Le meilleur business du monde
D'après l'Union européenne, il y aurait environ 30.000 passeurs répertoriés en Europe. Et leur business est autrement florissant que celui de votre start-up/boite du CAC.
Le Figaro et l'AFP rapportent que, selon l'Agence européenne de surveillance des frontières (Frontex), "la traite des êtres humains, combinée parfois à l'esclavage sexuel et à l'exploitation dans des emplois sous-payés, est "probablement le business le plus profitable" de toutes les activités criminelles, devançant même le trafic d'armes et celui de la drogue".
Et, de fait, selon une étude hyper complète que Libé, associé au collectif The Migrant Files, avait publiée en juin, depuis 2000, les recettes des passeurs clandestins s'élèvent à 16Mds€. C'est 3 milliards de plus que ce que les 28 membres de l'Union ont consacré aux contrôles de leurs frontières/expulsions d'immigrants sur la même période. D'un côté, la demande explose... et de l'autre, les caisses sont vides. On sait sur qui parier.
Le « business le plus profitable »
Depuis mars, les autorités européennes ont identifié un groupe international de « 30 000 suspects » dans toute l'Europe, parmi lesquels 3 000 opèrent en Méditerranée et dont certains sont originaires de pays non membres de l'UE avec lesquels Europol échange des informations, affirme M. Crepinko. Ces trafiquants de différentes nationalités et religions mettent de côté leurs différences pour collaborer au cas par cas, selon les besoins et là où il y a de l'argent à gagner, relève-t-il, citant l'exemple d'un réseau de seize passeurs démantelé récemment en Grèce, avec l'arrestation de deux Roumains, deux Égyptiens, deux Pakistanais, sept Syriens, un Indien, un Philippin et un Irakien. Ce réseau, qui en quelques mois a gagné près de 7,5 millions d'euros, faisait venir principalement en Europe des Syriens - les faisant passer avec des papiers falsifiés de Turquie en Grèce - aussi bien par des voies maritimes et aériennes que terrestres.
La traite des êtres humains, combinée parfois à l'esclavage sexuel et à l'exploitation dans des emplois sous-payés, est « probablement le business le plus profitable » de toutes les activités criminelles, devançant même le trafic d'armes et celui de la drogue, affirme une porte-parole de l'agence européenne de surveillance des frontières Frontex, Izabella Cooper.
De plus en plus, les passeurs utilisent les réseaux sociaux, Facebook ou autres, pour faire connaître leurs services, négocier leurs prix et organiser les trajets des migrants, selon Europol et Frontex. Ainsi, Frontex, qui partage ses informations avec les pays membres de l'UE, a mis au jour un réseau dirigé par des Érythréens envoyant des migrants de ce pays vers la Libye, en passant par le Soudan, avec pour destination finale notamment l'Italie, témoigne Mme Cooper.
La Libye, une aubaine
En Afrique occidentale et subsaharienne, les passeurs utilisent toute une série de camions et d'abris pour faire venir les migrants en Libye. L'une des routes utilisées passe par le Ghana, le Burkina Faso et le Niger. Une fois les migrants en Libye, des réseaux spécialisés les envoient traverser la Méditerranée dans des embarcations de pêcheurs ou de petits canots pneumatiques surchargés qui, soupçonne Frontex, « pourraient avoir été importés de Chine ».
Selon des témoignages parvenus à Frontex, certains passeurs auraient même forcé des candidats à l'exil à monter dans ces embarcations de fortune sous la menace d'un revolver, ces derniers ayant réalisé combien il était dangereux de naviguer à leur bord, selon Mme Cooper. La Libye est « une aubaine pour les passeurs » car la loi n'y existe pas vraiment, déplore-t-elle.