Un arbre produit un médicament antidouleur
Des chercheurs de l'Inserm ont découvert en Afrique un petit arbuste qui produit naturellement une dose élevée de molécules antidouleur
L'équipe de Michel de Waard, directeur de recherche à l'Inserm au sein du Grenoble Institut des neurosciences, a annoncé la découverte d'une molécule antidouleur issue d'un végétal. Les travaux ont été publiés dans la revue de chimie Angewandte Chemie.
Le pêcher africain aux multiples vertus
Le bienfaiteur se nomme Nauclea latifolia, ou pêcher africain. Cet arbuste, de la famille des Rubiacées et très répandu en Afrique sub-saharienne, était déjà connu comme une plante médicinale, utilisée depuis une centaine d'années en médecine traditionnelle dans des maladies telles que l'épilepsie ou le paludisme mais également pour lutter contre la fièvre, la douleur ou encore les infections. Les chercheurs ont analysé la plante pour savoir ce qu'elle contenait qui pouvait lui conférer tant de vertus. Résultat, parmi l'ensemble des composés testés sur la douleur, ils en ont isolé et caractérisé un particulièrement efficace et présent en quantité élevée dans un extrait d'écorce de racine. Les analyses ont été confirmées par trois laboratoires différents.
Le tramadol, une forme simplifiée de morphine
Ce qui a surpris l'équipe, c'est que ce composant naturel est le même que celui vendu en pharmacie depuis 40 ans et fabriqué synthétiquement, le tramadol, une forme simplifiée de la morphine. Cela pourrait constituer, pour les populations locales, une source de traitement à moindre coût. Michel de Waard explique : "c'est la première fois que l'on découvre un médicament de synthèse, fait par l'homme, directement dans une plante, à cette concentration là. Dans 20 grammes de la plante, on a l'équivalent d'une pilule de tramadol".
A noter que le tramadol est un antalgique de niveau II (employés pour une douleur dite modérée à forte selon une échelle d'évalution). Ils passent la barrière hémato-méningée et agissent sur le même type de récepteurs que la morphine.