Au Jardin:
" Ne laissez pas les maladies vous surprendre !"
Le retour du soleil a mis du baume au cœur des jardiniers, douchés par des semaines de pluie et de grisaille. Après ce printemps exécrable, vécu comme un interminable prolongement de l'hiver, l'arrivée de l'été a redonné des couleurs aux massifs de fleurs, principalement aux rosiers abîmés par les intempéries, et réveillé les légumes du potager. Sevrés de chaleur, tomates, poivrons, aubergines et courgettes, semblent mettre les bouchées doubles pour croître et embellir, comme s'ils voulaient rattraper le temps perdu. Parviendront-ils à tenir ces promesses de ratatouilles, tians et autres délicieuses salades que l'on ne voit pour l'instant qu'en rêve? Il faudra, pour cela, que l'automne laisse, comme l'an dernier, l'été éteindre lentement ses feux et que les maladies n'en profitent pas pour semer la pagaille. Car la remontée du thermomètre, dans une atmosphère aussi saturée d'humidité, profite également à ces innombrables pestes.
Des ravages considérables
Le mildiou (Phytophtora infestans) est le plus à craindre dans l'immédiat, principalement sur tomates et pommes de terre. Si en 2015, la canicule (le soleil est le meilleur des fongicides!) avait tué dans l'œuf les menées de ce
Tige de tomate infestée de mildiou. Taillez au-dessus de la tache et jetez les parties malades. Crédit photo: Scot Nelson/Flickr.
fléau, biologiquement proche mais différent des champignons microscopiques, les jardiniers ont encore en mémoire le souvenir des années 2014, 2012 et 2007 où, à la faveur de printemps et d'été humides, il fit des ravages considérables. Sachant qu'il n'existe aucun remède bio, c'est sur la prévention qu'il faut miser en appliquant dès maintenant de la bouillie bordelaise et en renouvelant le traitement dans une quinzaine de jours si le temps devait virer de nouveau à la pluie. Au passage, n'oubliez pas votre vigne, victime potentielle d'un autre type de mildiou (Plasmopara viticola) aux effets tout aussi dévastateurs. Autre précaution importante: si vous devez arroser, procédez le matin en évitant à tout prix de mouiller le feuillage. Le mildiou ayant impérativement besoin d'humidité pour se développer, vous réduirez ainsi le risque de contagion. En outre, sachez que le paillage limite le risque de contamination par le sol qui sert de réservoir au parasite.
N'attendez pas, non plus, que vos rosiers se couvrent de taches noires ou d'un fin duvet blanc. Ces symptômes trahissent la présence de deux champignons difficiles à contrôler si on leur laisse trop de liberté: le marsonia (Marssonina rosæ), d'une part, et l'oïdium (Erysiphe poeltii), d'autre part. Un traitement préventif au soufre s'impose dès à présent. Si l'infestation est déjà importante, optez pour un fongicide «chimique» homologué pour les jardins amateurs et contenant une triazole, famille de molécule efficace sur les deux parasites.
Dans tous les cas, assurez-vous, avant de «sortir» votre pulvérisateur, qu'il ne pleuvra pas dans les 6 à 12 heures qui suivront le traitement. Renouvelez-le cas échéant et procédez, là encore, à une seconde application dans deux semaines si les conditions restent propices au développement des champignons. Heureusement, la plupart des nouvelles variétés de rosiers sont génétiquement tolérantes à l'oïdium et au marsonia, communément appelé «maladie des taches noires».
Au verger, les arbres fruitiers ne sont pas non plus épargnés. Pommiers, poiriers et cognassiers sont sujets à la tavelure, champignon également bien contrôlé par la bouillie bordelaise à condition d'agir préventivement et de traiter dès que le temps est à la pluie. Particulièrement virulente, notamment pour les jeunes arbres à qui elle inflige de redoutables lésions, la rouille grillagée du poirier (Gymnosporangium sabinae) doit être surveillée comme le lait sur le feu. Soufre et bouillie bordelaise n'étant guère opérants, appliquez plutôt un fongicide de synthèse dès l'apparition de petites taches rousses caractéristiques sur le feuillage. Notons que certaines variétés de poirier sont résistantes (‘Joséphine de Malines', ‘Beurré d'Anjou', ‘Comtesse de Paris', ‘Beurré Alexandre Lucas'...) . En outre le champignon hivernant sur certaines espèces de genévriers, l'abattage de ces arbres chez vous et chez voisins (s'ils sont d'accord...) permet de casser le cycle biologique du champignon. Problème: pour être efficace cette mesure doit s'envisager à l'échelle d'une commune ou d'un quartier.
Enfin, si vous avez des buis, relevez régulièrement vos pièges à pyrale et traitez contre les maladies, en particulier la cylindrocladiose à qui ce temps «poussant» ne peut que donner des ailes.