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Aujourd'hui : " Voyons comment limiter les corvés d'arrosages "
L'arrosage ne fait pas vraiment partie de ce que l'on a coutume d'appeler les «joies du jardinage». Le tuyau rebelle qui s'emmêle ou se bloque derrière un piquet, le robinet qui fuit, les arrosoirs toujours trop longs à remplir et trop lourds à transporter, sans parler de l'envolée subséquente de la facture d'eau… Franchement, on s'en passerait bien! Mais le temps estival, pour ne pas dire caniculaire de ces derniers jours vient rappeler au jardinier qu'il va devoir suppléer, bon gré malgré aux caprices du ciel, au cours des semaines et des mois qui viennent. Fort heureusement, il y a moyen de limiter la corvée au strict minimum. D'abord en tenant compte des besoins réels des plantes qui ne sont pas tous égaux, loin s'en faut. Un hortensia ou une impatiens sont beaucoup plus exigeants qu'une achillée ou une rose trémière. Pas question donc d'arroser tout le monde, indistinctement, sous prétexte de ne pas faire de jaloux! Un excès d'eau peut même rendre malades, certaines plantes sensibles à l'asphyxie racinaire, comme les géraniums qui embellissent nos rebords de fenêtre. Beaucoup de gens, pensant bien faire, ont d'ailleurs tendance à «sur-arroser» leurs plantes. Ne sombrez pas dans ce travers: «trop d'amour» risque tout simplement de tuer vos protégées!
La Période critique Ensuite, sauf en cas de sécheresse prolongée, la plupart des végétaux, sous réserve qu'ils soient adaptés au climat de votre région, se débrouillent généralement bien tout seuls une fois qu'ils sont bien installés. C'est notamment le cas des légumes d'été comme les tomates ou les courgettes. En poursuivant les arrosages de manière systématique, au-delà de la période critique du semis ou du repiquage, les racines vont s'étaler en surface plutôt qu'en profondeur, là où la terre reste longtemps fraîche et humide. Du coup vous allez rendre votre potager et vos massifs de fleurs dépendants de vos apports pendant toute la saison estivale. Comment ferez-vous lorsque vous serez en vacances? Cela dit, il en va du jardinage comme de la langue française: il y a toujours quelques exceptions. Les jeunes arbustes ou arbres fruitiers plantés à l'automne ou au printemps et dont le système racinaire n'est pas encore tout à fait opérationnel, obligent à garder la main sur l'arrosoir au cas où. Idem pour les concombres et les melons dont les larges feuilles évacuent de grandes quantités d'eau dès que le soleil cogne fort. Mais ce n'est pas tout le jardin, loin s'en faut! Déterminer le bon moment En outre, si vous prévoyez de partir longtemps cet été, évitez de planter ou de semer des légumes sensibles au manque d'eau comme les radis (qui deviennent piquants…), les salades que le stress hydrique fait monter à graines et le chou-fleur allergique au régime sec. Vous le ferez à votre retour. La difficulté consiste bien souvent à déterminer le bon moment pour intervenir. Le fait que la terre soit sèche en surface n'est pas un critère suffisant car elle peut être humide quelques centimètres au-dessous. Les plantes «lanceuses d'alerte» comme les hydrangeas sont des indicateurs plus pertinents: le flétrissement de leur feuillage signifie que les réserves en eau du sol commencent à s'épuiser. Autre difficulté: le fait que le dallage de la terrasse soit mouillé au lever du jour ne signifie pas que la pluie tombée en cours de nuit a été suffisante pour étancher la soif de vos plantations. L'installation d'un pluviomètre vous renseignera sur la quantité d'eau réellement tombée (sachant qu'une hauteur d'un millimètre de précipitation au mètre carré équivaut à un litre d'eau) et d'agir en conséquence. La décision d'intervenir dépend aussi de la qualité de votre sol. Si ce dernier est sableux (les agronomes parlent de sol «séchant»), les arrosages seront plus fréquents qu'en terrain argileux et humifère dotés d'une de capacité de rétention bien supérieure. «Un binage vaut deux arrosages» Quelle que soit sa texture, le travail du sol joue un rôle primordial. «Un binage vaut deux arrosages» dit le proverbe. Le fait de casser la croûte superficielle interrompt, en effet, la remontée d'eau, donc les pertes par évaporation, tandis que la terre, rendue plus poreuse, absorbera mieux la pluie, augmentant ainsi la réserve d'eau disponible pour les racines. Sitôt fait, un bon paillage maintiendra l'humidité plus longtemps que si le sol était resté nu. Cette couverture de paille (céréales, lin, miscanthus…) d'écorces ou de tontes de gazon séchées empêchera, de surcroît, la germination des graines de «mauvaises» herbes tout en nourrissant les lombrics. Dans son excellent ouvrage Jardiner sur sol vivant. Quand les vers de terre remplacent la bêche! Paru aux éditions Larousse (14,90 €), l'agronome Gilles Domenech explique par le menu l'énorme travail que la micro-faune du sol effectue à votre place. Autant lui faciliter la tâche! Rappelons, pour finir, quelques règles simples comme ne jamais arroser aux heures les plus chaudes de la journée mais en soirée, à la fraîche: non seulement c'est plus agréable mais ça évite de gaspiller l'eau inutilement (l'évaporation toujours...). Pensez également à ne pas mouiller le feuillage (le jet est à bannir), histoire de ne pas favoriser la propagation des maladies cryptogamiques, comme le redoutable mildiou. Enfin, dotez-vous d'un dispositif de récupération d'eau de pluie que vous réserverez en priorité aux plantes de terre de bruyère (azalée, camélia, rhododendron…) ou sensibles à la chlorose (rosier, hortensia…), si l'eau de votre réseau de distribution est très calcaire.
Au jardin : Le bonheur n’est pas une plante sauvage, qui vient spontanément, comme les mauvaises herbes des jardins : c’est un fruit délicieux, qu’on ne rend tel, qu’à force de culture. Tout jardin est, d’abord l’apprentissage du temps, du temps qu’il fait, la pluie, le vent, le soleil, et le temps qui passe, le cycle des saisons.
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