Quand la nature reprend ses droits….
Après les tigres d’Indonésie et les éléphants en Malaisie c’est au tour des macaques de Thaïlande de faire parler d’eux. A force de voir leur habitat naturel se réduire en Asie, les animaux sauvages sont confrontés à l’homme de plus en plus près. Une cohabitation parfois violente.
Un village subit la loi de singes pilleurs
Ce n’est pas encore la Planète des Singes mais, du côté de Khlong Charoen Wai, on commence à en avoir assez. Voilà maintenant plus de dix ans que les habitants de ce village côtier distant de moins de 100 km de Bangkok (Thaïlande) se plaignent d’être harcelés par les singes, une situation qui a encore empiré ces derniers mois. Les fauteurs de trouble sont précisément des macaques crabiers à longue queue, des petits singes de 50 cm de haut pour 6 kg en moyenne. Contrairement à ce que leur dénomination pourrait laisser croire, ces primates aussi agiles que furtifs ne se nourrissent pas que de crabes, loin de là.
Ils ont tout essayé
« Ils se faufilent dans la maison quand ils voient que je dors. Ils vont dans la cuisine, prennent l’huile de cuisson, le sucre et même les médicaments que je cache dans le placard », a déclaré à l’Agence France-Presse Chaluay Khmakajit, une septuagénaire qui, avec son mari, ne sait plus quoi inventer pour tenir les envahisseurs à l'écart.
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Elle a pourtant tout essayé, ou presque : bloquer les fenêtres et la porte du réfrigérateur, mettre un chien de garde dans le jardin, faire fuir les intrus à l’aide d’un lance-pierre... Rien n’y fait. Les maraudeurs reviennent infatigablement sur les lieux de leurs crimes. Chaluay et son mari ne sont pas le seuls villageois importunés par les macaques. Tous les habitants de Khlong Charoen Wai en sont victimes, à des degrés divers.
« Parfois, des centaines de singes arrivent en même temps, surtout à l’aube et au crépuscule, quand il fait moins chaud. Ils savent que c’est l’heure du repas », raconte Chatree Kaencharoen, le chef du village. Lui-même s’est fait voler un cuiseur à riz par des macaques qui, une autre fois, ont cassé son téléviseur après l’avoir fait tomber.
Espace vital
Si le phénomène des macaques envahisseurs s’est accéléré ces dernières années, c’est tout simplement parce que les zones boisées, leur habitat naturel, sont en constante diminution. Entre 1973 et 2009, révèle l’AFP, la Thaïlande a perdu 43 % de ses forêts. Dans le même temps, la mangrove - autre terrain de chasse des singes - a également rétréci pour faciliter la pêche intensive à la crevette, l’un des principales ressources de la région. « Les gens se sont rapprochés de la nature, c’est pour ça qu’il y a plus de chances d’interactions entre humains et animaux », souligne Petch Manopawitr, responsable de l’ONG World Wildlife Fund (WWF) en Thaïlande.
Pour se prémunir contre les macaques, les autorités locales ont bien tenté une opération de capture et de stérilisation. Mais, vu le nombre de primates, elle s’est avérée inefficace. Prisonniers de leur propre environnement, les villageois en sont donc réduits à entourer leurs maisons de filets et à garder leurs fenêtres fermées, malgré la chaleur tropicale. Utilisés lors des vols spatiaux habités, car ils possèdent à 93 % les mêmes gènes que les humains, les macaques crabiers ont peut-être inconsciemment trouvé un moyen de venger leurs malheureux congénères. Et tant pis si les habitants de Khlong Charoen Wai n’y sont pas pour grand-chose.
(Avec AFP)