Retraite :
# le mauvais exemple de l’État #
Alors que toutes les réformes du régime des retraites insistent sur la nécessité d’accroitre le temps de travail, l’État, lui, continue sa politique de préretraites plus que confortables pour uniquement ses hauts fonctionnaires. Un scandale pour tous ceux qui subissent « l’effort » qu’on leur demande de consentir.
Dominique de Villepin a été récemment sous les feux de l’actualité pour la prime de 77 000 euros qu’il a obtenue dans ce cadre. Il n’est pas le seul, tant s’en faut.
C’est le Ministère des Affaires étrangères, qui en 2007 et en 2011, a mis au point un dispositif, réservé à ses seuls hauts fonctionnaires, de retraites anticipées pour ceux d’entre eux, âgés de 58 à 62 ans. Ce sont, pas moins de 37 personnes, qui ont demandé à en bénéficier. La contrepartie ? Entre 26 000 et 105 000 euros… Au total cette politique a coûté 1,83 million d’euros au Ministère des Affaires étrangères. Une belle occasion manquée de faire des économies.
On apprend que ces « privilégiés » peuvent, de surcroît, continuer à percevoir une partie de leur traitement plafonné à 5 000 euros par mois pendant trois années encore.
Bien que le Ministère avance ses raisons à cette surprenante politique, on ne peut qu’être choqué. L’objectif : rajeunir et féminiser les emplois au Quai d’Orsay ! Quelle blague…
Mais d’autres administrations pratiquent la même politique.
La fonction politique hospitalière offre aux directeurs d’hôpitaux un avantage du même tonneau depuis 1986 : la possibilité de percevoir son salaire sans aucune affectation, sous réserve d’avoir au moins 28 années de service et plus de 60 ans. Cela le temps d’attendre tranquillement sa retraite. Le dispositif est limité à une période de cinq années et plafonné à 5 000 euros par mois. Payés à ne rien faire, l’État a semble-t-il les moyens.
Mais l’ingéniosité de la haute fonction publique est sans limites, semble-t-il, puisque depuis 2008 un nouveau dispositif, « la recherche d’affectation », amplifie cette situation. Il concerne les directeurs d’hôpitaux et les praticiens. Ceux-ci peuvent demander à en bénéficier pendant deux ans et leur permettent de garder une partie de leurs primes. Ces hauts fonctionnaires peuvent se voir proposer des postes, avec la possibilité d’en refuser trois.
Beaucoup l’utilisent comme moyen d’obtenir une préretraite.
À la fin de 2012, ils étaient 73 dans cette situation pour un coût de 9 millions d’euros, encore plus fort que les Affaires étrangères. La rémunération moyenne annuelle brute de ces personnes est de plus de 110 000 euros… à ne rien faire. Mais il y a une suite, sans avoir retrouvé de poste à l’issue de leur recherche, ils peuvent encore être placés en disponibilité d’office, rémunérés … En 2012, ils sont 19 directeurs et praticiens à en bénéficier, pour un coût de plus d’un million d’euros..
Il existe aussi des cas dans la fonction publique territoriale où de hauts fonctionnaires faisant face à un changement de majorité politique peuvent continuer à être payés sans affectation, cela s’appelle le « congé spécial ».
Les dirigeants de Pôle emploi, un comble, bénéficient eux aussi d’une généreuse retraite chapeau. C’est un accord en vigueur depuis la 1er mars qui leur ouvre cette possibilité. À savoir une retraite supplémentaire pour les 136 cadres dirigeants du Pôle emploi. C’est en échange d’une sur-cotisation de 4,5% du salaire, payé moitié par le dirigeant, moitié par l’organisme qu’ils peuvent bénéficier d’une sur-pension. À cette heure il est impossible de connaître les montants de cet avantage abusif.
Bref l’État sait se montrer généreux, mais pas pour tout le monde. Demandez leur avis aux millions de fonctionnaires, dont on a gelé les rémunérations depuis plusieurs années ce qu’ils en pensent. Pendant ce temps-là, leurs patrons sont soignés aux petits oignons.
À quand plus de transparence et à quand plus de justice ?