C’est quoi le polyamour ? ( tient c'est un nouveau mot ?)
Suite à la journée internationale de la Polyamorie,
fêtée ce 23 novembre, Voici quelques explications sur ce qu'est le polyamour.
C’est un terme qui a commencé à être utilisé dans le début des années 1990. Le mot « polyamour » puise ses racines dans le grec « poly » signifiant « plusieurs », et le latin « amor », signifiant « amour ». Oui, il s’agit d’aimer plusieurs personnes à la fois, non ce n’est pas de l’infidélité, car la notion de consentement de toutes les personnes concernées est ici essentielle. L’accord de tous les partenaires est primordial.
« La polyamorie – ou polyamour – est la pratique, le désir ou l’acceptation de vivre plus d’une relation intime avec le consentement libre et éclairé de toutes les personnes concernées. Les concepts essentiels au consentement et à l’éthique en polyamorie sont l’égalité entre les genres, l’autodétermination, le libre choix de chaque personne concernée, la confiance mutuelle et le respect entre les partenaires », définit la Canadian Polyamory Advocacy Association (CPAA), à l’origine de la journée internationale de la Polyamorie, fêtée le 23 novembre. Célébrée pour la première fois au Canada en 2017, cette journée internationale s’est rapidement propagée sur les réseaux sociaux d’autres pays, et dans d’autres langues.
Une réflexion sur le couple monogame
Dans un entretien accordé au Monde, la journaliste et écrivaine Françoise Simpère, elle-même polyamoureuse, explique : « C’est une nouvelle forme de relation individuelle, où l’on oublie le couple pour se baser sur les relations humaines. Le polyamour apprend à être autonome, à aimer avec détachement. On aime avec des sentiments, mais sans dépendance. Cela implique d’avoir déjà confiance en soi, pour ne pas se sentir brisé si l’autre ne répond pas à ce qu’on souhaite. (…) Le polyamour, c’est inventer ses propres valeurs d’amour ».
C’est aussi une réflexion sur la vision du couple monogame : « En économie, le couple est un ménage qui consomme et stabilise ainsi la société. Or, le polyamour est une remise en cause de ce modèle de relation et de ses valeurs normatives. Il sape les bases même de la société, déstabilise, fait peur. Si l’on en parle sur Internet et dans les médias depuis à peu près dix ans, pas grand-chose n’est dit sur le polyamour. Peu de chiffres existent », poursuit Françoise Simpère, autrice d’Aimer plusieurs hommes (2002), et Guide des amours plurielles (2009).
Polyamour et polygamie : pourquoi ce n’est pas la même chose
Certes, ces deux types de relations font référence à plusieurs partenaires. Pourtant, elles ne se vivent pas de la même façon. Dans la polygamie, il s’agit d’une personne, unie à plusieurs hommes ou femmes. « De plus, les hommes polygynes – en règle générale, mariés à plusieurs femmes monoandres (unies à un seul homme) – détiennent fréquemment un statut social privilégié », explique le sociologue Mathieu Lévesque, dans son mémoire intitulé « Le polyamour : exploration d’une réalité relationnelle ».
Ce dernier détaille : « Il s’agit d’une situation dont ‘la grande masse’ des individus est exclue, notamment les femmes à qui est refusé le droit d’être en relation avec d’autres partenaires tous genres confondus. D’ailleurs, en regard de cette considération conservatrice particulière, la polygamie exclut évidemment aussi les relations homosexuelles ».
En revanche, le polyamour « serait donc un concept plus inclusif, égalitaire et séculier en ce qu’il n’implique notamment pas le mariage et, sans égards au statut social, reconnaît l’accès à de multiples partenaires, peu importe le genre », écrit-il.