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Expression d’autrefois Corniche (La) lui est tombée dans l’œil Il a eu du bonheur « Tu sais qu’elle a quitté les allumettes pour vendre des mottes. Il y a queuqu’jours que j’la rencontris qui en avoit encore un reste. Elle me demande si j’veux lui en donner à moiquié gain... J’faisons nos conventions. Elle prend l’devant ; la chance l’y tourne, comme si aIle avait joué au bâtonnet avec moi ; la corniche l’y tombe dans l’œil ; chacun en achète, et au bout d’un moment elle revient à vide. La corniche n’est pas ici cette avancée qui règne autour d’un bâtiment, à la naissance du toit, mais une petite corne. On disait d’un mari trompé par sa femme, « qu’il lui était tombé une corniche sur la tête » ; mais l’on disait aussi « heureux comme un trompé », parce qu’on supposait que cet état du mari était une cause de bien-être et de prospérité dans le ménage.
Nos vieux conteurs et La Fontaine après eux ont donné de la vogue et du crédit à ce préjugé, et le peuple de Paris en est encore imbu. C’est que la même cause qui l’entretient subsiste encore, et qu’elle ne semble pas près de finir. Madame de Sévigné, sur le bruit qu’une corniche de la maison de Bussy était tombée sur sa tête, lui écrit que « ce ne sont pas des diminutifs qui font du mal à la tête de la plupart des maris, et qu’ils se trouveraient bien heureux de n’être offensés que par des corniches. » (Lettre du 6 juin 1668). Ce même dicton a échappé aux recherches de Littré. Comme, dans notre exemple, il s’agit d’une femme que la fortune favorise, l’auteur a cru devoir lui faire tomber la corniche dans l’œil au lieu de la tête ; mais qu’elle tombât sur telle partie de la tête ou sur telle autre, il est certain que la chute en était regardée comme un signe de bonheur.