Le Blog De Papy-Bougnat

  • : Lespassionsdepapybougnat
  • : Dans ce blog vous trouverez un peu de vérité, beaucoup de passion, et quelques coups de gueule Bonne route & merci pour votre visite
  • Contact

Le Blog De Papy-Bougnat

  • Papy-bougnat
  • De moi. retraité, passionné, curieux, gourmet, vivant au vert en Aquitaine
Signe particulier : « Ayant attrapé tout jeune la maladie bleue et pas guéri à ce jour !
Dans ce blog vous trouverez un peu de vérité, beaucoup de passion, et quelques coups de gueule 
Bonne route & merci pour votre visite
  • De moi. retraité, passionné, curieux, gourmet, vivant au vert en Aquitaine Signe particulier : « Ayant attrapé tout jeune la maladie bleue et pas guéri à ce jour ! Dans ce blog vous trouverez un peu de vérité, beaucoup de passion, et quelques coups de gueule Bonne route & merci pour votre visite

Traducteur/Translate/übersetzen/Traducir.

Traducteur Google “translate”

 

 

 

Il est très ... Exactement

 

 

 

             

 

 

 

 

A L'affiche..

La culture Ne s'hérite pas, Elle se conquiert. 

[André Malraux]

********** 

 

Actu du jour...

 

 Passion Palombe

palombe-.08.07.JPG

A chacun sa toile

P7316215

 

     

 

 

Articles Récents

  • Les mots & leurs origine........
    Dans la catégorie origine des mots voyons aujourd'hui celui de ; Pêche Melba (D’après « Souvenirs inédits : 75 ans au service de l’art culinaire », paru en 1985) À la fin du XIXe siècle, Auguste Escoffier, qui dirige alors les cuisines de l’hôtel Savoy...
  • Le billet du dimanche
    C'est un homme qui croise un de ses copains dans la rue : - Tiens, Mathieu, ça va ? - Ben, figure-toi que ma belle-mère est morte la semaine dernière... - Oh mince ! Qu'est-ce qu'elle avait ? - Bof, trois fois rien : une table, un buffet... Moi j'adore...
  • Le vendredi tout est presque permis
    Fête foraine – Un chasseur abat accidentellement 8 cyclistes pendant une pêche aux canards ! St Brieuc – Alors qu’ils circulaient à proximité d’une fête foraine, 8 cyclistes ont été accidentellement abattus par un chasseur alors que ce dernier venait...
  • Tout va très bien " Madame la marquise "
    Vous avez entendu parler que le gouvernement est à la cherche de 20 milliards d’euros d’économies, Alors que , " l’Élysée commande 11 000 bouteilles de champagne ! " Selon les informations de l’Informé, l’Élysée a lancé un appel d’offres portant sur son...
  • Quoi de neuf au jardin
    Normalement à cette saison au jardin On devrait discuter de haricots et de pommes des terre déjà bien levés à butter, d'oignons et d'échalotes plantés mais il n'en n'est rien. La météo n'est vraiment pas clémente et ce, partout en France. La pluie, la...

Attention ! Passion Palombe...

1ier.nov.2010--12-.JPG 

 

 

C'est ici que ça se passe ............

Au mois d'octobre de chaque Année

 

IMGP0227.jpg

Tient ! 

IL y a une Palombière par ici .........?

m.1.pylone.jpg

privilège

​​CONTACT:

 

 

 
 

       

16 septembre 2019 1 16 /09 /septembre /2019 05:33

Fête du lièvre et des noix
à Hazebrouck (Nord)

(D’après « Le Beffroi », paru en 1920)

 

 Tous les ans, depuis la fondation de la ville d’Hazebrouck, de la halle, qui occupait l’emplacement actuel de l’Hôtel de Ville, on lâchait un lièvre que les meilleurs jouteurs des communes d’alentour, rangés devant les maisonnettes en torchis qui bordaient la place, se disputaient à l’envi au milieu des rires, des jurons et des plaintes. Supprimée au XVIe siècle en raison des désordres qu’elle engendrait, elle réapparaît sous forme d’une pittoresque distribution de noix passant pour guérir les maux de dents.

Quand la lutte organisée pour la Fête du lièvre était terminée, c’est-à-dire quand quelqu’un avait été assez heureux pour s’emparer du lièvre, le bailli et les échevins décernaient au vainqueur un prix, dont l’histoire ne nous a pas rapporté l’importance. Quoi qu’il en soit, cette petite formalité n’allait pas sans susciter des jalousies et des colères, à tel point que souvent la lutte reprenait de plus belle après l’attribution du prix et qu’elle ne se terminait pas sans grands dommages pour les belligérants.

