Dans la catégorie proverbes anciens
Il n’y a pas de si belle rose qui ne devienne gratte-cul
"Il n’y a pas de si beau visage qui n’enlaidisse"
Semblable à la rose, la plus belle des fleurs, dont la fraîcheur est passagère, la beauté perd son plus vif incarnat, et le temps, ce destructeur cruel, efface ses appâts, y substitue les rides et la pâleur.
On nomme gratte-cul le fruit de l’églantier, et le bouton qui reste après que la rose a perdu ses feuilles. Les anciens ornaient de roses les statues de Vénus et de Flore ; de Vénus, parce qu’elle est la plus belle des déesses ; de Flore, parce que la rose est la plus riante et la plus riche de ses productions. Ils s’en couronnaient souvent dans leurs festins : Et rosa canos adorati capillos. (Horace)
Chez les anciens, une rose dont les feuilles étaient éparpillées était l’emblème du trépas, et pour peindre la courte durée de notre existence, ils la comparaient à celle de cette fleur. ,Aglaé, la plus jeune des Grâces, était représentée chez les Grecs avec un bouton de rose à la main, comme l’attribut de la jeunesse et de la beauté. Nos aïeux nommaient chaperon de roses, un don léger qu’on faisait aux nouvelles mariées. Ainsi, relativement à un mariage peu fortuné, lorsqu’on demande ce qu’un père donne à sa fille, et lorsqu’on veut répondre qu’il donne peu, on dit proverbialement qu’il lui donne un chapeau de roses.
En Allemagne, une jeune personne qui avait perdu la plus belle rose de son chapeau, fleur que les hommes prisent tant, était forcée, le jour de ses noces, de porter une couronne de roses rouges, en place d’une autre de roses blanches ou de myrte. On trouve une allusion maligne à cette perte irréparable dans la fable suivante :
Les anciens ceignaient de roses blanches le front des vierges et des vestales. La rose blanche est l’attribut des jeunes personnes qui sortent de l’enfance ; on dit alors au figuré, c’est une rose ; on dit également, c’est un bouton de rose. La rose est encore l’emblème de la première heure du jour. En Turquie, on sculpte une rose sur le tombeau des jeunes vierges, comme symbole de leur pudeur et de leur modestie. A Rome, le jour appelé Dominica in rosa, les papes bénissaient des roses qu’ils envoyaient, comme une marque de distinction, à quelques princesses de l’Europe