Nouvelle muflerie du pingouin…
Le président de la République française part pour la Turquie, puis il se rendra aux États-Unis. Grand bien lui fasse, mais c'est un autre voyage que je lui conseille de toute urgence. Lui qui récemment était à Rome, il aurait dû y rester et demander au président de la République italienne Giorgio Napolitano la permission de faire un stage de huit jours au Quirinale. En effet, Giorgio Napolitano est un homme du monde, un parfait gentleman, et François Hollande, qui semble n'avoir pas la moindre idée de ce que sont les bonnes manières, ne saurait trouver un meilleur professeur. Huit jours, certes, c'est court, mais durant cette semaine vécue sous la houlette de son homologue italien, il pourrait au moins apprendre le b.a.-ba du savoir-vivre, les bases de ce que nos amis d'outre-Alpes appellent le galateo.
Quand j'étais enfant, le chef de l'État français se nommait Vincent Auriol ; adolescent, René Coty ; jeune homme, Charles de Gaulle. De 1969 à 2014, six hommes leur ont succédé. J'ai donc connu neuf présidents de la République. Eh bien, je n'en avais jamais vu qui fût aussi mal élevé que le dernier. Le jour de la passation des pouvoirs, les journalistes lui firent le grief de ne pas avoir accompagné M. et Mme Nicolas Sarkozy jusqu'à leur voiture. Moi, ce matin-là, ce qui m'abasourdit, ce fut, sur le perron de l'Élysée, l'incroyable goujaterie de François Hollande qui n'avait même pas été foutu de baiser la main de Carla Bruni. Celle-ci s'en souviendra lorsqu'elle composera sa chanson "Le pingouin".
Il prend le pape pour un sous-préfet
Chanson prémonitoire. "Les bras ballants mais l'air hautain, il est mal élevé, le pingouin." J'ai à nouveau pensé à ces vers lorsque vendredi dernier, sur Rai Uno, j'ai vu le reportage consacré à la rencontre de notre président et du pape François. Je ne suis pas catholique, l'évêque de Rome est à mes yeux d'orthodoxe un évêque schismatique, et de Jean XXIII à Benoît XVI, je n'ai jamais hésité à décocher mes flèches au curare contre le Vatican. Cela dit, le pape de Rome, nonobstant l'absurde Filioque, demeure le premier évêque de la chrétienté, il incarne deux mille ans d'histoire - une histoire à laquelle la France, fille aînée de l'Église, a pris une part essentielle, consubstantielle. Le saint-père est une figure vénérable devant laquelle un homme sensible, croyant ou athée, éprouve une émotion, un respect déférent. Aussi, la façon mesquine, nulle, dont notre pingouin l'a abordé, le visage fermé, sans la moindre inclination de la tête, lui a serré la main comme il serre celle du sous-préfet quand il se rend en Corrèze, était en vérité misérable. Je ne suis pas catholique, mais je suis français et en cet instant, dans la mesure où le président de la République me représentait, j'ai eu honte.
Une muflerie qui en dit long
Cependant, le pire était à venir. Dans la bibliothèque où le pape François et le président de la République française ont eu leur entretien, les caméras de Rai Uno étaient placées sur le côté. C'est donc de profil que j'ai vu le souverain pontife et François Hollande prendre place de l'un et l'autre côté d'un bureau. Eh bien (je vous jure sur le sang du Christ que je l'ai vu, de mes yeux vu), le pitoyable Hollande n'a pas attendu que le saint-père fût assis pour s'asseoir à son tour ; il s'est assis avant le pape !...