A l’heure d’hiver : voici tout ce qu’il faut savoir

Vous pensiez en avoir fini avec le changement d’heure ?
Pas tout à fait. Il reste d’actualité jusqu’en 2021.
Le changement d’heure nuit à la santé"
À l’origine, le changement d’heure devait permettre des économies. Plus exactement, le passage à l’heure d’été (en mars) devait permettre de réaliser des économies d’énergie en évitant aux habitants et aux villes d’allumer la lumière le soir. Or un rapport réalisé en 2017 par le Parlement européen pointe des économies qui seraient en réalité minimes, tandis que de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer des effets néfastes.
"Le changement d’heure semestriel nuit à la santé", martèle notamment un rapport de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV) publié le 22 mars dernier. "La littérature scientifique montre une réduction du sommeil (augmentation de la latence d’endormissement et du nombre des réveils nocturnes) dans la semaine qui suit le changement d’heure, aussi bien au printemps qu’à l’automne". "Notre organisme fonctionne avec une horloge biologique, située dans le cerveau", explique la neurobiologiste Joëlle Adrien. "Elle agit comme un chef d’orchestre qui règle la partition des différents organes : intestins, cœur, foie, reins, mais aussi la pression artérielle, la digestion, la température corporelle, la veille, le sommeil etc." Les anciens se servaient de l’heure solaire pour synchroniser cette horloge biologique. Mais avec l’invention de l’électricité, qui nous permet d’avoir de la lumière n’importe quand, désormais, nous nous servons de l’heure de la montre pour synchroniser notre horloge biologique. "Or elle n’est pas faite pour changer brutalement de synchroniseur tous les six mois".
Dernier changement en 2021 ?
Et justement, ce changement, régi par une directive européenne, a été remis en question en février 2018. Confortée dans sa décision par le résultat d’une consultation montrant que la très grande majorité des citoyens européens étaient contre le changement d’heure, la Commission européenne avait dans la foulée proposé d’y mettre un terme dès 2019, tout en laissant à chaque État la possibilité de choisir son heure de prédilection. Un calendrier trop ambitieux du point de vue des États, qui préfèrent se coordonner pour éviter un "patchwork" de fuseaux horaires. Ils ont donc décidé de reporter la fin du changement d’heure à 2021.
Concrètement, les pays de l’UE qui souhaitent conserver l’heure d’été changeront d’heure pour la dernière fois le 27 mars 2021 et ceux qui resteront définitivement à l’heure d’hiver procéderont à leur dernier changement le 30 octobre 2021. Mais le plus difficile reste à faire puisqu’il faut maintenant que chaque État choisisse son heure, au plus tard le 1er avril 2020.
Les Français, par exemple, ont une préférence pour celle d’été. Mais pour l’instant, elle est loin d’être acquise, selon l’Eurodéputée EELV Karima Delli, à l’origine de la résolution pour abolir le changement d’heure : "Si le choix est laissé à l’appréciation des États membres, la situation est compliquée pour la France. On ne peut pas décider sans tenir compte des pays frontaliers".
L’heure d’hiver, bien meilleure pour la santé
En attendant, dans la nuit de samedi à dimanche, nous allons bel et bien passer à l’heure d’hiver. Celle que plébiscitent les chronobiologistes car "elle se rapproche le plus de l’heure solaire". "Le stimulus principal de la régulation de notre horloge, c’est la lumière solaire", nous expliquait déjà en mars dernier Claude Gronfier, chercheur à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). "On a beau avoir inventé l’électricité et la montre, on reste synchronisés sur la lumière solaire".
En conséquence, si nous restions à l’heure d’été en hiver, cela obligerait notre organisme à exécuter des tâches physiologiques au mauvais moment, comme se lever à un moment où notre corps est programmé pour dormir. Mais nous n’en sommes pas (encore ?) là. Pour l’instant, même si le passage à l’heure d’hiver va nous provoquer un "jet-lag", nous pourrons nous consoler en nous disant que nous allons gagner une heure de sommeil