L’animosité qui résultait de ces luttes devint si inquiétante que les échevins décidèrent vers 1539 de supprimer la fête. Elle ne le fut qu’un temps, car la réjouissance du lièvre den haeze Feste était remplacée quelque temps plus tard par d’abondantes distributions de noix, faites sur les marchés. On les jetait à profusion au populaire, qui se les disputait d’autant plus avidement que, suivant certains préjugés qui avaient cours jusque parmi la bourgeoisie, elles étaient douées de cette propriété curieuse de guérir les maux de dents.

Hazebrouck. Vue panoramique vers l’Hôtel de Ville

Chacun se battait pour les prendre et recevait sans récriminer les horions et les coups qui sans nul doute tombaient aussi serrés que les fruits tant convoités. Quand la récolte était jugée suffisante ou encore lorsque la pluie des coups paraissait par trop abondante, on s’en allait croquer les noix à l’estaminet le plus proche, où l’on parlait haut et buvait ferme jusqu’à l’heure où le veilleur, perché au haut du beffroi, lançait à la ronde, en la modulant étrangement, cette phrase que tout bon Hazebrouckois se répétait dévotement en verrouillant ses portes :

La cloche a sonné douze heures,
Douze heures a sonné la cloche,
Gare au feu et à la chandelle !
Priez pour les âmes du Purgatoire.

D’où venait cette coutume de distribuer des noix, qui devait traverser les siècles et venir jusqu’à nous après avoir définitivement enterré la fête du Lièvre ? Elle serait due au refus de l’octroi d’une foire par le seigneur féodal d’Hazebrouck.

Jadis Hazebrouck avait peu de foires et cela nuisait au commerce, à la gaieté de la ville. Les magistrats d’alors s’adressèrent au seigneur féodal pour obtenir l’établissement d’une nouvelle foire le lundi de la Mi-Carême. Le seigneur refusa. Pour se venger, le chef des échevins imagina de faire courir dans les rues de la ville un mannequin représentant ce seigneur, attaché sur un cheval avec un domestique qui jetait des noix à la foule.

Celle-ci, par dérision, criait Noël, pour remercier son seigneur de ses largesses. Attirée par ce spectacle, toute la population voisine accourut à Hazebrouck le lundi de la Mi-Carême et ainsi les habitants virent désormais leur désir réalisé ; car cette fête procura à la ville plus d’avantages encore qu’une foire ou qu’un marché (1515).

L’inventaire des archives communales antérieures à 1790 nous fait connaître qu’en 1573 un certain Chrétien Tousart reçut trois livres et dix-sept sols pour vingt-cinq cents de noix « qui ont été jetés le jour du marché de demi-Carême ». En 1585, Etienne Flahault reçut onze livres quinze sols « pour ce que le bailli et les échevins avaient dépensé chez lui le jour de la Mi-Carême pour jeter des noix d’après l’ancienne coutume ».

En 1602 arriva un événement qui, s’il ne fut pas l’origine de la fête, lui rendit-son actualité en lui fournissant un nouveau prétexte. Voici l’histoire. Il était une fois un immense noyer, non loin de la propriété des Trois Tilleuls. Ce noyer surmontait un tertre situé lui-même sur la ligne de partage du territoire de la ville d’Hazebrouck d’avec les domaines du comte de Flêtre. Il n’était jamais venu à l’idée des autorités de l’un ni de l’autre pays de revendiquer la propriété du cet arbre. Chacune le considérait comme sien et faisait prendre chaque année quelques-uns de ses fruits, qui, disait la chronique, étaient doués de cette propriété merveilleuse de guérir les maux de dents. Le restant était pris par les manants et les bourgeois de la contrée qui se les disputaient sans fausse honte et recevaient non sans broncher les injures et les coups qui étaient ce que l’on récoltait de plus clair au cours de ces luttes homériques.

Or, il advint qu’un jour, le moment de la récolte arrivé, les envoyés du comte de Flêtre arrivèrent aux Trois Tilleuls, tandis que les représentants de la ville d’Hazebrouck besognaient déjà sous le fameux noyer. Deux manants tendaient sous l’arbre une aune de cette toile des Flandres qui, avec celle d’Ypres, se disputait, pour la finesse, les marchés de toute l’Europe, tandis qu’un troisième niché dans les branches détachait les noix qui tombaient drues.

