A quoi servent les arbres plantés le long des routes ?

Avez-vous pu observer qu’en empruntant certaines routes nationales ou départementales en traversant notre pays au cours de vos déplacements estival celles –ci étaient souvent bordées d’arbres parfois plus que centenaires, mais vous vous-êtes-vous posé la question à quoi servent-ils ?
A l’origine, c’est une décision d’Henri II qui, en 1552, ordonna de faire planter des ormes tout le long des voies du royaume, afin de fournir du bois de haute qualité pour les affûts de canons et la construction de bateaux. Au XVIIe siècle, Sully, ministre d’Henri IV, encouragea aussi ces plantations.
Un approvisionnement en bois à moindre coût
Pour les gouvernements successifs, cela permettait de disposer d’un approvisionnement en bois à moindre coût, car la bordure de terrain faisant partie de la route appartenait à l’Etat. Ils délimitaient espace privé et espace public et stabilisaient la chaussée. En 1895, les 35 000 km de routes nationales françaises comptaient ainsi près de 3 millions d’arbres. Au XXe siècle, les platanes à usage décoratif ont peu à peu remplacé les ormes.
Aujourd’hui devenus majestueux, les arbres installés le long des routes constituent des éléments structurants du paysage de l’Hexagone. Malheureusement, dans le sud de la France et la région Centre, notamment le Loiret, les conseils généraux sont en pointe dans la lutte contre les arbres. Ils détruisent sans vergogne les paysages et un patrimoine vivant d’une grande richesse. Et pourtant… Diverses études ont mis en évidence l’effet positif des arbres pour la sécurité routière. Il est lié notamment à leur capacité à signaler efficacement les virages, les carrefours, les entrées d’agglomération et à rendre la vitesse perceptible par le défilement des troncs. L’aspect esthétique des arbres d’alignement contribue également à un abaissement significatif de la vitesse, le regard étant sensible à leur présence ce qui incite à ralentir pour mieux en profiter.
Par ailleurs, il est tout à fait possible de protéger les automobilistes imprudents en posant des rails de sécurité devant les alignements, sans avoir à les éliminer (il faut toutefois que les arbres soient plantés au minimum à 4 m du bord de la route). Il faut également signaler que divers pays : Allemagne, Grande-Bretagne, Luxembourg, République tchèque et Suède entre autres, ont placé les arbres d’alignement sous la protection de la loi pour leur rôle écologique, paysager et culturel. Sous le couvert d’un discours sécuritaire, il semble que les politiques soient surtout enclins à éliminer les arbres pour libérer de l’espace destiné à enfouir des réseaux de fibres optiques le long des routes, sans empiéter sur les terres agricoles. Il est vrai que cela coûterait des sommes astronomiques aux opérateurs car ce travail est impossible à réaliser à proximité des arbres, vu l’importance de leur système racinaire.
En raison des milliers de kilomètres qui restent encore bordés d’arbres sur notre territoire, on peut craindre à terme une « déforestation massive ». C’est la preuve que les problèmes environnementaux et les fameuses « menaces sur la planète » pèsent peu devant les enjeux technologiques, économiques et politiques.