Électricité, les mauvais calculs de Ségolène Royal
La loi de transition énergétique n’est pas encore votée, mais Ségolène Royal a déjà pris les devants pour réformer le secteur de l’électricité, au risque de le déstabiliser. A la fin, c’est le consommateur qui risque de payer les pots cassés.
Pour combler les déficits, le gouvernement est à la recherche d’argent frais. Consciente que de nouvelles taxes seraient particulièrement impopulaires, Ségolène Royal a fait preuve d’inventivité. En juin 2014, elle a tout d’abord annoncé une « baisse » de la facture d’électricité (en fait le gel d’une augmentation), et promis une réforme du prix de l’énergie plus juste.
Dans les faits, le nouveau calcul du tarif de l’électricité a finalement abouti en novembre à une nouvelle hausse. Hausse (+2%) néanmoins insuffisante pour améliorer la situation financière de l’Etat. Le 1er janvier, en pleine trêve des confiseurs, la ministre a donc finalement fait bondir de 18% la CSPE, l’une des taxes de l’électricité qui a le plus augmenté ces dernières années.
Le consommateur est donc en droit de se sentir floué, mais il n’est pas le seul. La réforme du tarif de l’électricité de Ségolène Royal ne couvre plus les coûts de production d’EDF. Au moment où l’entreprise publique doit investir pour améliorer la sûreté de ses centrales nucléaires et préparer le démantèlement des plus anciennes, la question est de savoir avec quel argent elle le fera.
Les calculs biaisés de la ministre
Ce que la ministre de l’Ecologie prend d’un côté, elle tente maladroitement de le redistribuer de l’autre. Contre les avis du Conseil supérieur de l’Energie (qui regroupe à la fois des élus et des entreprises) et de la CRE (l’autorité de régulation du marché électrique), Ségolène Royal a mis en place un système de subventions financé par la taxe CSPE (celle-là même qui a augmenté de 18%) censé soutenir le développement de l’effacement en France. Partant d’un bon principe,l’effacement consiste à réduire la consommation électrique lorsque la demande devient très forte, c’est par exemple ce qui a été mis en place dans le cadre du pacte électrique breton.
Initialement, l’effacement devait permettre deux choses :
1 – Réduire la facture d’électricité des particuliers et des entreprises en maîtrisant mieux leurs consommations,
2 - Sécuriser l’approvisionnement électrique en évitant que la demande excède les capacités de production.
En pratique, la ministre a ruiné les efforts pour atteindre ces deux objectifs. Ses subventions ne profitent qu’à un seul acteur : Voltalis, qui commercialise des boitiers destinés à piloter le déclenchement de l’effacement chez les particuliers. Cette entreprise empoche l’argent public, mais sans contrepartie pour le consommateur « effacé » (qui paie par contre la taxe qui finance la subvention) ou le producteur d’énergie, qui n’a donc pas intérêt à améliorer le fonctionnement du système électrique.
Sous couvert d'améliorer le système électrique français, Ségolène Royal semble plutôt déterminée à faire l’inverse. Peu soucieuse des délicats équilibres techniques et financiers qui régissent le marché de l’électricité, la ministre plombe en fait la facture du consommateur et déstabilise les entreprises.