre, c’était un avion de renseignement russe qui avait failli rentrer en collision avec un avion de la compagnie SAS au sud de la Suède. La même SAS s’était plainte quelques temps auparavant qu’un de ses avions qui venait de décoller, se soit trouvé dangereusement près d’un appareil militaire russe. Un accord non-écrit Que faire pour empêcher une catastrophe ? L’agence de sécurité aérienne de l’Union européenne se penche actuellement sur la question et un rapport est attendu pour la fin du mois. De son côté, la Finlande, particulièrement exposée, a réclamé que l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) examine aussi la situation. En fait, les Européens ne semblent pas avoir une grande marge de manœuvre. La convention relative à l’aviation civile internationale, chargée de fixer les règles au niveau mondial, n’a aucune autorité en matière militaire. En clair, l’armée russe n’est pas tenue d’obéir au règlement de l’UE. Quoi qu’il en soit, elle transgresse un accord non-écrit, mis en place à la fin de la guerre froide, qui veut que les avions militaires utilisent leurs transpondeurs lorsqu’ils volent près d’un couloir aérien civil. Dans la pratique, les forces aériennes gardent leurs transpondeurs allumés, sauf dans les zones de combat ou lors de missions de renseignement, indique Justin Bronk, un analyste de la Royal United Services Institute de Londres, à l’agence Bloomberg. Selon lui, « voler avec les transpondeurs éteints est une provocation délibérée ». Dans ce contexte, ajoute-t-il, la meilleure solution, pour le moment c’est la dissuasion. « Vous gardez sous la main des jets de combat » immédiatement opérationnels et si un avion non identifié entre dans votre espace aérien « vous l’abattez », dit-il.
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