A la frontière franco-belge, on se frite pour les patates...........

La région des Hauts-de-France a produit, en 2018, les deux tiers des pommes de terre récoltées en France, soit 3,8 millions de tonnes. Mais les agriculteurs locaux s’alarment. De plus en plus d’industriels belges viennent, plus ou moins légalement, exploiter les champs. Ils écrasent, au passage, les coûts de production. Les failles de la législation française et la politique unilatérale de mieux-disant écologique leur ouvrent un boulevard ! Au final, un tiers de la récolte de pommes de terre de la région part pour être transformé par l’agroalimentaire belge. Dans cette guerre des patates, la France sacrifie des emplois, des investissements et des exportations.
« Alors ? La patate ? » A la frontière belge, poser cette question familière revient plus à s’enquérir des difficultés que de l’énergie de l’interlocuteur. Le monde de la pomme de terre de la région des Hauts-de-France fait grise mine. Cinq départements concentrent les deux tiers des surfaces consacrées à la culture des tubercules dans l’Hexagone, soit 90 000 hectares.
Ces hectares de bonne terre sont au cœur du débat. Depuis quelques années, ils font l’objet de convoitises des voisins belges. De l’autre côté de la frontière, les terres agricoles se raréfient, grignotées par l’urbanisation. Rien qu’en Wallonie, 40 000 hectares ont été perdus en vingt ans. Les prix flambent. Logiquement, les cultivateurs belges ont traversé la frontière. Parfois, rarement, ils rachètent des terres, mais le système français des Safer, les Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural, bride les transactions. C’est plus insidieux : les terres sont louées, voire sous-louées. Dans les statistiques françaises de déclaration de surfaces, ce sont les propriétaires français qui apparaissent… C’est illégal, mais difficile à sanctionner.......