Qui l'eut cru ? Faire du vélo pourrait être mauvais pour la santé. Des chercheurs de l'université américaine Columbia se penchent en ce moment sur l'impact de la pollution urbaine sur la santé des cyclistes. Circuler et zigzaguer sur son vélo entre les voitures et les bus pourraient en effet être néfaste pour la santé, au lieu de l'améliorer.
"Nous essayons de quantifier les impacts sur la santé des cyclistes qui se déplacent dans un espace dense et urbain", résume Jack Darby, un scientifique chargé de l'enquête et spécialiste de la santé et de l'environnement à Columbia, cité par le National Geographic .
L'étude en est encore à sa phase de test. Les chercheurs affinent un attirail d'appareils pour récolter les données du cœur et des poumons des 30 cyclistes cobayes, parallèlement aux informations sur le taux de pollution dans lequel ils évoluent. Ces derniers portent alors toute une batterie de capteurs qui, minute par minute, récupèrent en même temps les données cardiaques et respiratoires, en plus de celles sur la qualité de l'air. Ainsi, les chercheurs pourront comprendre comment le corps est exposé aux polluants pendant et après la course à vélo. Sur cinq ans, ils espèrent pouvoir récolter les données de centaines de cyclistes .
A termes, l'équipe espère créer une carte et intégrer les données à une application afin d'aider les cyclistes à optimiser leurs trajets en fonction de la pollution, selon National Geographic.
Recherche du point d'inflexion
Les chercheurs veulent montrer que la pollution pourrait rendre le vélo bien moins bon pour la santé que l'on ne pourrait le croire. Ils sont à la recherche du point d'inflexion où le vélo devient nuisible et non bénéfique aux individus qui l'utilisent.
Les particules fines dégagées par les voitures et leur pot d'échappement sont principalement des molécules de charbon noir. Des recherches ont montré qu'une exposition de long terme à ses particules augmente le risque de maladies cardiaques et pulmonaires. A court-terme, cela peut même mener à une crise cardiaque. Et les effets sont amplifiés avec l'effort physique, explique le National Geographic.
Un danger particulièrement présent en France, où Paris a connu plusieurs pics de pollution ces dernières années. En France, entre 10 et 35% des causes d'asthme traitées annuellement sont attribués à la pollution. Les particules fines comptent pour 9% de la mortalité nationale, selon une étude publiée en juin par l'agence Santé publique France qui évalue à au moins 48.000 le nombre de victimes annuelles. Et la pollution due aux particules fines fait perdre au moins 15 mois d'espérance de vie dans les villes.
Grands adeptes du vélo, les Français seraient d'autant plus touchés si cette étude arrive à ses conclusions. Avec ses 700 kilomètres de pistes cyclables, Paris et ses 2,24 millions d'habitants est l'une des villes européennes qui aime le plus le vélo , avec Londres et Amsterdam.
Selon une enquête réalisée entre 2001 et 2010 par l'Observatoire de la mobilité Ile-de-France, les vélos ont connu un regain d'usage, surtout dans la région francilienne. En 2010, plus de 650.000 déplacements se font par jour en vélo. Une tendance qui ne fait que s'affirmer grâce à la recrudescence de vélos en libre-service mis à disposition dans plusieurs villes.