Voiture de police brûlée
EXCLUSIF.
Le 18 mai 2016,
quai de Valmy à Paris, deux policiers ont été violemment agressés. Plusieurs suspects sont depuis passés aux aveux.
La scène, ultra-violente, a été diffusée dans tous les journaux télévisés et vue des milliers de fois sur YouTube. Le débordement a lieu le 18 mai 2016, quai de Valmy à Paris, à environ un kilomètre de la place de la République, où des dizaines de policiers sont rassemblés pour dénoncer la « haine anti-flics ». Le conducteur Kevin Philippy, adjoint de sécurité, et sa collègue, Allison, gardienne de la paix, rentrent tranquillement du centre de tir lorsque des contre-manifestants refoulés de la place de la République attaquent leur véhicule. Les projectiles et les insultes pleuvent, les vitres sont cassées à coups de pied et de poing et la lunette arrière est transpercée avec une borne anti-stationnement.
Les deux policiers sont frappés par les casseurs et obligés de prendre la fuite : la voiture s'embrase à cause d'un fumigène jeté dans l'habitacle. Tandis que Kevin sort son arme, se ravise et pare les coups avec son avant-bras, un homme intervient, retient le casseur et empêche les choses de dégénérer encore davantage. Devant la carcasse encore fumante de la voiture de police, une pancarte est jetée au sol : « Poulets rôtis. Prix libre ». Dans son audition que Le Point.fr s'est procurée, Allison, la gardienne de la paix, raconte : « J'ai vu une bouteille remplie de liquide avec un fumigène accroché. Pour moi, c'était un cocktail Molotov. J'étais paniquée. Un individu m'a aidée à sortir. Il a tenté de s'interposer et leur disait d'arrêter. J'ai eu la peur de ma vie. J'ai cru que j'allais mourir. »
« Ce que j'ai fait est honteux »
Aussitôt accompagné à l'hôpital pour un examen médical, Kevin Philippy, un solide gaillard, se plaindra de douleurs au visage et aux cervicales. Le 18 mai 2016, dans la foulée de l'agression, une enquête pour tentative d'homicide volontaire sera immédiatement ouverte par le parquet de Paris. L'enquête a depuis beaucoup avancé. Selon nos informations, plusieurs suspects sont passés aux aveux et ont été mis en examen. Nicolas F. a ainsi reconnu devant la juge Berthezene, le 20 juillet dernier, avoir frappé l'adjoint de sécurité avec une « tige en aluminium » trouvée par terre. L'homme raconte avoir « pété les plombs » : « Je n'ai pas visé la tête, mais le torse. Ce que j'ai fait est honteux. Je souhaite m'excuser auprès du policier », a-t-il dit, ajoutant avoir asséné des coups pour qu'« il tourne les talons ». « Je n'ai jamais voulu la mort de quiconque de toute ma vie », a poursuivi Nicolas F, fils et petit-fils de m0ilitaire, assurant n'avoir « aucun problème avec l'uniforme ».
Selon les investigations en cours, la fameuse « tige en aluminium » que l'on voit s'abattre sur le policier pourrait n'être en réalité qu'une tringle à rideaux en inox. Un autre homme, David B., interpellé peu de temps après l'agression, a, quant à lui, reconnu devant les enquêteurs être celui que l'on voit sur la vidéo jeter un plot métallique sur le pare-brise de la voiture. « J'ai suivi le mouvement sans réfléchir », a-t-il expliqué au juge.
Les frères Bernanos, cerveaux de l'attaque ?
Le profil des autres mis en examen paraît plus sérieux. Brian M., 21 ans, et Leandro L., 32 ans, interpellés sur la foi des services de renseignements, sont des militants bien connus d'ultragauche. Ils ont été aperçus plusieurs fois sur des foyers de contestation. Mais c'est surtout les frères Bernanos, Angel et Antonin, qui retiennent particulièrement l'attention des policiers. Descendants de Georges Bernanos, l'écrivain catholique antifranquiste qui a notamment écrit Sous le soleil de Satan et Journal d'un curé de campagne, il semblerait que les deux étudiants soient nettement plus radicaux que leur illustre ancêtre.
Étudiant en première année de géographie à Tolbiac, Angel Bernanos, 19 ans, est déjà bien connu des services spécialisés, qui l'ont fiché S pour son appartenance à « la mouvance contestataire antifasciste susceptible de se livrer à des violences ». Si le rôle d'Angel dans l'agression des policiers est encore extrêmement flou, sa présence sur les lieux ne fait aucun doute, assure une source proche du dossier. Treize casques de moto ont été trouvés dans sa chambre lors des perquisitions. « Une espèce de collection », s'est-il justifié, sans plus de précisions.
« Je ne me sens en aucune façon coupable »
Antonin, le grand frère âgé de 22 ans, brillant étudiant en licence de sociologie à Nanterre, engagé politiquement depuis ses 15 ans, a lui aussi juré ne pas être impliqué : « Je ne me sens en aucune façon coupable ou responsable de quoi que ce soit. (…) Je n'ai à aucun moment participé à des violences ou à une manifestation armée avec le visage dissimulé », a-t-il lancé à la juge.
Les policiers ont cependant remarqué des similitudes entre les photos d'Antonin Bernanos prises juste avant l'attaque de la voiture et les images d'un des agresseurs de Kevin Philippy. Les deux hommes portent une bague, ont des chaussures noires avec des languettes blanches et ont de gros cernes sous les yeux. Mais la plus grosse ressemblance semble être la couleur de leurs caleçons. Un fonctionnaire de police, entendu comme témoin, assure ainsi avoir reconnu le « caleçon rose » d'Antonin. « Mon caleçon n'est pas rose, mais prune », a aussitôt rétorqué l'intéressé. Un détail qui pourrait faire basculer l'affaire. Me Thierry Lévy, l'avocat des frères Bernanos, s'est engouffré dans la brèche : « (Le caleçon) n'a pas été placé sous scellés, alors qu'il devait l'être, a-t-il lancé à la juge d'instruction. Aujourd'hui, il n'a plus aucune valeur de preuve. »
Pour rappel, sept personnes ont été mises en examen dans cette affaire. Trois d'entre elles sont en détention provisoire
Source ;Le Point.fr
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