POURQUOI PAS ?
Bientôt le bison bazadais
Une vraie histoire belge : un éleveur du Brabant veut croiser la bazadaise avec le bison d'Amérique !
Des éleveurs étrangers en visite au pays de la race bazadaise, à l'Esat agricole de Captieux. PHOTO DR
Le Salon de l'agriculture de la Foire de Bordeaux, du 28 mai au 5 juin, fait la part belle à la génétique bovine. En prélude, 140 professionnels étrangers arpentent l'Aquitaine pour une découverte au cœur des élevages. C'est « l'International Tour », proposé par Interco, l'agence de commerce extérieur du Conseil régional. Dans ce cadre, plusieurs circuits sont organisés en fonction des différentes races bovines présentes sur le territoire. Tout naturellement, le circuit « bazadaise » a fait étape à Captieux et Bazas, son berceau. Il y avait là des Anglais, des Tchèques, un Belge. Des Irlandais les rejoignent aujourd'hui.
Le Belge, Jean Dellier, est engagé dans un projet de parc animalier et de loisirs dans sa commune du Brabant, à 25 kilomètres de Bruxelles. Fou d'Amérique, il s'est constitué un troupeau de 17 bisons. Côté bovins, il a opté pour la bazadaise, de préférence à la limousine. Son projet comprend la création d'une boucherie où il vendra les produits de son élevage. Dans cette perspective, il est venu en Gironde pour acquérir « un taureau et quelques génisses ».
La viande de bison est, paraît-il, excellente pour peu qu'on ne la fasse pas trop cuire. Mais il a en tête de l'enrichir en « croisant un bison mâle avec une femelle bazadaise ». L'idée fait bondir Bernadette Darcos, la technicienne de l'Excellence bazadaise (1) : « Non, pas avec le bison » ! Défenseur de la race, elle est aussi une grande adepte des croisements quand ils viennent augmenter la qualité bouchère des races locales déficientes. Mais pas là !
La faute à Buffalo Bill
Il en faut plus pour déstabiliser Jean Dellier, lequel explique doctement : « Les Américains ont exterminé les bisons pour affamer les Indiens. Après le passage de Buffalo Bill, il n'en restait quasiment plus. C'est en les croisant avec des bovins que l'on a pu relancer la race ». Dont acte.
Le Tchèque Jiri Petersik possède près de Prague un élevage de 500 vaches. Toutes de races françaises. La bazadaise y côtoie la limousine, la gasconne, l’Aubrac, la parthenaise… « J'aime la France », explique-t-il, pour justifier son choix de promouvoir ces races bovines. Taillée pour le business, son exploitation est également conçue comme un outil pédagogique où il reçoit scolaires, universitaires, grand public. La génétique semble le fasciner. Venu en Gironde pour acheter un taureau, voire aussi des génisses, il se montre très attentif aux origines des animaux qu'on lui présente.
Carol Mc Cullock, éleveur dans le Lancashire, présidente de la bazadaise en Grande-Bretagne, est une habituée. Philip et Tessa, éleveurs près de Bristol, l'accompagnent. Ils sont curieux de voir évoluer la bazadaise dans son berceau originel. Chez eux, ils la croisent avec l'angus, race locale. Le résultat en fait « la viande la plus appréciée en Angleterre », assure Philip. La plus chère aussi.
Pour un éleveur bazadais comme Sébastien Manseau, ces visites présentent « un intérêt économique indéniable ». Il a deux mâles et sept embryons à proposer. Il ne sait pas s'il les aura vendus à la fin de la semaine. Mais les affaires ne se traitent pas forcément sur-le-champ. Souvent, remarque-t-il, c'est la qualité de l'échange, la qualité du contact entre professionnels, qui génèrent les meilleurs résultats à long terme.
(1) Excellence bazadaise est un organisme de sélection de la race bazadaise.
Le Bœuf de Bazas a obtenu la reconnaissance officielle par le Label Rouge en juin 1997.
Ce Label de terroir est en cour d'obtention de l'IGP (identification géographique protégée) ce qui implique que le Boeuf de Bazas est produit sur une zone déterminée qui comprend le département de la Gironde, une grande partie des Landes et les cantons limitrophes de la Gironde et des Landes dans le Lot et Garonne et le Gers.
Pour être labellisés en Bœuf de Bazas, les animaux doivent être nés, élevés et engraissés dans la zone définie plus haut et doivent répondre aux exigences d'un cahier des charges très strict sur la traçabilité, l'alimentation, le sanitaire et le bienêtre animal.
Après l’appellation contrôlée « le bœuf de Bazas » il y aura « le bizon de
Bazas » ! !
De grincheux le croquant