Les Français sont de grands malades
Les français sont-ils plus malades que tous les autres européens ? C’est ce que l’on pourrait finalement croire en découvrant une étude récente qui nous apprend que nous dépensons beaucoup plus d’argent en médicaments que nos voisins européens.
Sauf que le fait d’acheter autant de médicaments ne signifie pas pour autant que nous en ayons réellement besoin.
La faute à qui ?
Aux médecins sans doute qui prescrivent à tour de bras des médicaments parfois inutiles, piégés souvent par d'habiles lobbys pharmaceutiques…
En effet, la moitié des médicaments que nous achetons finissent leur carrière dans une poubelle, et la moitié du restant est considérée par de nombreux experts en la matière comme « inutiles »…
Chaque français gaspille chaque année 1,5 kg de médicaments inutilisés, un énorme gâchis qui représenterait une perte de 2 à 3 millions d’euros par an ce qui est de plus peut-être sous-estimé.
On sait aussi que les personnes âgées consomment 2 fois plus de médicaments qu’il y a 20 ans.
Dans le rang des lanceurs d’alerte, le professeur Robert Debré affirme, une fois de plus, que 40% des médicaments proposés « ont une efficacité faible ou nulle » ajoutant que 25% de ceux-ci présentent « un risque potentiel » dont 5% « un risque majeur ».
Pourtant tous ces médicaments continuent à être remboursés, ce qui représente un gaspillage estimé dans une fourchette de 10 à 15 milliards d’euros, ce qui est à être mis en parallèle avec le « trou de la sécu » qui serait à la hauteur d’environ 13 milliards d’euros.
Il faudrait aussi se plonger dans le monde des « génériques ».
Ces médicaments sont pourtant, en principe, aussi efficaces que les médicaments « de marque », et pourtant en France, une véritable suspicion existe, les patients imaginant probablement qu’ils sont moins performants ?
Toujours est-il qu’en Allemagne, ils représentent 60% de ce qui est vendu, 50% en Angleterre, mais chez nous les médicaments génériques ne correspondent qu'à 31% des ventes.
Ajoutons que d’après l’INSEE (institut national de la statistique et des études économiques), les médicaments coutent de plus en plus cher, et que ça représente 10% du budget des ménages, hors des dépenses hospitalières.
Cette place peu enviable qu’occupe la France a été dénoncée dans une étude que Michelle Rivasi,députée européenne, s’est empressé de médiatiser récemment, assurant que nous pourrions, avec des mesures adaptées, économiser 10 milliards d’euros sur 3 ans.
Cette étude à laquelle ont participé le Professeur Philippe Even et le pharmacien Serge Rader, prouve que nous serions les champions en matière de consommation de médicaments.
Alors que nos voisins Italiens n’achètent annuellement que 18 boites, nous en achetons plus du double, et sur nos ordonnances alors que nos docteurs prescrivent 4,75 médicaments, en Italie le pourcentage tombe à 1,84.
Comment dès lors ne pas s’étonner du trou abyssal qui perdure dans les caisses de la sécurité sociale.
Mais les raisons de ce gaspillage scandaleux ne se limitent pas à ça : le Professeur Even déplore par exemple que « pour le diabète, les médecins prescrivent des médicaments plus récents qui sont moins efficaces et plus chers que les anciens ».
Et puis, on pourrait aussi incriminer le conditionnement : alors que nos voisins britanniques ne se voient prescrire que la quantité nécessaire au traitement, en France, on prescrit sans compter…et les cachets non utilisés finissent à la poubelle.
Dès lors il n’est pas étonnant de constater qu’en Italie, les dépenses consacrées aux médicaments s’élèvent à « seulement » 17,8 milliards d’euros, alors qu’en France, ces dépenses se monteraient à 35,5 milliards d’euros.
Alors bien sûr, l’industrie pharmaceutique monte sur ses grands chevaux, et conteste avec indignation l’étude en question.
Elle affirme que nous ne sommes que 2ème et non pas premiers en matière de consommation de médicaments, attribuant la première place au Royaume Uni.
en effet, les entreprises du médicament, regroupées sous le nom de LEEM, ajoutent que les chiffres liés à l’achat des médicaments donnés dans l’étude sont faux, assurant qu’il s’agirait de 22,9 milliards, et non de 35,5…
Ils se basent sur une étude réalisée par la CNAM (caisse nationale d’assurance maladie) qui affirme que nous consommons de plus en plus de médicaments génériques, et qu’en 2012, les médicaments prescrits sont en baisse de 0,8% par rapport à l’année précédente.
