Citadin ou rural ?

C’est la période des soldes sans doute qui pousse certains à user des étiquettes au rabais, afin de désigner les uns ou bien les autres, n’accordant de prix aux individus que lorsqu’ils rentrent bien sagement dans une case pour mieux les compter ou les classer, déterminer leur traçabilité ou encore leur provenance. L’individu n’existe donc plus pour lui-même ni par lui-même. Doit-il obligatoirement satisfaire à ce besoin stupide de taxinomie anthropologique ? C’est à se le demander. La confidence d’un député en balade dans sa circonscription qui se réjouit, dans un contexte certes un peu brûlant, de se retrouver paisiblement en contact avec ceux de la Ruralité, ultime refuge, d’après lui, de la vraie vie quoique ce dernier n’ait jamais daigné rendre visite aux gens de Bou, lui qui est allié avec ceux qui sont en marche. La belle affaire que voilà, non seulement ces braves citoyens, attablés innocemment à la table d’un restaurant n'ont rien demandé à personne mais les voilà promus sur les réseaux sociaux, les dignes et merveilleux représentants d’une nouvelle sous-classe dans l’évolution des espèces. La Fontaine avait, bien avant notre gentille vedette médiatique, distingué les Rats des champs et les Rats des villes. Le temps est sans doute venu d’écrire une fable sur les ruraux si urbains et les urbains si peu patelins. Les mots nous échappent tandis que chacun fait désormais ce qu’il veut avec la langue. On se perd dans le lexique de la phylogenèse, les êtres humains sont par essence inclassables, uniques et totalement particuliers La Ruralité serait donc le refuge des valeurs ancestrales, de la quiétude, de la philosophie et de tout ce qui fait société dans un monde qui perd son sens du vivre ensemble. Le député l’affirme implicitement puisqu’il exprime son admiration pour ces gens, qui, curieuse coïncidence, seront un jour prochain, d’éventuels électeurs. C’est donc avec certitude que je détermine une caractéristique indiscutable d’appartenance à cette classe : les pensionnaires de la branche humaine dite de la Ruralité peuvent et doivent se caresser dans le sens du poil. Nous avançons dans l’identification de ceux-là, ils auraient donc un système pileux plus fourni que les abominables cohortes de la Citadinité ! Est-ce donc la raison de ce désir toujours plus affirmé des pouvoirs successifs de retirer aux premiers ce qu’on donne toujours plus aux seconds. Serait-ce parce qu’ils sont bons à tondre du fait de leur pilosité abondante, marque évolutive d’appartenance à la Ruralité, que ces braves gens paient au prix fort l’essence, l’absence de services publics, le départ des médecins, les difficultés de transport et autres réjouissances qui ont provoqué la crise actuelle ?
Bon dimanche