D’abord ébaubis, les envoyés du comte de Flêtre firent la grimace. D’un commun accord, ils décidèrent de faire des représentations à leurs voisins et de porter la question à leur seigneur et maître, au cas où ces derniers refuseraient de leur donner satisfaction. Celui à qui, en raison de son âge et de sa distinction, avait été confiée la direction de l’escorte, s’avança alors vers ceux d’Hazebrouck et poliment leur demanda de faire descendre de suite le manant, qui se trouvait juché sur le faîte de l’arbre, de le fustiger publiquement à cet endroit même, et d’adresser dans les deux jours qui suivraient la chute du soleil un message d’excuse au très noble et très puissant seigneur, comte de Flêtre, légitime possesseur du noyer.

Les envoyés de la ville d’Hazebrouck eurent un éclat de rire qui ne manqua pas de désarçonner quelque peu les réclamants. « Allez dire à votre seigneur et maître, dit l’un, que nous sommes ici chez nous et que s’il prenait fantaisie à quelqu’un d’entre vous de revendiquer de nouveau la propriété de ce noyer, il pourrait bien faire connaissance avec nos arbalètes. » Les rires redoublèrent à la grande confusion des envoyés du comte de Flêtre qui, indignés et morfondus qu’on eut pu méconnaître l’autorité de leur maître se replièrent aussitôt sur l’intérieur de leurs domaines, non sans avoir menacé à voix basse ceux d’Hazebrouck d’un châtiment exemplaire.

Cette histoire avait déjà parcouru la moitié du pays, quand le bailli et les échevins d’Hazebrouck décidèrent de porter la question devant les tribunaux. En ce temps-là, la justice n’était ni lente, ni coûteuse, ni surtout gangrenée. L’instruction de notre affaire fut menée rondement et le jugement rendu sans aucune remise.

Hazebrouck. Fêtes de Mi-Carême 2014 de la ville

Malheureusement pour la ville d’Hazebrouck, les tribunaux donnèrent gain de cause au comte de Flêtre. Les Hazebrouckois résolurent derechef de se venger ; ils décidèrent que le mannequin promené chaque année à travers la ville, représenterait désormais le comte de Flêtre ; et depuis lors, l’infortuné seigneur fut représenté par un affreux personnage, coiffé d’un chapeau relevé sur le devant, affublé d’un frac en drap vert avec longues et larges basques, d’un gibet blanc et de bottes à revers jaunes ; le personnage était attaché au dos d’un valet qui chevauchait ayant devant lui un double panier rempli de noix dans lequel il puisait. Le cortège qui lui faisait suite parcourait toutes les rues de la ville.

Le défilé terminé, le peuple s’amassait sur la place et dansait en rond, autour du mannequin dont on avait fait un feu de joie. En 1782, la distribution de noix disparut, avec la pacifique promenade du « Comte de Demi-Carême ». Pendant 10 ans, les Hazebrouckois sont privés de leur réjouissance traditionnelle. Mais sous la Révolution on décida de la remettre en vigueur, naturellement adaptée à l’ « esprit nouveau ». Le 18 novembre 1792, le maire, les officiers municipaux et notables réunis en Conseil Général décident « que pour ne plus donner un nom d’ancien esclavage ou de féodalité à cette fête, elle sera dès à présent dénommée La Fête des Sans-Culottes, et le bonnet de la liberté sera arboré en signe de cette liberté conquise. »

Le Comte de Demi-Carême reparut donc pour être brûlé plus vif que jamais en place publique, après sa distribution de noix. La Fête prit sous la Restauration une ampleur considérable grâce à l’adjonction de plusieurs chars et de groupes de figurants de plus en plus nombreux. Sous le règne des Bourbons le feu de joie disparut, mais chose curieuse le mannequin du comte Mi-Carême se promenait toujours par les rues au dos d’un valet de ville, accoutré de la pittoresque et originale façon que l’on sait.

Repost0
16 septembre 2019 1 16 /09 /septembre /2019 05:33

Fête du lièvre et des noix
à Hazebrouck (Nord)

(D’après « Le Beffroi », paru en 1920)

 

 Tous les ans, depuis la fondation de la ville d’Hazebrouck, de la halle, qui occupait l’emplacement actuel de l’Hôtel de Ville, on lâchait un lièvre que les meilleurs jouteurs des communes d’alentour, rangés devant les maisonnettes en torchis qui bordaient la place, se disputaient à l’envi au milieu des rires, des jurons et des plaintes. Supprimée au XVIe siècle en raison des désordres qu’elle engendrait, elle réapparaît sous forme d’une pittoresque distribution de noix passant pour guérir les maux de dents.

