L’histoire d’un cadet qui roule avec des pro. !
Je ne suis pas un pro, mais simplement un amoureux de la petite reine, passionné je le suis, connaisseur un peu mais là je crois et ne dois être le seul à être abasourdi ! il est vrai que ce n’est pas la plus grande course du monde pour rien. Elle est de celles qui livre les plus beaux duels, les plus folles envolées et écrit les légendes. Pendant que Julian Alaphilippe et Matthieu Van der Poel se disputent chèrement un maillot jaune, une autre bataille plus sérieuse se tient. Alors que Primoz Roglic et Geraint Thomas se retrouvent au tapis et que Caleb Ewan est contraint à l’abandon, voilà qu’une guerre est déclarée. Mark Cavendish écrit une page exceptionnelle de l’histoire du cyclisme quand de terribles affrontements ont lieu.
Elle rôde dans le peloton, sur les routes, dans les hôtels. Elle arpente le bitume et les chemins, elle cherche le client parfait. Parfois elle hésite. Mais invariablement, à chaque Tour de France, elle est là à chercher le coureur. 118 ans que ça dure. 1971, elle fait chuter Luis Ocaña dans le col de Menté. 1989, elle blesse le séant de Fignon. 2003, elle fait tomber la pluie et Jan Ullrich. 2010, elle fait sauter la chaine d’Andy Schleck. 2019, elle blesse la cuisse de Thibaut Pinot.
Cette sorcière, car c’est bien d’une sorcière dont on parle, est aux dents vertes. Une mégère jamais apprivoisée par quiconque. Et certainement pas par Primoz Roglic. L’an passé, la coquine lui met entre les pattes un compatriote affamé. Dans le Tour de France 2021, elle le fait chuter lourdement dès la troisième étape. Un coup à ne pas se relever. Le bonhomme est gaillard, continue. Jusqu’à samedi et une arrivée 40 minutes après son principal rival Tadej Pogacar au Grand-Bornand. De quoi lui faire comprendre qu’il n’y a plus rien à faire et que les morsures de la sorcière sont cette fois encore trop profondes.
Deux années consécutives donc que le sort s’acharne sur le Slovène. De quoi le faire douter ? Le dégoûter du Tour. D’autres ont survécu, se sont acharnés et en sont venus à bout. D’autres sont restés maudits.
Et Tadej Pogacar, c’est les watts ?
C’est l’indolence qui surprend le plus. Ce mélange de distance, d’insolence et d’apparente normalité qui étonne et finalement questionne. Tadej Pogacar est-il un être humain ? Ses performances sont-elles celle d’un homme ou d’un cyborg venu de l’hyperespace pour mettre à sa main un peloton de coureurs professionnels ? Ou plutôt qu’on croyait professionnels puisqu’à côté du Slovène, Eddy Merckx en personne semblerait un minime. Dans le chrono entre Changé (ville du record de la galette saucisse donc) et Laval, il pile tout ce qui passe et à commencer par les spécialistes. Quant aux favoris pour le général : +55 secondes pour Porte, +1 minutes pour Uran, Alaphilippe et Thomas, +1 minute 44 pour Carapaz. Merci au revoir.
Dans la montagne, l’indolence et l’insolence doublent la mise. Résultat après la première semaine du Tour : Uran est à 5 minutes au classement général, Carapaz et Mas itou. Guillaume Martin et David Gaudu 9ème et 10ème du général sont à 7 minutes. Et se pose la question de savoir comment faire pour contrer la supériorité d’un homme qui n’a même pas besoin d’équipe, ou presque, pour régner en maître sur le Tour de France. La question devra aussi se poser de la possibilité pour un sprinteur de finir troisième d’une étape de montagne. Plus généralement, il faudra bien que la question de l’optimisation des performances, des gains marginaux et de leurs limites avec un système généralisé de tricherie caractérisée soit posée. En attendant, tout va bien dans le meilleur des mondes possible et dans le meilleur des Tours. Jusqu’à quand ? voilà la vrai question que je me pose !