La langue française s'éparpille :
Présente dans de nombreux pays, elle est riche de mots si divers et si variés !
Célébrons ce "verbe" français, cette verve unique, ce bonheur de dire et d'exprimer mille nuances...
Célébrons ce parler pittoresque et ancien, ce bel héritage qui est le nôtre. Il est étonnant de découvrir des mots insolites, nouveaux, qui nous font voyager, et nous montrent toute l'expressivité de notre langue. Ce vocabulaire nous intrigue par certains particularismes et nous invite à la découverte de terres inconnues...Notre langue devient, ainsi, objet d'émerveillements et de surprises : on y perçoit des trésors d'inventivité, grâce à différentes dérivations. On est sensible, alors, à un certain exotisme dans ces mots qui nous étonnent, qui évoquent, parfois, des pays et des climats lointains...
Par exemple:
1) La LUMEROTTE, venue du nord, nous éclaire de sa petite lueur et de ses sonorités qui dansent : le suffixe de diminutif lui confère un charme enfantin et mystérieux. Labiale, gutturale, dentale s'égrènent, dans ce joli mot empli de poésie !
2) La DRACHE recouvre, soudain, l'horizon de ses averses sombres, elle tombe avec violence, comme le suggère la brièveté du mot : aussitôt, on voit le plat pays, la Belgique, traversée de pluies brusques et ombrageuses ... nous voilà passés de la lumière à l'ombre !
3) La RISTRETTE nous emmène vers la Suisse : elle se pare, elle aussi, d'un suffixe de diminutif pour évoquer "un petit noir" bien serré... Le mot nous réveille de ses sonorités éclatantes de gutturale, sifflante, dentale "t" réitérée.
4) De quoi être VIGOUSSE, dès le petit matin ! Adjectif expressif, s'il en est, puisqu'il évoque une grande vigueur, grâce à ses sonorités variées de fricative, de gutturale et de sifflante...
5) La POUDRERIE, quant à elle, nous fait voyager vers des pays de neige, aux hivers rigoureux, des pays où le vent emporte des embruns glacés et les accumule sur le sol : la poudrerie évoque, bien sûr, également, la poudreuse, jolis mots volatiles et aériens, jolis mots qui font virevolter une neige blanche de lys !
6) Le DÉPANNEUR pourra, si la neige est trop dense, permettre, aussi, quelques courses rapides, près de chez soi...
Des pays froids et glacés, nous voilà, soudainement, transportés en TAP-TAP vers Haïti : le mot, sous forme d'onomatopée, évoque et suggère, à merveille, les cahots de ces autocars, inconfortables mais pleins d'animation et de vie, qui sillonnent ce pays. Au Congo, les CHAMPAGNÉS nous feront, peut-être, bon accueil, et nous pourrons, ainsi, côtoyer des gens d'influence qui boivent du Champagne, dans des flûtes effilées... Mais ces champagnés nous rappellent un personnage tristement célèbre, nommé CHAMPAGNE, croqué par La Bruyère... type même de l'égoïste, se perdant dans "les douces fumées d'un vin d'Avenay ou de Sillery"... Et la France, elle-même, nous réserve bien des surprises : dans le sud, du côté de Marseille et de l'Estaque, on pourra rencontrer un FADA pittoresque, au parler enjoué, un de ces fous sympathiques qui racontent des histoires à dormir debout, avec un bagou incroyable. A l'inverse, on évitera les CHAFOUINS, ces hypocrites, à tête de chat et de fouine, ces êtres ambigus et malsains qui se cachent sous des apparences trompeuses. Le mot, avec sa chuintante initiale, sa fricative "f", pleines de délicatesse et de charmes, semble mimer la feinte douceur de ces personnages : ne nous y fions pas et détournons-nous de ces vils hypocrites. Ils nous rappellent "ces chattemites", que dénonce Rabelais, ces personnes fourbes, rusées, ces "cagots", ces "cafards" que l'humaniste poursuit de sa vindicte et qu'il fustige souvent... Fuyons les chattemites et les chafouins !
Nous aurons fait, alors, un tour amusant et pittoresque de la Francophonie !