Boire la coupe jusqu’à la lie ….
Après la victoire de Guingamp la semaine dernière
Revenons sur L’incroyable vol de la Coupe de France par les sidérurgistes de Longwy de juin 1979
Le 16 juin 1979, le FC Nantes-Atlantique remporta sa première Coupe de France face à l’AJ Auxerre. Le 10 août, le trophée avait déjà disparu des vitrines du club.
Alors que la police s’orienta instinctivement vers la piste d’un supporter fanatique, le coup était en réalité l’œuvre d’un commando de la CFDT (Confédération Française Démocratique du Travail) de Longwy. Près d’un mois après avoir stoppé le Tour de France, les sidérurgistes lorrains s’offraient ainsi une nouvelle tribune médiatique.
Il faut dire que ces derniers luttaient pour la survie de leurs emplois depuis le 9 décembre 1978, jour où ils avaient installé au sommet du crassier de la cité des émaux un SOS lumineux de plus de deux mètres de haut, suite à l’annonce du licenciement de 12 000 salariés. Au lieu de se lancer dans des grèves incessantes, les syndicats décidèrent d’organiser des opérations coup-de-poing. L’idée était de faire parler de leur combat. La Coupe de France de football, symbole du sport le plus populaire, devînt alors un objectif. Un commando de trois personnes fut constitué pour la dérober. Celui-ci organisa d’abord un repérage du centre d’entraînement des Canaris. Pendant qu’un de ses compères était en train d’acheter des autocollants du club, un autre prenait des photos de la coupe. Le troisième remarqua l’ouverture d’un vasistas. Ce fut par-là que le trio pénétra le soir-même dans les locaux, avant de briser la vitrine.
La Coupe de France refit surface deux jours plus tard à Longwy, brandie par les membres masqués du fameux commando. Le trophée de 3,2 kg d’argent pur fit ensuite le tour du marché hebdomadaire de la ville entre choux et carottes. Des centaines de Longoviciens caressèrent, embrassèrent et photographièrent le trophée. A côté de ce dernier, un tronc recueillit de l’argent pour financer le déplacement à Nantes le soir-même d’un bus rempli de syndicalistes partis rendre la coupe et rembourser la vitrine. La colère des dirigeants nantais fut à peine apaisée par le don de 17 assiettes en émaux de Longwy représentant les différentes phases de la lutte. Le club retira néanmoins sa plainte.
Grâce à cet exploit, les sidérurgistes lorrains réussirent une nouvelle fois à mettre leur combat pour la sauvegarde des emplois sous le feu des projecteurs. Mais cette médiatisation n’empêcha malheureusement pas Longwy de boire la coupe jusqu’à la lie.