Le voleur ramène la voiture avec un mot d'excuse et 20 euros
Le voleur a même laissé un message vocal sur le répondeur du propriétaire du véhicule…
En ouvrant ses volets, dimanche matin, Stéphane Bonnet s'est frotté les yeux pour être sûr qu'il ne rêvait pas. Son Kangoo était bien là, juste devant sa boulangerie artisanale du 77, avenue Guiton, dans le quartier de la Genette, à La Rochelle. Là où il le gare tous les soirs. Sauf que la veille, il n'y était pas.
Flash-back de vingt-quatre heures : parti livrer l'hôtel Trianon, rue Saint-Jean-du-Pérot, samedi matin à 7 heures, Stéphane ne s'arrête que quelques courtes minutes pour décharger pains et croissants pour le petit déjeuner des clients. Clé sur le contact et moteur tournant, il ne veut pas perdre une seconde et ne pas gêner la circulation. Mais le temps d'échanger trois mots avec le patron de l'hôtel, François Laporte,le véhicule a disparu.
Le vol classique, agaçant. Stéphane Bonnet se fait raccompagner par François Laporte et téléphone au commissariat pour signaler le vol et porter plainte. Et les livraisons de la journée de samedi sont assurées par les employés de la boulangerie avec leur voiture personnelle.
« Tu vois ce que je vois ? »
Et, dimanche matin, donc, l'automobile est revenue comme par magie. « Stéphane m'a appelée : “Tu vois ce que je vois ?” Je suis allée à la fenêtre. C'est comme s'il l'avait garée la veille », raconte Chantal, son épouse.
"Il m'a expliqué qu'il avait fait ça parce qu'il avait besoin de rentrer chez lui de toute urgence."
Les boulangers descendent quatre à quatre à leur Kangoo. Il est fermé - pour éviter un vol ? - mais la clé a été sagement déposée dans la boîte à lettres.
« Sur la banquette avant, il y avait un mot. D'une écriture que je qualifierais de juvénile, la personne indiquait en substance qu'elle s'excusait d'avoir dû emprunter le véhicule, qu'elle en avait un impérieux besoin et laissait un billet de 20 euros pour rembourser l'essence », poursuit Chantal.
Le véhicule est impeccable sauf un léger désordre dans le vide-poches que le gentleman cambrioleur, l'Arsène Lupin du pain frais, a fouillé vraisemblablement pour trouver l'identité et l'adresse de ses victimes et ainsi leur livrer leur auto… à domicile. Pour la beauté du geste.
Stéphane Bonnet est allé aussitôt retirer sa plainte au commissariat. « Le policier lui a dit n'avoir jamais eu de cas semblable en trente ans de carrière. Stéphane lui a répondu que lui non plus », sourit Chantal. Installé depuis cinq ans à La Rochelle, ce couple de Vendéens exerce son métier depuis trente ans.
Un message sur le répondeur
Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Écoutant par hasard le répondeur de leur téléphone fixe qu'ils n'avaient pas entendu sonner dans la nuit de samedi à dimanche, Stéphane et Chantal découvrent un message de leur « emprunteur » s'excusant de vive voix du dérangement et laissant son numéro de portable pour le joindre « au cas où ».
« Nous l'avons appelé, naturellement. Je lui ai personnellement parlé au téléphone. Il a l'air très sympa. Il m'a expliqué qu'il avait fait ça parce qu'il avait besoin de rentrer chez lui de toute urgence », commente Chantal qui n'en dit pas plus sur son identité et espère qu'il ne sera pas inquiété juridiquement. « Il y a tellement d'affaires de vols de voitures qui ne sont jamais élucidées, pour une fois qu'il y en a une sans conséquence… ».
Et les 20 euros ? « Nous les avons donnés à nos employés qui nous ont dépannés samedi. »
Moi je dis ; honnête !, donc circonstances atténuantes = clémence !