Est-ce encore possible de manger de bonnes tomates ?
Ma propre production.cliché Papy-bougnat 2016
Nous sommes de plus en plus nombreux à déplorer leur chair trop pâle et leur goût insipide. Est-il encore possible de trouver des produits de qualité ? «Il est tout à fait possible de manger de bonnes tomates», , la pépinière créée par celui que l’on surnomme «le prince jardinier», Louis Albert de Broglie. En effet, en 1998, l’aristocrate, amoureux transi du fruit rouge, a créé le Conservatoire national de la tomate, une collection unique au monde qui abrite aujourd’hui près de 700 variétés et qui redonne au fruit considéré comme un légume toute sa noblesse «la tomate est encore un produit noble». Mais comment reconnaître celles qui ont du goût ? En faisant bien la différence entre produit industriel insipide et fruit de saison de qualité. Décryptage.
1) Consommer local et de saison
Consommer les tomates de juin à septembre
Commençons par le commencement. Nombreuses sont celles et ceux qui oublient que les tomates ont- elles aussi - une saison, tant elles abondent toute l’année dans les rayons des supermarchés. «La saison des tomates débute au mois de juin et se termine au mois de septembre», nous explique le jardinier en chef avant d’ajouter : «si la météo a été clémente, on peut en trouver dès la fin du mois de mai et ce, jusqu’à la mi-octobre, mais c’est le maximum». Donc pour tous ceux qui aiment se concocter une salade tomate-mozza en plein mois de décembre pour le réveillon de Noël, c’est raté. «Effectivement, vous pouvez abandonner l’idée d’apprécier le goût de vos tomates si vous les dégustez en hiver»
2) Être attentif aux conditions de culture
Une tomate industrielle contient-elle autant de vitamines ?
«Non. Clairement les tomates industrielles contiennent moins de vitamines que les tomates récoltées au dernier moment qui, elles, ont bien eu le temps de se gorger de nutriments»,
Consommer ses tomates de saison, oui, mais pas issues de n’importe quelles cultures. «Il faut éviter les cultures industrielles, hors-sol ou encore sous serre», avertit le responsable du potager de la Bourdaisière. Les tomates industrielles sont conditionnées pour mieux résister aux maladies et aux chocs. De plus, les fruits sont cueillis trois semaines avant leur mise en vente et tout cela, au détriment de leur goût», assure l'expert. Sa solution ? «On privilégie donc les petites productions et les filières bio et responsables.»
Être attentif aux zones de production
Selon l'Interfel (Interprofession des fruits et légumes frais) (2), la Bretagne, les Pays de la Loire, l’Aquitaine et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur sont les principales zones de production de la tomate. Pour le spécialiste de la question, le fruit peut être cultivé partout. «Il existe des producteurs de tomates partout en France», indique-t-il. «Et même si certains supermarchés font des efforts en termes de démarches de qualité, il faut privilégier les producteurs les plus près de chez soi, soit les circuits les plus courts», préconise-t-il. Encore une fois, «les tomates transportées depuis l’Espagne, depuis le Maroc et même depuis le sud de la France sont conditionnées pour le transport», rappelle le professionnel.
3) Comment conserver ses tomates ?
Selon le chef jardinier «le fruit perd de sa saveur lorsqu’il est au réfrigérateur». Aussi, le jardinier en chef préconise de consommer les tomates le plus rapidement possible et de les conserver à température ambiante.
La tomate, un produit de luxe ?
Si la tomate est le fruit le plus vendu en France avec une consommation moyenne de 14 kg par ménage et par an, il s’agirait pourtant d’un «produit haut de gamme. «Comme tous les produits de qualité, pour avoir de belles tomates, il faut bien souvent y mettre le prix», distingue le professionnel. Et pour cause, « la récolte des tomates bio se déroule généralement au dernier moment, lorsque les fruits sont mûrs, que les tomates sont plus fragiles et qu’il peut potentiellement y avoir plus de pertes», explique-t-il avant d’ajouter : «il faut donc compenser ces pertes». D’autre part, les volumes des petits producteurs en bio ne sont pas les mêmes que ceux des grands groupes agroalimentaires et le travail nécessite davantage de main d’œuvre. Et comment distinguer la tomate noble du produit industriel sur les étals des marchés et des supermarchés ? «Cela ne se reconnaît pas et c’est bien le problème», sourit le responsable du potager de la Bourdaisière. «Une tomate n’a pas d’odeur, pas de parfum et ne possède aucun gage de qualité visuel. C’est pourquoi notre seule garantie de sélectionner un bon produit (avant de le goûter) est de privilégier ses conditions de production. À savoir, locale, bio et de saison », insiste-t-il.