Quand la lutte organisée pour la Fête du lièvre était terminée, c’est-à-dire quand quelqu’un avait été assez heureux pour s’emparer du lièvre, le bailli et les échevins décernaient au vainqueur un prix, dont l’histoire ne nous a pas rapporté l’importance. Quoi qu’il en soit, cette petite formalité n’allait pas sans susciter des jalousies et des colères, à tel point que souvent la lutte reprenait de plus belle après l’attribution du prix et qu’elle ne se terminait pas sans grands dommages pour les belligérants.

L’animosité qui résultait de ces luttes devint si inquiétante que les échevins décidèrent vers 1539 de supprimer la fête. Elle ne le fut qu’un temps, car la réjouissance du lièvre den haeze Feste était remplacée quelque temps plus tard par d’abondantes distributions de noix, faites sur les marchés. On les jetait à profusion au populaire, qui se les disputait d’autant plus avidement que, suivant certains préjugés qui avaient cours jusque parmi la bourgeoisie, elles étaient douées de cette propriété curieuse de guérir les maux de dents.

Hazebrouck. Vue panoramique vers l’Hôtel de Ville

Chacun se battait pour les prendre et recevait sans récriminer les horions et les coups qui sans nul doute tombaient aussi serrés que les fruits tant convoités. Quand la récolte était jugée suffisante ou encore lorsque la pluie des coups paraissait par trop abondante, on s’en allait croquer les noix à l’estaminet le plus proche, où l’on parlait haut et buvait ferme jusqu’à l’heure où le veilleur, perché au haut du beffroi, lançait à la ronde, en la modulant étrangement, cette phrase que tout bon Hazebrouckois se répétait dévotement en verrouillant ses portes :

La cloche a sonné douze heures,
Douze heures a sonné la cloche,
Gare au feu et à la chandelle !
Priez pour les âmes du Purgatoire.

D’où venait cette coutume de distribuer des noix, qui devait traverser les siècles et venir jusqu’à nous après avoir définitivement enterré la fête du Lièvre ? Elle serait due au refus de l’octroi d’une foire par le seigneur féodal d’Hazebrouck.

Jadis Hazebrouck avait peu de foires et cela nuisait au commerce, à la gaieté de la ville. Les magistrats d’alors s’adressèrent au seigneur féodal pour obtenir l’établissement d’une nouvelle foire le lundi de la Mi-Carême. Le seigneur refusa. Pour se venger, le chef des échevins imagina de faire courir dans les rues de la ville un mannequin représentant ce seigneur, attaché sur un cheval avec un domestique qui jetait des noix à la foule.

Celle-ci, par dérision, criait Noël, pour remercier son seigneur de ses largesses. Attirée par ce spectacle, toute la population voisine accourut à Hazebrouck le lundi de la Mi-Carême et ainsi les habitants virent désormais leur désir réalisé ; car cette fête procura à la ville plus d’avantages encore qu’une foire ou qu’un marché (1515).

L’inventaire des archives communales antérieures à 1790 nous fait connaître qu’en 1573 un certain Chrétien Tousart reçut trois livres et dix-sept sols pour vingt-cinq cents de noix « qui ont été jetés le jour du marché de demi-Carême ». En 1585, Etienne Flahault reçut onze livres quinze sols « pour ce que le bailli et les échevins avaient dépensé chez lui le jour de la Mi-Carême pour jeter des noix d’après l’ancienne coutume ».

En 1602 arriva un événement qui, s’il ne fut pas l’origine de la fête, lui rendit-son actualité en lui fournissant un nouveau prétexte. Voici l’histoire. Il était une fois un immense noyer, non loin de la propriété des Trois Tilleuls. Ce noyer surmontait un tertre situé lui-même sur la ligne de partage du territoire de la ville d’Hazebrouck d’avec les domaines du comte de Flêtre. Il n’était jamais venu à l’idée des autorités de l’un ni de l’autre pays de revendiquer la propriété du cet arbre. Chacune le considérait comme sien et faisait prendre chaque année quelques-uns de ses fruits, qui, disait la chronique, étaient doués de cette propriété merveilleuse de guérir les maux de dents. Le restant était pris par les manants et les bourgeois de la contrée qui se les disputaient sans fausse honte et recevaient non sans broncher les injures et les coups qui étaient ce que l’on récoltait de plus clair au cours de ces luttes homériques.

Or, il advint qu’un jour, le moment de la récolte arrivé, les envoyés du comte de Flêtre arrivèrent aux Trois Tilleuls, tandis que les représentants de la ville d’Hazebrouck besognaient déjà sous le fameux noyer. Deux manants tendaient sous l’arbre une aune de cette toile des Flandres qui, avec celle d’Ypres, se disputait, pour la finesse, les marchés de toute l’Europe, tandis qu’un troisième niché dans les branches détachait les noix qui tombaient drues.

