Je me suis laisser dire que les gens heureux vivraient plus vieux… Si toutefois la définition du bonheur appartient à chacun, en y réfléchissant il est possible de livrer quelques clés d’une vie épanouie.
En matière de bien-être, la « science du bonheur » – ou psychologie positive – vient valider les sagesses antiques. Pas de recette toute faite, bien entendu, mais un subtil mélange à doser comme vous l’entendrez.
Le plaisir
« Les expériences émotionnelles créent des spirales ascendantes », déclare Sonja Lyubomirsky, professeure de psychologie à l’université de Californie. Le plaisir engendre le plaisir, il rend plus chaleureux, plus créatif, plus productif, et il renforce la capacité à aborder les obstacles.
Un conseil : consigner ces émotions dans un journal, trois fois par jour pendant une semaine, a‑fin de les répéter !
L’altruisme
« L’égoïsme est au cœur de la plupart des problèmes auxquels nous faisons face aujourd’hui : écart croissant entre riches et pauvres, attitude du “chacun pour soi”, indifférence à l’égard des générations à venir… », Analyse Matthieu Ricard, moine bouddhiste, docteur en génétique cellulaire et auteur de Plaidoyer pour l’altruisme (éd. NiL). Or l’altruisme est naturel chez l’être humain. À l’institut Max-Planck de Leipzig, on l’a observé chez de jeunes enfants qui aident spontanément l’autre : « L’enfant n’apprend à modérer son altruisme inné qu’en intériorisant les normes sociales. Une éducation éclairée devrait préserver ces inclinations naturelles », estime-t-il. Chez les adultes, les études ont prouvé que la pratique de la méditation contribue à le développer. Avec, à la clé, un retour positif : la psychologue Lara Aknin (université de la Colombie-Britannique, à Vancouver) a montré que les enfants manifestent plus de joie en offrant une friandise qu’en en recevant une. Même si ça n’est pas son but premier, l’altruisme change aussi la vie des altruistes.
La beauté
« Nous avons besoin de beauté pour nous sentir en paix avec nous-même et donner du sens à notre vie. » S’inspirant de Kant et d’Épicure, le philosophe Charles Pépin (Quand la beauté nous sauve, éd. Robert Laffont) replace l’émotion esthétique au cœur de l’épanouissement personnel. L’expérience de la beauté peut tout autant émerger d’un paysage grandiose que d’une ‑fleur, d’un tableau ou d’un enfant qui se jette dans les bras de sa grand-mère. La beauté nous permet alors de nous extraire, un temps, de la lourdeur des con‑flits quotidiens qui nous agitent sans cesse. « Devant la beauté, notre mental se calme. Se crée alors un lien d’harmonie corps/esprit, qui nous donne le sentiment de n’être plus qu’un avec le monde qui nous entoure. » Troquons la morosité contre l’émerveillement !
La créativité
La créativité, comme clé d’épanouissement, est au cœur de la réflexion du psychologue Mihály Csíkszentmihályi : « Nous en avons besoin pour préserver notre vie psychique, garder intacte notre capacité à innover, et rendre chaque expérience quotidienne satisfaisante. » Il ne s’agit pas tant de devenir un artiste que de découvrir et de créer. Il est question de « transformer toute activité en expérience créative, et de modifier positivement le regard que l’on porte sur son existence ».