Jeudi 6 juin 2024 nous allons célébrer le 80 ième anniversaire du débarquement des alliés qui nous libéra de 4 ans d’occupation allemande Mais Savez- vous Pourquoi les Alliés ont débarqué avec le Guide Michelin |
Le Guide MICHELIN a joué un rôle fondamental dans la Libération de la France en 1944. Le 6 juin 2024, l'Hôtel des Ventes de Clermont-Ferrand s'apprête à mettre aux enchères un rarissime Guide 1939. Réédité à la veille du Débarquement par les services secrets américains, cet ouvrage émouvant aurait servi à guider les Alliés lors de la Seconde Guerre mondiale., ou 10000 copies ont été distribuées
Dans l'Hôtel des Ventes de Clermont-Ferrand, tout le monde a les yeux rivés sur le lot 1 : un Guide rouge vintage, daté de 1939... A côté duquel figure un second exemplaire, daté lui aussi de la même année. Curieusement, la couverture de ce dernier est de couleur sable. Kezako que cet OVNI ?
Entre initiés, on l’appelle le guide « américain ». Ou le « war ». A la veille du 80ème anniversaire du débarquement allié en France, l'ouvrage revêt une symbolique forte. Pour cause : « Il a été réédité en 1944 par les Américains, à quelques milliers d'exemplaires » s'enthousiasme Bernard Vassy, le commissaire-priseur. Juste avant qu'ils ne partent combattre l'ennemi nazi en France, l'ouvrage aurait été glissé dans les sacs à dos des officiers américains.
Mais comment ce guide de voyage et de gastronomie a-t-il pu être utile aux Alliés partis se battre pour la libération de la France... Alors que quasi tous les restaurants français étaient détruits, fermés ou dans l'impossibilité de s'approvisionner ?
Quand le Guide MICHELIN était une arme de guerre
« Bien sûr, ces pauvres soldats ne venaient pas pour faire du tourisme », rappelle l'expert. Ce n'étaient pas les tables étoilées qui les intéressaient. En 1943, alors qu'ils préparent le débarquement sur le littoral français, les Alliés sont à la recherche d’un document pratique, facile à transporter, pour aider leurs officiers à se repérer, notamment dans des villes françaises privées de panneaux de signalisation par l’ennemi. Problème : les cartes d'Etat-Major qu'ils possèdent sont lacunaires.
La piste Gustave Moutet
La solution a vraisemblablement été apportée par un sous-officier français, Gustave Moutet. Ce résistant de la première heure avait rejoint la Grande-Bretagne dès le mois de juin 1940. En 1942, constatant la piètre qualité des plans utilisés par les Alliés, c'est lui qui aurait suggéré de reproduire en fac-similé le Guide 1939 qu'il avait emporté avec lui, pour le distribuer aux officiers. Sa fille, la journaliste Anne-Elisabeth Moutet, est la première à relater l'anecdote dans un article du Sunday Times publié en 1984.
Un Guide plus précis que les cartes d'Etat-Major des Alliés !
L’Etat-Major allié a ensuite pris contact avec MICHELIN, et les services secrets de Washington ont réalisé un tirage spécial du Guide de 1939, alors le plus récent, qui a bien été distribué à tous les commandants d’unités devant participer au débarquement le jour J.
La simplicité d'usage du Guide MICHELIN, le fait que les villes françaises y soient classées par ordre alphabétique, et « la précision qui a toujours prévalu à la conception des plans de villes », en faisaient en effet « un document complet, facile à comprendre par des non-francophones, y compris en temps de combats ».
Jérôme Mottier est le Vice-président de l'Association des Collectionneurs de Guides et Cartes Michelin (ACGCM). Un collectif qui regroupe quelques trois cent passionnés du Bibendum, en France, en Belgique et en Suisse. « J'ai la chance de posséder un exemplaire de cette fameuse édition américaine. L'ouvrage, quand on y réfléchit, était une mine d'or pour les Alliés. Il indique effectivement l'état des routes, la distance entre les stations-service, le poids supporté par les ponts... »
Le seul Guide rouge... Qui n'est pas rouge !
« C'est le seul Guide rouge qui n'est pas rouge » résume le commissaire-priseur Bernard Vassy. « Le contenu est a priori exactement le même que celui de l'édition originale. Les Américains ont simplement modifié la couverture. Ils ont choisi cette couleur sable, une couleur passe-partout, neutre, sans doute parce qu'une couverture rouge aurait été trop visible ».
Les initiés guettent aussi la mention, tout en haut, précisant qu'il s'agit d'un usage militaire (« For Official use only »). Il est également stipulé : « Reproduced by Military Intelligence Division War Department Washington ». Autrement dit, réédité par les services secrets américains.
« Ce guide américain est beaucoup plus épais que le Guide rouge original, beaucoup plus fragile aussi - le papier on le voit est de moins bonne qualité, ce qui est normal en temps de guerre » explique Jérôme Mottier. Si le mystère autour de cet OVNI qui a longtemps intrigué les collectionneurs est désormais levé, « jusqu'à présent personne n'a de chiffre précis en ce qui concerne le nombre de réimpressions », regrette le passionné. « Peut-être 5000, 10 000 exemplaires... On ne le saura jamais, sauf si l'information remonte aux Etats-Unis, et que quelqu'un par miracle a la réponse. »