Dans notre fameuse devise républicaine (Liberté, Égalité, Fraternité) les deux premiers termes ont depuis longtemps occulté le troisième. Il est vrai que l’enthousiasme révolutionnaire de 1791 est vite retombé et qu’il a fallu attendre novembre 1848 pour que soient officialisés les trois principes républicains. La fraternité pose aujourd’hui problème aux néoféministes (la formule est « genrée ») ce qui a conduit en 2018 le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes à conseiller de substituer dans la Constitution au terme de « Fraternité », celui d’« Adelphité » ou de « Solidarité »
La plupart des Français sont aujourd’hui très attachés à une liberté dont ils jouissent en général pleinement, même si la moindre restriction provoque chez certains des réactions passionnées au nom du « je fais ce que je veux » qui semble à la base de l’éthique sociale de trop de nos concitoyens. Les mêmes oublient d’ailleurs souvent que la liberté de chacun s’arrête où commence celle du voisin.
Rousseau nous a persuadés que les hommes naissaient libres et égaux en droits, mais que la société avait engendré la servitude et les inégalités. Aussi a-t-il fallu lutter pour plus de liberté et d’égalité entre les hommes… Mais si, en France, nous sommes plus libres et plus égaux qu’hier, si les combats pour plus de justice ont permis de réduire les inégalités, elles ne sont pas près d’être abolies.
C’est pourquoi il convient en même temps de faire vivre la Fraternité concrètement, comme Solidarité. La vraie « Fraternité », c’est la solidarité active avec les victimes des circonstances ou de l’injustice sociale. On devient très rarement pauvre par choix personnel.