La Chine lance un concurrent du GPS
La Chine a mis en service commercial dans la région Asie-Pacifique son propre système de navigation satellitaire, Beidou, gage d'indépendance stratégique et commerciale à l'égard du GPS américain et du futur Galileo européen. Le système, qui s'appuie actuellement sur un réseau de 16 satellites de navigation et quatre autres expérimentaux, a commencé à fonctionner jeudi, ont rapporté vendredi les médias officiels chinois.
Le porte-parole du Bureau chinois pour la navigation satellitaire, Ran Chengqi, a jugé les performances de Beidou («La Grande Ourse», en chinois) «comparables» à celles du GPS américain, selon le China Daily. «Le signal de Beidou peut être reçu dans des pays comme l'Australie», a-t-il assuré.
Présenté comme la «deuxième génération» du système de navigation chinois, son lancement représente un nouveau succès de la technologie spatiale chinoise. Celle-ci repose sur un programme de vols habités et s'est fixé comme objectif de parvenir à bâtir une station spatiale d'ici la fin de la décennie. La Chine vise en outre à envoyer une mission habitée sur la lune.
Couverture mondiale en 2020.
L'extension du réseau satellitaire chinois prévoit l'envoi de 40 engins supplémentaires dans l'espace d'ici 2024, selon le porte-parole, lui permettant dès 2020 de fournir une couverture mondiale.
Le marché de la navigation satellitaire est estimé à 500 milliards de dollars d'ici 2020 et Beidou pourrait conquérir 70 à 80% de ce marché si les usagers optent pour des équipements compatibles avec plusieurs services, et non pour un seul comme c'est le cas actuellement, a encore indiqué le porte-parole.
La Chine a entamé la construction de son réseau de navigation satellitaire en 2000 pour éviter une dépendance stratégique -militaire notamment -à l'égard du GPS américain, qui capte quelque 95% du marché. Un premier essai avait eu lieu l'an dernier, limité selon la presse officielle aux «zones environnantes» de la Chine.
«Avoir un système de navigation satellitaire est d'une grande importance stratégique», a souligné le Global Times, un quotidien anglophone proche du Parti communiste chinois et réputé pour son nationalisme. «Nous appelons aussi les consommateurs chinois à soutenir fermement Beidou et à en devenir les utilisateurs», a lancé le journal dans un éditorial où il reconnaît à l'avance que « des problèmes pourront être rencontrés » avec le nouveau système, mais que les consommateurs chinois devront faire preuve de « tolérance ».