Au jardin :
Prévoyez les coups de froid
Pas de panique: la Météo ne prédit pas de froid sibérien pour les prochains jours. Mais dans bon nombre de régions encore épargnées par le gel, la chute du thermomètre pourrait suffire à mettre en péril les plantes les plus frileuses de nos jardins, terrasses et balcons. C'est d'autant plus vrai que les températures fournies par les météorologues sont relevées sous abri, le plus souvent près des villes où il fait toujours un peu plus chaud qu'ailleurs…
Par conséquent, à la campagne, si votre jardin se situe en fond de vallée ou sur un plateau battu par les vents, s'il est exposé au nord ou fortement ombragé, les températures risquent d'être inférieures de quelques degrés chez vous comparé à celles annoncées à la radio, à la télévision ou sur Internet. Un écart faible mais suffisant pour griller vos lauriers roses, vos palmiers ou vos potées de géraniums!
En cette période de redoux ,plutôt que de vous laisser surprendre, autant prendre les devants en mettant dès maintenant les plantes les moins résistantes à l'abri dans votre salon, votre serre ou votre véranda, si vous en possédez une. Et en protégeant avec tout l'arsenal disponible (voile d'hivernage, tunnel plastique, rouleaux de paille de seigle déposés au-dessus des châssis…) celles, moins chanceuses, qui vont devoir affronter l'hiver dehors.
Les espèces à protéger en priorité
Il s'agit des plantes méditerranéennes et des espèces tropicales importées en Europe au cours des siècles précédents. Dans la première catégorie, on trouve, pour l'essentiel, le citronnier (qui trépasse en dessous de -10°C), le laurier-rose (-5°C) et l'olivier (-7°C) dont on peut tenter la culture en pleine terre jusqu'au sud du 45e parallèle, soit grosso modo en dessous d'une ligne Bordeaux-Grenoble (au-delà, la plantation en pot s'impose).
Originaire d'Afrique australe, le pélargonium, communément appelé géranium, ne supporte pas la moindre petite gelée, tout comme le dahlia, natif du Mexique, dont les parties aériennes brunissent dès que le thermomètre descend en dessous de zéro -mais dont les tubercules peuvent rester en place dans les régions à hivers doux à condition de les recouvrir d'un épais paillage.
Même chose pour le bougainvillier, ramené du Brésil par l'explorateur Louis Antoine Bougainville (1729-1811) qui lui a donné son nom. Le mimosa importé d'Australie un peu plus tard, au début du 19e siècle, avant de coloniser le pourtour du Bassin méditerranéen, arrive, lui, à tenir le coup jusqu'à -10°C pour peu qu'il soit bien exposé, à l'abri de la bise ou du mistral.
Sachez que, toutes espèces confondues, les jeunes arbustes sont plus sensibles que les sujets d'un certain âge ayant atteint une taille que l'on pourrait qualifier d'adulte. La résistance au froid est également moins bonne lorsque la plante pousse en pot plutôt qu'en pleine terre, car ses racines sont moins bien protégées. À noter que certaines variétés de lauriers roses, comme le «villa romaine» sont capables de «tenir» jusqu'à -15°C!
Pas de «couvertures» miracles!
Ne péchez pas par excès d'optimisme: les voiles d'hivernage en polypropylène non tissé que vous pouvez vous procurer en jardinerie permettent de gagner 3 à 4°C au maximum. Même bien emmitouflé, un citronnier confronté à des températures de -15°C grillera inexorablement!
En fait, ces protections permettent à vos plantes de survivre lors d'épisodes de froid passagers et pas trop intenses, en particulier au potager sur les planches de mâches, de salades ou d'épinards. Les voiles parviennent également à protéger les fleurs ou les jeunes pousses d'arbres fruitiers ou de certains arbustes de haies en cas de gel tardif au début du printemps. Ou encore de gagner juste ce qu'il faut de degrés Celsius pour passer au travers d'un coup de froid exceptionnel en région méditerranéenne ou dans les zones limites pour une espèce en particulier. Par exemple un jeune plant de mimosa ou une clématite armandi à feuillage persistant cultivés en pleine terre en Ile-de-France ou en région Centre.
Capables, à la différence des films en polyéthylène pour tunnels plastiques, de laisser passer l'air et l'eau, les voiles d'hivernage ont l'avantage de pouvoir rester longtemps en place sans accumuler d'humidité génératrice de maladies au printemps. Cela évite d'avoir à les manipuler trop souvent.
Autre possibilité: si votre salon ou votre véranda n’est pas assez grands pour accueillir tout le monde, regroupez les plantes les moins gélives contre un mur de votre maison, à condition qu'il soit exposé au sud, et recouvrez-les d'un voile d'hivernage en double épaisseur. Ainsi abritées, elles bénéficieront, aux heures les plus froides de la nuit, de la chaleur emmagasinée dans la journée, et incidemment, des fuites thermiques de votre maison, surtout si elle est mal... isolée. Mais il s'agit d'un autre problème auquel il convient, par ailleurs, de remédier!
Respectez la diète hivernale
À l'instar des animaux qui hibernent, les plantes ont des besoins en eau et en éléments minéraux fortement réduits pendant toute la saison froide. Vous devez donc cesser dès aujourd'hui tout apport d'engrais et réduire drastiquement les arrosages (une fois par mois suffit) jusqu'au redémarrage de la végétation. Pensez également à retirer les soucoupes placées sous les pots de vos plantes qui hivernent en extérieur, sur votre balcon ou dans votre cour. À la longue, leurs racines risqueraient de pourrir.
Le pire n'est jamais sûr
Malgré tous les soins apportés à vos plantes pendant cette période délicate, il se peut que certaines succombent aux morsures du froid. Attendez cependant la reprise de végétation avant de rédiger leur acte de décès et de les arracher sans autre forme de procès. Dotés de solides racines, les lauriers roses, les mimosas, les oliviers, mais aussi les figuiers, repartent bien souvent du pied ou de branches indemnes et finissent par rattraper leur retard en quelques années.
A condition, évidemment, de ne pas subir de nouveaux coups de froid entre temps !