Les gentlemen sont rares, dans le monde débraillé du rock. Indubitablement, Charlie Watts, avec 58 ans passés à jouer des tambours pour les Rolling Stones, en était un. Il vient de nous quitter juste après avoir fêté ses quatre-vingts printemps.
Très logiquement, les hommages de ses pairs tombent comme à Gravelotte. Pour Elton John, il s’agissait d’un « homme élégant et d’une brillante compagnie ». En effet, si les accoutrements de ses complices avaient parfois de quoi laisser perplexes, Charlie Watts fut, sa vie durant, toujours tiré à quatre épingles. Il arrivait même à être chic, en costume et tee-shirt, voir même déguisé en hippie ; c’est dire. Grand collectionneur d’armes et d’uniformes, avec une prédilection pour ceux des troupes confédérées, il était esthète. Ce que confirme Keith Richards : « Comment décrire un gars qui achète une Alfa Romeo de 1936, uniquement pour observer le tableau de bord ? Charlie ne sait pas conduire. »
En revanche, il n’était pas manchot devant une batterie réduite à sa plus simple expression : une grosse caisse et une claire, une charleston et deux cymbales. Ça lui suffisait pour faire le job.
Pour la petite histoire, une fois, Charlie Watts s’énerva lorsque Mick Jagger, recevant des journalistes en studio, le présenta de la sorte : « Charlie Watts, c’est mon batteur ! » Et ce dernier de se lever, de coller une sévère droite à son altesse Mick, si sèche qu’elle le laissa sur le carreau, avant de préciser : « Cher Mick, je ne suis pas ton batteur, mais celui des Rolling Stones… » Et il alla ensuite se rasseoir sur son tabouret.
Après, une question demeure : les Rolling Stones poursuivront-ils leur tournée mondiale, interrompue pour cause de pandémie ? Nicolas Ungemuth, toujours : « Pour moi, les Stones sans Bill Wyman et Charlie Watts, c’est comme les Who sans Keith Moon et John Entwistle : une absurdité. »
Voilà qui n’est pas faux. Repose en paix, Charlie et, surtout, merci pour tout !