La crise au goût amer des producteurs de café

Des millions de sacs, remplis de fèves de café, qui ne trouvent pas preneurs, un cours mondial qui s'écroule, des petits cultivateurs qui se retrouvent au chômage et viennent grossir les rangs des migrants,un réchauffement climatique qui menace des zones entières de production et des maladies fongiques en pleine expansion; c'est le paysage très sombre de la filière du café, qui traverse une des plus grave crise de son histoire
La surproduction mondiale a fait chuter les prix, et la majorité des petits caféiculteurs vendent désormais à perte. Au Honduras, nombre d’entre eux tentent d’émigrer clandestinement aux États-Unis.
De Santa Rosa de Copán – Sur ces hauts plateaux, dans l’ouest du Honduras, tout le monde connaît deux chiffres avec précision : le cours mondial du café à la Bourse de New York et la rémunération qu’exige un “coyote” pour vous faire passer clandestinement aux États-Unis.
Dans cette petite ville coloniale, charmante mais pauvre, chacun sait que le cours du café s’effondre, à l’heure où une nouvelle crise frappe durement le secteur. Le tarif des passeurs, lui, ne cesse d’augmenter.

Et les grands importateurs – à commencer par Starbucks – qui s’approvisionnent dans des pays comme le Honduras ne font quasiment rien pour aider les petits exploitants et les ouvriers agricoles sur lesquels repose une industrie de plusieurs milliards de dollars. Ces paysans quittent l’Amérique centrale par dizaines de milliers, au risque de finir dans des camps de concentration le long de la frontière entre le Mexique et les États-Unis.
Une fois de plus, le prix de référence de l’arabica a baissé radicalement à New York, passant de près de 3 dollars la livre en 2011 à moins de 1 dollar actuellement. En Amérique latine, en Afrique et en Asie, le nombre de petits caféiculteurs est estimé à 25 millions ; en comptant leurs familles, plus de 100 millions de personnes sont directement concernées par la crise. Au Honduras, la plupart de ces cultivateurs sont dans une situation qui s’aggrave de jour en jour, car ils n’ont pas d’autre moyen de gagner leur vie.
De plus, dans nombre de pays concernés, les exportations de café représentent une source importante de devises étrangères, c’est pourquoi la chute des cours les empêche d’importer en quantité suffisante des médicaments, des denrées alimentaires et d’autres produits de première nécessité – ce qui pénalise toute la population.
L’Ouganda et le Rwanda, ainsi que la Colombie et le Brésil, ont tiré la sonnette d’alarme. En mars, 13 organisations du Forum mondial des producteurs de café ont publié un appel d’urgence, avertissant que la chute des prix menaçait de se transformer en une véritable “crise humanitaire”.