D’abord ébaubis, les envoyés du comte de Flêtre firent la grimace. D’un commun accord, ils décidèrent de faire des représentations à leurs voisins et de porter la question à leur seigneur et maître, au cas où ces derniers refuseraient de leur donner satisfaction. Celui à qui, en raison de son âge et de sa distinction, avait été confiée la direction de l’escorte, s’avança alors vers ceux d’Hazebrouck et poliment leur demanda de faire descendre de suite le manant, qui se trouvait juché sur le faîte de l’arbre, de le fustiger publiquement à cet endroit même, et d’adresser dans les deux jours qui suivraient la chute du soleil un message d’excuse au très noble et très puissant seigneur, comte de Flêtre, légitime possesseur du noyer.

Les envoyés de la ville d’Hazebrouck eurent un éclat de rire qui ne manqua pas de désarçonner quelque peu les réclamants. « Allez dire à votre seigneur et maître, dit l’un, que nous sommes ici chez nous et que s’il prenait fantaisie à quelqu’un d’entre vous de revendiquer de nouveau la propriété de ce noyer, il pourrait bien faire connaissance avec nos arbalètes. » Les rires redoublèrent à la grande confusion des envoyés du comte de Flêtre qui, indignés et morfondus qu’on eut pu méconnaître l’autorité de leur maître se replièrent aussitôt sur l’intérieur de leurs domaines, non sans avoir menacé à voix basse ceux d’Hazebrouck d’un châtiment exemplaire.

Cette histoire avait déjà parcouru la moitié du pays, quand le bailli et les échevins d’Hazebrouck décidèrent de porter la question devant les tribunaux. En ce temps-là, la justice n’était ni lente, ni coûteuse, ni surtout gangrenée. L’instruction de notre affaire fut menée rondement et le jugement rendu sans aucune remise.

Hazebrouck. Fêtes de Mi-Carême 2014 de la ville

Malheureusement pour la ville d’Hazebrouck, les tribunaux donnèrent gain de cause au comte de Flêtre. Les Hazebrouckois résolurent derechef de se venger ; ils décidèrent que le mannequin promené chaque année à travers la ville, représenterait désormais le comte de Flêtre ; et depuis lors, l’infortuné seigneur fut représenté par un affreux personnage, coiffé d’un chapeau relevé sur le devant, affublé d’un frac en drap vert avec longues et larges basques, d’un gibet blanc et de bottes à revers jaunes ; le personnage était attaché au dos d’un valet qui chevauchait ayant devant lui un double panier rempli de noix dans lequel il puisait. Le cortège qui lui faisait suite parcourait toutes les rues de la ville.

Le défilé terminé, le peuple s’amassait sur la place et dansait en rond, autour du mannequin dont on avait fait un feu de joie. En 1782, la distribution de noix disparut, avec la pacifique promenade du « Comte de Demi-Carême ». Pendant 10 ans, les Hazebrouckois sont privés de leur réjouissance traditionnelle. Mais sous la Révolution on décida de la remettre en vigueur, naturellement adaptée à l’ « esprit nouveau ». Le 18 novembre 1792, le maire, les officiers municipaux et notables réunis en Conseil Général décident « que pour ne plus donner un nom d’ancien esclavage ou de féodalité à cette fête, elle sera dès à présent dénommée La Fête des Sans-Culottes, et le bonnet de la liberté sera arboré en signe de cette liberté conquise. »

Le Comte de Demi-Carême reparut donc pour être brûlé plus vif que jamais en place publique, après sa distribution de noix. La Fête prit sous la Restauration une ampleur considérable grâce à l’adjonction de plusieurs chars et de groupes de figurants de plus en plus nombreux. Sous le règne des Bourbons le feu de joie disparut, mais chose curieuse le mannequin du comte Mi-Carême se promenait toujours par les rues au dos d’un valet de ville, accoutré de la pittoresque et originale façon que l’on sait.

Repost0
9 septembre 2019 1 09 /09 /septembre /2019 06:25
La rétro du lundi.............

Le saviez-vous  ? " Le 

8 septembre 1780 : mort de
la romancière Jeanne-Marie
Leprince de Beaumont, auteur
de La Belle et la Bête

(D'après « Le Magasin des enfants » édition de 1847
et « La Belle et la Bête et autres contes » paru en 2014)

Gouvernante française installée à Londres, Jeanne-Marie Leprince de Beaumont (1711-1780) met à profit son expérience de pédagogue pour rédiger des traités d’éducation sous forme de dialogues truffés de contes, et est considérée comme le premier auteur à avoir adopté un style simple pour plaire aux jeunes lecteurs

 

En 1748, vers le commencement de l’hiver, une femme jeune encore, d’un extérieur décent et triste, se présenta à l’Hôtel des Trois Couronnes, à Londres, rapporte au XIXe siècle la femme de lettres Eugénie Foa dans une notice qu’elle consacre au sein d’une réédition du Magasin des Enfants à son auteur, Jeanne-Marie Leprince de Beaumont.

