Retour sur l'enfance….( Une histoire qui ne vaut pas un clou…
/image%2F1485363%2F20201115%2Fob_10e20e_tools-2423826-1280.jpg)
Il convient de puiser dans l’enfance l’origine de bien des travers. Je dois vous faire ici confession qui me coûte et risque fort de me clouer au pilori des bricoleurs. Le récit m’en demandera bien des efforts, je vais ici porter ma lourde croix en espérant y mettre la manière. Prenez la peine de la lire sans me taper sur les doigts si elle vous déplaisait.
Tout a commencé pour moi dans un atelier de charpentier. Mon père, homme habile et doué de ses mains avait la prétention de faire de son rejeton, son digne successeur. Selon l’adage, la valeur ne doit jamais attendre le nombre des années, c’est donc dès mes onze ans qu’il me mit un marteau dans les mains pour enfoncer le clou et inculquer par la même occasion le virus du métier.
Bien mal lui en prit… Ce fut pour moi un véritable chemin de croix, le clou se refusant obstinément à la tête en acier trempé du marteau qui avait quant à elle une singulière attirance pour mes doigts de la main gauche. Ce fut là un calvaire car mon géniteur s’obstina à m'inculquer les bases de son art. Lui qui passait ses journées avec de petites pointes dans la bouche qu’il allait quérir avec un marteau à tête aimantée.
Je le regardais faire, attrapant la pointe avec une précision diabolique, l’enfonçant d’une seule frappe à l’endroit précis où il en avait décidé. Je voulus naturellement opter pour cet outil. Mal m’en prit car cette fois, la blessure fut plus grave, accompagnée des stigmates de notre seigneur des cieux. De là on me colla la terrible réputation d’avoir deux mains gauches qui me colle encore à la peau sans que je fasse quoi que ce soit pour démentir la chose.
Je pense aussi que ma sympathie, toute païenne cependant, pour le fils du charpentier de Judée, naquit à ce moment-là, d'ailleurs c'est celui de menuisier qui me fût imposé sans aucune possibilité d'en refuser l'accès ! c'était comme cela avant ! Je crois que lui aussi a partagé l’éducation d’un père qui voulait faire de lui un artisan. Si nos chemins ont différé, le choix du dessin plutôt que du marteau fut notre point commun. C’est en son hommage du reste que je me fais un devoir de toujours traverser sur les clous même si ceux-ci ont disparu de nos villes & campagnes.
Bon Dimanche (aux Confinés)