Au-delà de cette bataille de chiffres, il n’en reste pas moins que notre situation n’est pas enviable, et que des changements sont à espérer.
On pourrait aussi s’étonner du peu d’intérêt que portent nos concitoyens aux plantes médicinales, aux huiles essentielles, à l’aromathérapie, et à tout ce qui est qualifié parfois avec mépris de « médecine parallèle ».
Prenons l’exemple du diabète : alors que l’acupuncture fait le choix de stimuler le pancréas afin de relancer la production d’insuline, nos bons docteurs, au contraire, prescrivent des médicaments qui mettront définitivement en panne ce pancréas, celui-ci ayant intégré le fait que les médicaments ont pallié à ses faiblesses.
Gardons l’exemple du diabète : au lieu d’utiliser ces médicaments couteux, qui créent une dépendance du patient, la phytothérapie donneraient à moindre cout les mêmes résultats.
Ainsi, on sait que le chou, le cresson, la laitue, le radis, la tomate et l’aubergine permettent de faire baisser le taux de sucre, ainsi que les feuilles de noyer, de pissenlits, et les racines de chicorées sauvages, facilement reconnaissables grâce à leurs jolies fleurs bleues.
Pour aller plus loin dans le traitement du diabète, le Gymnéma, plante dont le nom indien signifie « destructeur de glucose » semble très efficace, même si des précautions doivent être prises, tout comme le fénugrec, la margose, le ginseng.
Même si la prise de cette thérapie doit passer par la décision du docteur, car il peut y avoir des contre indications, on comprend aisément que le coût de ces traitements sera bien moins élevé que celui généré par les médicaments habituels.
Mais revenons à nos si chers médicaments.
Il faut rappeler l’influence jamais en panne des lobbies pharmaceutiques.
C’est l’occasion de donner le témoignage deCatherine Lemorton, cette députée socialiste, qui raconte dans le détail comment ces lobbies la harcelaient alors qu’elle s’occupait de l’affaire du Médiator.
Evoquant les conflits d’intérêt et les méthodes habiles de persuasion elle n’est pas peu fière, à juste titre, de n’avoir, avec d’autres, jamais baissé les bras.
Au moment ou certains envisagent de faire baisser les taux de remboursement médicaux pour combler le célèbre trou de la sécu, on voit qu’il existe d’autres méthodes, plus radicales, qui, tout en rééquilibrant les comptes de cette administration, n’handicaperaient pas pour autant les finances des ménages français.
On se souvient qu’en avril 2011, le gouvernement précédent avait déjà procédé à la baisse du remboursement d’un millier de médicaments.
Il faut ajouter que l’enjeu est de taille : avec un chiffre d’affaire de 50 milliards d’euros annuels, les laboratoires pharmaceutiques tiennent à garder leur filon et emploient pour ce faire des méthodes discutables.
C’est ce que l’on pouvait découvrir en février 2013 dans l’émission de France 2, « les infiltrés », qui dressait un tableau à charge des pratiques des laboratoires pharmaceutiques.
Les animateurs de l’émission s’étaient invités d’une part dans les labos, mais aussi dans les cabinets médicaux pour dénoncer les méthodes utilisées.
Les « visiteurs médicaux » étaient pointés du doigt, accusés de faire du marketing pour placer des médicaments beaucoup plus chers que ceux qui sont habituellement prescrits, et qui présentent parfois des effets indésirables importants.
Il y a donc beaucoup de progrès à faire dans ce domaine, elles sont simples à être mise en place, et permettraient de combler d’un seul coup ce fameux ‘trou de la sécu », mais le gouvernement prendra-t-il la bonne décision ?
Pour l’instant, la ministre de la santé, Marisol Touraine, préconise, pour économiser quelques sous, de favoriser des actes médicaux qui permettent d’entrer à l’hôpital le matin et d’en ressortir le soir, mais aussi de mieux accompagner les personnes qui souhaitent arrêter de fumer, et enfin de permettre aux jeunes filles de 15 à 18 ans d’accéder au tiers payant en ce qui concerne la contraception, lequel tiers payant sera généralisé en 2017.
Mais cela sera-t-il de nature à résoudre les problèmes que connait notre sécurité sociale.
L’avenir nous le dira, car comme l’affirme mon vieil ami africain :
« fais du bien à ton corps pour que ton âme ait envie d’y rester ».