On n’a plus rien
Des restaurateurs charentais manifestent en slip devant les impôts
Ils ont manifesté en sous-vêtements devant le centre des impôts d'Angoulême, mardi soir à Soyaux, pour exprimer leur ras-le-bol.
Les courageux manifestants en slip ont manifesté devant l’entrée du centre des impôts.© PHOTO ANNE LACAUD
Ils étaient une douzaine, hier en fin d'après-midi, à braver une température qui n'avait rien de caniculaire, pour poser, en sous-vêtements devant le centre des impôts d'Angoulême, rue de la Combe à Soyaux. Tenant une banderole sur laquelle on pouvait lire un message ironique et on ne peut plus clair quant au ras-le-bol qui les habite. « On a tous du talent, on sait travailler, malgré tout on est en slip (français). Grâce à vous, demain on sera à poil ! »,
signé : "Les Raloignons."
« C'est une action qui a pour but de dénoncer le racket permanent qui touche les moyennes et très petites entreprises (PME et TPE), les artisans et les commerçants. C'est toujours la crise et nous avons de moins en moins de trésorerie », lâchait Phi blanc à Luxé et président de la Confédération des professionnels indépendants de l'hôtellerie (CPIH) en Charente.
Dans le collimateur, bien évidemment, les impôts et taxes diverses dont la TVA abaissée, un temps, à 5, 5 %, et aujourd'hui remontée à 10 %. « Elle a doublé en dix ans, indiquait le restaurateur. On voudrait bien embaucher des salariés, mais il faut déjà que l'on puisse vivre de notre travail. » Pour marquer leur mécontentement de façon originale, les restaurateurs charentais ont repris l'idée, lancée il y a une dizaine de jours, par trois de leurs collègues lot-et-garonnais, associés dans le restaurant La table des sens à Montaut, près de Villeneuve-sur-Lot, qui avait, effectivement posé en slip dans un champ. Et l'image avait fait le buzz. « Au départ, on ne pensait pas qu'il y aurait autant de réactions. D'ailleurs je l'avais juste posté sur ma page Facebook personnelle. C'était juste pour marquer notre ras-le-bol. Il faut croire que ça a rejoint celui de beaucoup de gens », observait Chrystelle Rudelle, à l'origine du « concept » et venue hier à Angoulême soutenir ses collègues.
« On travaille et on ne s'en sort pas. On n'a plus rien et les banques refusent les découverts. Nous, on nous a suggéré de licencier une personne, mais on ne veut pas ; ou bien de tricher, il n'en est pas question non plus. L'idée est d'alerter et d'essayer de faire bouger les choses », poursuivait-elle.