Marée du siècle
Faut-il avoir peur de la « marée du siècle » ?
21 Mars 2015; coef/119/120
Les souvenirs de Xynthia et des tempêtes de l’hiver 2013-2014 sont encore vifs. Le Service hydrographique et océanographique de la Marine annonce une « marée du siècle » pour le 21 mars 2015. Le phénomène est mal nommé, car il se produit en réalité… plus de cinq fois par siècle ! Explications.
C’est quoi, une « marée du siècle » ?
Marée haute, fin décembre, le long de la plage du Sillon, à Saint-Malo. (Photo : Philippe Renault/Ouest-France)
C’est une marée qui atteint un coefficient maximum, de 119 à 120. Cette situation se répète « tous les 18 ans environ », rappelle le Service hydrographique et océanographique de la Marine (Shom), en fonction de « l’horlogerie céleste ». La dernière a eu lieu le 10 mars 1997. Les prochaines sont prévues pour le 21 mars 2015, le 3 mars 2033 et le 14 mars 2051. L’expression « marée du siècle » est donc abusive, puisque le phénomène survient plus de cinq fois par siècle. Mais cette formule frappe les esprits et incite ainsi à la prudence.
À quoi s’attendre le 21 mars 2015 ?
Le Mont Saint-Michel redevient une île aux grandes marées, comme ici, le 14 juillet 2014, avec un coefficient de 106. (Photo : Thomas Brégardis/Ouest-France)
Les coefficients mesurent en centièmes l’ampleur de la marée par rapport à sa valeur moyenne. Ils vont de 20 à 120 et nous donnent ainsi une indication sur ce qu’on appelle le marnage : plus le coefficient est élevé, plus la mer monte haut et descend bas ! Le 21 mars 2015, pour la « marée du siècle » de coefficient 119, il y aura ainsi en baie du Mont Saint-Michel (Manche), une différence de 14,15 m de hauteur d’eau entre la pleine mer et la basse mer, prévoit le Shom : « Soit plus qu’un immeuble de quatre étages ! »L’événement est attendu par les pêcheurs à pied. À Brest (Finistère), le marnage sera de 7,50 m environ. À titre de comparaison, une grande marée moyenne au Mont Saint-Michel correspond à un coefficient de 95 pour un marnage de 10,50 m.
Comment ça marche ?
Quand la Terre, la Lune et le Soleil sont alignés, c’est une marée de vive-eau. (Infographie : Ouest-France)
Les marées sont le résultat des forces de gravitation dues à la Lune, au Soleil et à la rotation de la Terre. Pour engendrer une « marée du siècle », il faut que plusieurs influences célestes s’exercent simultanément et conjuguent leurs forces : la première, c’est l’alignement de la Lune, du Soleil et de la Terre (en conjonction ou en opposition), dont la conséquence est une marée de vive-eau. Cette situation astronomique, appelée « syzygie », correspond à la pleine et à la nouvelle Lune. Deuxième facteur : l’équinoxe, c’est-à-dire quand le Soleil passe dans le plan de l’équateur terrestre. Troisième et quatrième facteurs d’influence : quand la distance de la Terre à la Lune et la distance de la Terre au Soleil sont courtes. On parle alors de « périgée » solaire ou lunaire.
Quand la météo s’en mêle
Vue aérienne des inondations à La Faute-sur-Mer et à L’Aiguillon, en Vendée, début mars 2010, après le passage de la tempête Xynthia. (Photo : Philippe Chérel/Ouest-France)
Lors de la tempête Xynthia en 2010, le coefficient de marée était de 102. Si la tempête était arrivée au moment de la basse mer, les conséquences n’auraient pas été aussi désastreuses… La prudence et l’anticipation des risques sont donc de mise pour n’importe quelle grande marée de coefficient important, quand elle se conjugue à des événements météorologiques. À noter qu’en 2015, d’autres forts coefficients sont prévus, notamment le 20 février, avec une valeur de 118 : quasiment une autre « marée du siècle »… la même année !
Source : Ouest-France