
De la plante au médicament
Les dérives du marketing, des stratégies de ventes et du conditionnement du médicament démontrent l'implacable mécanique des lobbies pharmaceutiques.

Un exemple parmi mille : un antibiotique doit être pris par exemple cinq jours à raison de trois comprimés par jour. Eh bien les médicaments sont conditionnés dans des boîtes de dix qui vous obligent, pour chaque patient, à en acheter trop. Or vous n'en aurez plus besoin, des cinq qui vous restent. Gaspillage inutile, contré dans des pays du Nord de l'Europe en obligeant les pharmaciens à vendre les médicaments à l'unité, ce qui fait que vous achetez exactement le nombre qu'il vous faut.
Si les récents scandales des médicaments aux effets secondaires toxiques ont défrayé la chronique, c'est en fait le procès de tout un système de santé qui serait à revoir : avec le système de remboursement tel qu'il existe, le patient est un peu déresponsabilisé du coût des traitements et n'a pas toujours l'information pour décider en connaissance de cause. Et les laboratoires s'engouffrent dans cette brèche pour gagner un maximum d'argent : influence sur les médecins pour prescrire toujours plus, surévaluation des coûts de recherche et développement, voire invention pure et simple des pathologies. Dépression, cholestérol, etc, des chercheurs ont dénoncé la subtile mécanique de marketing qui permet d'inventer des maladies imaginaires chroniques : qui dit chronique dit traitement à vie, dit par ici la monnaie. Le politique même au niveau européen se laisse mener par le bout du nez devant la puissance financière des laboratoires et ne joue pas toujours son rôle de contre-pouvoir.
« L’industrie pharmaceutique est une des industries les plus puissantes financièrement sur la planète. Il n’y a guère que le secteur bancaire assurantiel et l’industrie pétrolière qui soient plus puissants en termes de pouvoir financier. » Mikkel Borch-Jacobsen
En pratique, y’a des influences inconscientes, et les petits cadeaux ça influence beaucoup. Moi je suis tombé sur l’opération Petit Prince chez Sanofi-aventis où il s’agissait d’apprivoiser le renard. J’ai toujours été surpris par la créativité des marqueteurs, surtout quand ils ont de l’argent. Ça consiste à parler gentiment au médecin renard et à lui parler de choses qu’il aime – la science, la médecine – et progressivement, au bout de quelques mois, commencer à faire « la mention produit » donc à mentionner, enfin, l’enjeu réel de toutes ces visites. Progressivement on tisse des liens avec les médecins qui sont réellement importants. C’est toute cette machine à influencer la médecine qui est très stratifiée qu’il faut avoir en tête et pas seulement des relations de corruption comme si des valises de billets transitaient d’une main à l’autre. Quentin Ravelli
Le patient n'est-il pas le grand oublié? Cette logique industrielle qui bien entendu a sauvé de nombreuses vies notamment grâce à l'effet des antibiotiques a également fini par produire de nombreux effets pervers. Le nombre d'empoisonnements aux médicaments prescrits inutilement ou par erreur (parce qu'ils sont incompatibles) provoque chaque année plus de décès que le nombre d'accidents de la route!! On compte en effet plus de 200 000 morts par an en Europe dû aux accident médicamenteux, et 20 000 rien qu'en France, c'est quatre fois plus que le nombre de décès sur la route.Un abus qui pourrait être évité si, prenant exemple sur nos voisins allemands ou l'ensemble des médecines asiatiques, l'accent était mis sur la prévention. Des procédés simples et légers pour se soigner sont totalement négligés par la recherche même s'ils sont efficaces dès qu'ils sont jugés non rentables! Le business pharmaceutique, propulsé par le vieillissement des populations, a parfois perdu du vue son but premier, éviter la maladie, soigner et soulager, au profit d'un enrichissement chronique.
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