Parlant facilement l’anglais, bien qu’avec un accent français, cette dame demanda une chambre dont le loyer ne fût pas cher, paya une quinzaine d’avance et s’installa. Bientôt la conduite de cette étrangère inspira quelques soupçons à l’hôtesse, vieille femme, pas méchante, mais assez bavarde, ce qui quelquefois revient au même. Cette étrangère ne prenait aucun de ses repas à l’hôtel, ne sortait qu’une fois par jour, de grand matin, restait dehors un quart d’heure environ, et opérait sa rentrée furtivement , et en évitant soigneusement d’être vue ou rencontrée par les gens de la maison ; le reste du jour, elle le passait à écrire ; ce dont quelques valets plus curieux que discrets s’étaient assurés en regardant par le trou de la serrure.

La seconde quinzaine se passa de même ; seulement la dame française sortait plus souvent, écrivait moins par conséquent, et, chaque fois qu’elle rentrait, elle paraissait plus accablée et découragée que fatiguée ; souvent ses yeux baignés de larmes se détournaient avec affectation de ceux que le hasard ou un sentiment de curiosité malveillante mettait sur son chemin.

 

 

Jeanne-Marie Leprince de Beaumont s’installe en Angleterre

Un jour un grand bruit se fit entendre sur le palier même où était situé l’appartement de la dame française. D’abord on entendit la voix aigre de l’hôtesse, qui, d’un ton qui ne permettait aucune réplique, criait : « Payez-moi, ou sortez ; votre chambre est louée à d’autres. Allons, sortez ! » Puis une voix désolée, qui, sans prière, et répondant plutôt aux exigences du sort qu’à celles de l’hôtesse, disait : « Mais où aller, mon Dieu ! où aller ? » Cette voix ne pouvait appartenir qu’à une très jeune fille ; la dame française ouvrit précipitamment sa porte, et en face d’elle elle vit effectivement une jeune fille , grande, mince, le visage couvert de ses mains, qui, appuyée sur le chambranle de la porte inhospitalière refermée inhumainement sur elle, ne pouvait se décider à quitter même cette dernière place.
« Allons, descendez, que faites-vous là ? Vous ne pouvez y rester éternellement », lui disait l’hôtesse ; puis, sans doute, pour tempérer aux yeux de ceux que cette rumeur avait amassés dans cet endroit son action barbare, elle ajouta : « Elle me doit un mois, je ne le lui demande pas, je ne retiens pas même son paquet ; mais qu’elle s’en aille, au moins, je ne puis lui faire la charité plus longtemps. » A ce mot de charité, la jeune fille releva subitement sa tête, dont une noble rougeur colorait le front : « Assez, madame, je m’en vais », dit-elle. Puis elle ajouta en pleurant : « C’est vrai, vous avez été bien bonne pour moi, et je vous remercie. »Un jour un grand bruit se fit entendre sur le palier même où était situé l’appartement de la dame française. D’abord on entendit la voix aigre de l’hôtesse, qui, d’un ton qui ne permettait aucune réplique, criait : « Payez-moi, ou sortez ; votre chambre est louée à d’autres. Allons, sortez ! » Puis une voix désolée, qui, sans prière, et répondant plutôt aux exigences du sort qu’à celles de l’hôtesse, disait : « Mais où aller, mon Dieu ! où aller ? » Cette voix ne pouvait appartenir qu’à une très jeune fille ; la dame française ouvrit précipitamment sa porte, et en face d’elle elle vit effectivement une jeune fille , grande, mince, le visage couvert de ses mains, qui, appuyée sur le chambranle de la porte inhospitalière refermée inhumainement sur elle, ne pouvait se décider à quitter même cette dernière place.

En passant devant l’étrangère , cette dernière lui prit le bras :

— Où allez-vous, pauvre enfant ? lui dit-elle de cet accent qui trahit non la pitié, mais de la bonté.

— Je I’ignore, madame, répondit cette jeune fille, qui sentit le besoin de concilier à elle les gens qui l’écoutaient. Orpheline, sans appui, j’ai été élevée dans une pension dont la maîtresse est morte il y a deux mois ; obligée de quitter mon seul asile, je suis venue ici ; j’espérais trouver une autre pension, y entrer comme institutrice... mais partout on me trouve trop jeune ! ... Voilà mon histoire, madame.

