Aujourd'hui 23 décembre la rétro de ce billet sera plutôt un hommage ....
Ce n’était pas ma génération mais j’aimais bien la qualité de ces textes et leurs interprétations avec surtout la pureté & la sincérité de sa voix

L'interprète de « Ma vie » est mort. Le chanteur breton Alain Barrière est décédé des suites d'un arrêt cardiaque ce 18 décembre 2019 , à l'âge de 84 ans, à Carnac (Morbihan), où il était revenu vivre depuis une dizaine d'années, à quelques kilomètres du port de La Trinité-sur-Mer où il était né. Victime d'un nouvel AVC, il était hospitalisé depuis une dizaine de jours. Il venait au début du mois de perdre l'amour de sa vie, sa femme Anièce, emportée à 69 ans par une pneumonie.
Alain Bellec, de son vrai nom, restera attaché aux années 60 et 70 dont il fut l'un des auteurs-compositeurs et interprètes les plus aimés. Il a connu ses plus gros succès en 1961 avec «Cathy » puis « Elle était si jolie » en 1963, « Rien qu'un homme » en 1970 et « Tu t'en vas » en 1974, mais c'est surtout le slow « Ma vie » en 1964 qui fera de lui une vedette en France et à l'étranger, où il fit plusieurs tournées. Après avoir connu en 1977 des démêlés avec le fisc, puis deux exils aux Etats-Unis et au Canada, il ne retrouva plus jamais le même succès. Il ne sortit que trois albums après 1980 et une autobiographie en 2006, « Ma vie», sous l'impulsion de sa fille Guenaëlle.
Fils de mareyeurs, élevé par sa mère, il était très attaché à la Bretagne et avait écrit un hymne au Stade Rennais, « Allez Rennes », en 1971 - année de leur victoire en coupe de France - puis en 1978 l'hymne écologique « Amoco » en réaction à la marée noire provoquée sur les côtes bretonnes par le naufrage de l'Amoco Cadiz et enfin, en 2006, un « hymne à la Bretagne » dont le CD était vendu avec son autobiographie.. Lire sa biblio
Lui et sa femme sont partis à 12 jours d'intervalle
Alors qu'il était en haut de l'affiche, il était retourné en 1973 à Carnac pour y construire le Stirwen, « l’étoile blanche » en breton, un complexe aux allures de château médiéval qui comprenait une discothèque, un bar-restaurant et un théâtre, où se produisaient ses amis et stars de l'époque, Johnny, Bardot, Lama... Fermée en 2007, la discothèque a été relancée en 2013 par Guenaëlle Barrière.

Le chanteur Alain Barrière le 29 novembre 2019. Fabien Lecoeuvre
En 2007, lors de ses derniers Olympia à guichets fermés, il nous avait accordé un entretien très émouvant. «Je suis un survivant », nous avait-il avoué, regrettant la «férocité » du métier. « On a vite fait de vous cataloguer has-been, s'indignait-il. J'étais quand même de ceux qui écrivaient de vrais poèmes, de vraies musiques, et qui mariait bien les deux. J'ai rarement bâclé. »
Il citait d'ailleurs comme principales influences les poètes. «Ceux qui m'ont le plus appris, c'est Federico Garcia Llorca, Francis Carco par sa légèreté, mais surtout Verlaine et Rimbaud. » Mais ne crachait pas sur les télé-crochets d'alors. « J'aurai foncé m'inscrire à la Star Ac' ou à Nouvelle Star. » Un an après la sortie de son autobiographie, cet ami intime de Bernard Hinault racontait combien elle lui avait valu de courriers de remerciements. « Les gens me disent à quel point mon histoire s'est rapprochée de la leur. A quel point ils ont eu besoin de moi. »
En proie à des soucis de santé, Alain Barrière s'était retiré de la scène en 2011, mais il venait de revenir dans l'actualité début décembre avec une compilation de 56 chansons. « C'est sa fille Guenaëlle qui m'a prévenu ce soir (mercredi soir), explique Fabien Lecoeuvre, qui était son agent depuis onze ans. Je suis comme elle sous le choc. Nous étions ensemble chez lui fin novembre pour préparer la promotion. Et il allait bien, jouait du piano tous les jours et s'occupait de ses chiens. Mais sa chère femme est décédée… Ils sont partis à douze jours d'intervalle. »