Le Billet du dimanche
Le Retour à l'heure d'hiver ce week-end
Moins douloureux dans ce sens que le passage à l’heure d’été, le changement d'heure agace et dérange une majorité des Français. Il permet pourtant au pays d'alléger sa facture énergétique
Comme partout en Europe, ce week-end, on remet les pendules à l'heure. En France, cette nuit nous sommes passés de 3 heures du matin à 2 heures
Depuis près de 40 ans, chaque année, l'Hexagone vit jusqu'à la fin mars avec une heure d'avance sur le méridien de Greenwich (pour l'heure d'été, c'est deux heures d'avance). Soixante minutes en plus pour dormir, rêver, faire la fête ou bien, pourquoi pas, travailler : comme chaque année, le cadeau ne réjouit pas tout le monde... Le mécanisme du changement d'heure permet pourtant à la France de faire des économies d'énergies et d'émissions de CO2 loin d'être anecdotiques dans le contexte du changement climatique. Le point.
Le passage à l'heure d'hiver dérange 56% des Français
Le passage à l'heure d'été qui enlève une heure de sommeil, fait râler 58% de nos concitoyens, selon le sondage BVA-Orange-i-Télé, publié en mars 2015. Le retour à l'heure d'hiver fait un tout petit peu moins grincer les dents. Un sondage de l'institut CSA réalisé du 30 septembre au 2 octobre 2015 pour "Direct Matin", indique toutefois que 56% des Français déclarent être dérangés par le retour à l'heure d'hiver.En cause, principalement, les perturbations engendrées sur l'organisme par le décalage du sommeil. Sans surprise, les personnes âgées et les parents de jeunes enfants, parmi lesquels les femmes qui gèrent plus souvent au quotidien le rythme de la famille et des enfants, râlent davantage que les célibataires sans enfants, hommes ou femmes.
Pourquoi ce changement d'heure ?
"Chasse au gaspi"
Sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, le gouvernement a décidé en 1976 d'avancer les pendules de la France d'une heure en été, et donc de les reculer d'une heure à l'approche de l'hiver, afin de réaliser des économiser d'énergie, dans le contexte de crise du premier choc pétrolier. En France, on n'avait pas plus de pétrole qu'aujourd'hui, mais on avait des idées et on était en pleine "chasse au gaspi". Le principal objectif du changement d'heure, à l'époque, c'était demieux gérer les ressources énergétique du pays, en adaptant laconsommation d'électricité aux besoins des usagers, en suivant l'allongement du jour l'été, et son raccourcissement l'hiver.
Aujourd'hui, réchauffement climatique et pollution obligent, la réduction du CO2 et des gaz à effet de serre émis par la production de l'énergie consommée par les Français, entrent aussi en jeu. A un mois de la COP21, l'actualité de l'enjeu écologique de la mesure ne saurait échapper à personne.
Pourtant, 66% des Français ne croient pas à l'impact du changement d'heure en termes d'économies d'énergie (sondage BVA-Orange-iTélé, mars 2015). Lors du dernier passage à l'heure d'été, la ministre de l'Ecologie, Ségolène Royal, avait indiqué qu'elle demanderait une étude pour vérifier si ce changement bisannuel qui dérange indéniablement le rythme biologique des Français, permettait vraiment des économies d'énergies. On se rappelle qu'elle avait préconisé la suppression de l'heure d'été, en mars 1990, lorsqu'elle était députée.
En attendant les résultats de nouvelles études, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) explique que si la consommation d'électricité est légèrement plus importante le matin à la suite du passage à l'heure d'été, elle est fortement réduite en soirée. Pour l'Ademe, les économies en énergie et en CO2 sont réelles et pour un coût quasi nul de mise en oeuvre: le différentiel permet d'économiser 440 gigawatts-heure, soit l'équivalent d'un an d'éclairage de 800.000 ménages et d'environ 1,8 millions d'habitants, soit près de la moitié de la population de la région Aquitaine. Ce sont aussi 44.000 tonnes de CO2 rejetées en moins dans l'atmosphère.
Ces chiffres qui datent de 2010, dernière étude en date de la haute autorité de l'énergie sur le sujet, sont contestées par l'association contre l'heure d'été double (Ached).
Cette année encore, on n'échappera pas à la question qui tue et qui alimente les conversations à la machine à café, la veille de chaque changement d'heure. Le sondage Ooreka – OpinionWay nous apprend aussi que 51% des Français ne savent pas dans quel sens tourner les aiguilles de leur montre. Les moins de 35 ans sont les plus perdus face au changement d'heure: ils sont, en effet, 60% à ne pas savoir s'ils doivent avancer ou reculer leur montre à chaque changement d'heure... Une donnée qu'il convient de relativiser : avec l'usage généralisé des smartphones, qui porte encore une montre ?
Alors ? On avance ou l'on recule d'une heure,
Réponse on recule bien sûr.
Bon dimanche....