— Entrez chez moi, mademoiselle, dit la dame française prenant avec amitié la main de la jeune Anglaise ; puis, se tournant vers l’hôtesse, elle dit simplement : « Faites, je vous prie, madame, mettre un lit dans le cabinet attenant à ma chambre, et dites-moi ce que je devrai de surplus. »

Et, comme la foule augmentait progressivement, elle entraîna la jeune fille dans sa chambre, et en referma la porte sur les curieux.

— C’est ça, ça n’a pas de quoi manger, et ça partage avec tout le monde... s’écria l’hôtesse.

— Qui n’a pas de quoi manger ? interrompit un locataire du premier que le bruit avait attiré au quatrième, où se passait la scène.

— Cette Française qui prend la première venue en pension chez elle ; si elle la nourrit comme elle se nourrit, sa pensionnaire n’engraissera pas.

— Cette Française ?... mais je la connais, mistress Green, dit le locataire du premier... et je la croyais riche.

— Riche ! se récria mistress Green, ça paye une chambre une livre par mois, et ça déjeune, ça dîne, ça soupe avec un schelling, pain et viande tout compris, qu’elle va acheter elle-même à la halle tous les matins ; riche ! il fait un froid d’enfer, et ça n’a pas seulement les moyens d’avoir une chaufferette pour se chauffer !

— Mais n’est-ce pas madame Leprince de Beaumont ? demanda le locataire.

— C’est le nom inscrit sur le registre, dit l’hôtesse.

— C’est bien elle, dit le locataire. C’est une dame du plus haut mérite. L’année dernière, j’étais à Commercy au moment où elle offrit au roi de Pologne un roman de sa composition, le Triomphe de la Vérité. Ce livre était très bien. Faites-moi l’amitié, mistress Green, d’aller demander à madame de Beaumont l’honneur d’une visite.

Madame Leprince de Beaumont avait trop d’esprit pour éprouver une fausse honte sur l’état de gêne où elle se trouvait ; elle accueillit très bien son compatriote, et ne lui cacha pas qu’elle désirait obtenir à Londres une place d’institutrice dans une grande maison. Celui-ci s’engagea à la lui procurer ; effectivement il la présenta chez une dame qui l’accueillit parfaitement et lui confia l’éducation de ses filles. Par les soins de madame de Beaumont, sa protégée trouva, elle aussi, une place de sous-maîtresse dans une pension.

Ce fut pour ses élèves que madame Leprince de Beaumont composa, en 1757, son meilleur ouvrage, Le Magasin des enfants, qui eut un si grand succès, qu’il fut traduit dans toutes les langues de l’Europe. Très souvent réimprimé, ce livre a toujours obtenu l’approbation du public. Il est écrit avec simplicité et clarté ; les contes qu’il contient ont un tour original plein de charmes, ils ont fourni le sujet de plusieurs de nos comédies ; la morale en est attachante et douce.

Jeanne-Marie Leprince de Beaumont naquit à Rouen le 26 avril 1711. En 1725, elle entra chez les Sœurs d’Ernemmont qui formaient les enseignantes pour ce que l’on appelait à l’époque les « petites écoles ». Elle enseigna dix ans dans cette institution rouennaise et prononça même des vœux de noviciat. Puis elle décida de quitter sa Normandie natale et, munie d’une lettre de recommandation du couvent, elle rejoignit la cour de Lorraine à Lunéville où elle devint la gouvernante de la fille aînée de la duchesse de Lorraine. Lorsque la Lorraine fut confiée à Stanislas Leszczynski, roi détrôné de Pologne et beau-père de Louis XV, elle décida de rester à la cour et d’y étudier la musique.

Elle se maria à Lunéville en 1743, mais cette union sera malheureuse et rapidement déclarée nulle en raison de la vie dissolue de son époux, Grimard de Beaumont. Obligée de subvenir à ses besoins après la séparation, elle quitta la France et s’installa à Londres en 1748.

La même année, elle débuta dans les lettres par un roman : Le Triomphe de la vérité ou Mémoires de Monsieur de Villeneuve qu’elle offrit à Stanislas, roi de Pologne retiré à Lunéville. Elle gagna sa vie en tant que gouvernante dans des familles aristocratiques anglaises où ses talents de pédagogue firent merveille. Pour ses élèves, elle se mit à rechercher des textes français pouvant servir de support à des exercices de traduction et favoriser ainsi à ses jeunes élèves l’apprentissage du français. Elle décida de traduire Gil Blas de Santillane de Lesage, mais constata vite que le roman ne motivait guère son auditoire.

