Aujourd’hui….
Le code civil en vers……….
D'après « Touche-à-tout. Revue hebdomadaire universelle illustrée » paru en 1804 et « Code Napoléon, mis en vers français » paru en 1811
Dès que le Code Napoléon ou Code civil, promulgué le 21 mars 1804, fut imprimé, un rimailleur, Benoît-Michel Decomberousse (1754-1841) entreprit de le mettre en vers et de le publier anonymement. Auteur de plusieurs tragédies, il avait été député à la Convention, membre du Conseil des Anciens puis chef de bureau au ministère de la Justice.
Ce travail lui prit sept ans, de 1804 à 1811. Et il le dédia à l'impératrice Marie-Louise, à qui il expliquait, ainsi, dans sa préface, ce qu’il avait voulu faire :
Cet ouvrage immortel, qu’au milieu de ses sages
A consacrer par ses nobles suffrages
Celui qui peut mouvoir à son gré l'univers,
Le Code, voit le jour sous l’ornement des vers.
L’emprunt inusité d'une telle parure,
Un essai si hardi doit armer la censure ;
Et, trouvant à reprendre encor plus qu'à louer,
Le dieu même du goût peut le désavouer.
C'est en vain que l'auteur, offrant pour son excuse
L’utilité du but qu'a poursuivi sa Muse,
Dira qu'il a voulu, par cette nouveauté,
Eveiller des lecteurs la curiosité,
Répandre quelques fleurs sur une étude aride,
En étendre le cours, le rendre plus rapide,
Graver dans la mémoire avec plus de succès
Les principes fixés du droit civil français,
Et, jusques au beau sexe, ouvrir une carrière
Qui, pour lui, ne doit plus demeurer étrangère ;
Eût-il avec bonheur accompli ce projet,
On pardonnera peu le choix de son sujet.
Mais, fuyez détracteurs, vous cessez d'être à craindre,
Si ce livre à Louise une fois peut atteindre,
Si, ses yeux indulgents s'abaissant jusqu'a lui,
Il peut recevoir d'elle un éclatant appui.
Louise, Reine illustre, auguste Impératrice !
Des fruits d'un tel travail deviens la protectrice :
Au Code, ton époux, le grand Napoléon,
A la fois imprima son génie et son nom ;
Il y dicta ces lois de sagesse profonde
Qui doivent gouverner tous les peuples du monde,
Surpassant les héros à titre de vainqueur,
Les surpassant encor comme législateur ;
Daigne t’associer à ses hautes pensées
Qu'une Muse fidèle en vers a retracées ;
Plus on connaît ses lois, plus sa gloire s’étend ;
Elle est aussi la tienne, et sur toi se répand.
A côté de son nom que tout immortalise,
Souffre qu'on donne place à celui de Louise,
A cet heureux signal le beau sexe empressé,
Du temple de la loi trop longtemps repoussé,
Va, pour le visiter sous sa forme nouvelle,
Se présenter en foule et disputer de zèle ;
Ses droits y sont écrits, ses devoirs rappelés,
Tour-à-tour à ses yeux ils seront dévoilés ;
Les femmes à l 'envi, mères, filles, épouses,
De les connaître enfin se montreront jalouses,
Et la raison, guidant les esprits et les cœurs,
Etendra son empire avec celui des mœurs.
Des mœurs ! source de l'ordre et des vertus civiles
Qui rendent les états florissants et tranquilles.
Tel sans doute sera l’inévitable effet
De ce charme puissant, de ce charme secret
Qui suit les noms connus par un grand caractère,
Et que le ciel propose en exemple à la terre,
Heureux les éditeurs, et mille fois heureux,
S’ils ne sont point déçus dans leurs timides vœux !
Mais quel que soit l’accueil qu’éprouve leur hommage,
Ils n'en pourront pas moins se rendre témoignage
Qu'il était un devoir ; et qu'ils n'ont écouté
Que le pur sentiment qui le leur a dicté.
Et voici un exemple de sa façon d'exposer les lois sur le divorce :
On ne peut du divorce entrouvrir la carrière
Par le consentement mutuel des époux.
Lorsque du mari l'âge est encore au-dessous
De cinq lustres complets ou quand femme mineure
N'a, de vingt et un ans, compté la dernière heure !
Et, au sujet des contrats de louage :
On loue en général toutes sortes de meubles.
On peut louer aussi toutes sortes d'immeubles.
Decomberousse avait compté être décoré. Il n'obtint de l’Empereur, que des compliments.