Elle réunit alors, en 1750, les contes qu’elle publia en un premier recueil, Le Nouveau Magasin français. Puis, en 1756, parut en Angleterre Le Magasin des enfants, qui connut un succès immédiat en librairie. Très vite, l’édition anglaise fut suivie de nombreuses éditions étrangères. Ces « magasins » étaient des manuels d’instruction très novateurs pour l’époque : on y voyait une gouvernante converser avec ses élèves autour de textes servant de support à leur instruction. Récits bibliques, contes édifiants (dont La Belle et la Bête), observations préscientifiques, règles de bienséance sont les étapes de cet itinéraire pédagogique. L’ouvrage, un classique du genre, servira de vade-mecum à de nombreuses gouvernantes.

En 1757, elle se remaria avec Thomas Pichon, un Anglais naturalisé, originaire comme elle de Normandie. Elle abandonna alors pour un temps ses activités de gouvernante, et sa fille Élisabeth, née de son premier mariage, vint la rejoindre en Angleterre. En 1764 enfin, elle décida de rentrer en France. Sa fille et son gendre l’accompagnèrent, mais son époux resta en Angleterre et s’éteignit à Jersey sans l’avoir revue. Du fruit de ses économies, elle acheta la petite terre de Chavanod, dans les environs d’Annecy, en Haute-Savoie, où elle s’installa. Elle avait acquis une réelle notoriété.

Animée d’une véritable vocation pédagogique, elle continua à publier des ouvrages faisant référence : en 1766, L’Instruction pour les jeunes gens qui entrent dans le monde et s’y marient, ouvrage plus connu sous le titre de Magasin des adolescentes ; en 1768, Le Magasin des pauvres, des artisans, des domestiques et des gens de la campagne ; en 1772, un manuel d’éducation des garçons, Le Mentor moderne. Viennent encore de nombreux ouvrages, parmi lesquels des Contes moraux (1774) et Les Mémoires de la baronne de Batteville (1776) d’orientation autobiographique . Elle mourut à presque soixante-dix ans, en 1780, après avoir publié plus de soixante-dix ouvrages. Nul ne sait où son corps repose.

Repost0
5 août 2019 1 05 /08 /août /2019 06:33

Expressions d'autrefois

"Avoir la venette" (Avoir peur)

(D’après « Le Courrier de Vaugelas », paru en 1875)

 

Ci-contre devise comment le bon veneur doit chasser et prendre le lièvre à force.
Enluminure extraite du Livre de chasse composé entre 1387 et 1389 par Gaston Fébus

Une étymologie faisait autrefois venir le mot venette des Vénètes, peuple d’Italie qui, obligé de fuir devant le conquérant Attila, fonda Venise ; l’autre, qui est de Littré, le dérive de vene, vesne, vieux substantif français tombé en désuétude, et qui, pour cette raison, brave mieux l’honnêteté que son synonyme dans la langue moderne.

Quoi qu’on ait pu dire en faveur de la première, elle n’a aucun fondement ; car le mot venette ne se trouvant ni dans Furetière (1727), ni dans Trévoux (1770), ni dans le Dictionnaire de l’Académie de 1835, il n’est pas à croire qu’un événement arrivé sur l’Adriatique au Ve siècle ait pu donner lieu, chez nous, à une expression qui ne date guère que du nôtre.

La seconde est sans doute plus sérieuse ; mais ce n’est pas encore la vraie. En effet, si venette est le diminutif de vene, il doit se construire avec les mêmes verbes que le synonyme de ce dernier. Or, on n’emploie pas et l’on n’a jamais employé donner et avoiravec le synonyme en question : ce synonyme n’a jamais été que le complément du verbe faire ou d’un verbe de sens analogue. Par conséquent, venette ne peut non plus venir de vene.

Voici comment, semble-t-il, a été formé le mot dont il s’agit : au commencement du XVIIIesiècle, nous avions le verbe vener (latin venari) dans le sens de chasser ; ce verbe s’appliquait aux animaux de boucherie, veaux, bœufs, etc., que l’on faisait courir, paraît-il, pour qu’ils eussent la chair plus tendre : « À Rome et en Angleterre, on a coutume de vener les bœufs » (Dictionnaire de Furetière)

Ce même verbe s’employait en parlant des personnes. On disait de quelqu’un qu’il avait été bien vené, pour signifier qu’on l’avait bien fait courir, qu’on lui avait bien donné de l’exercice. Or, c’est de vener qu’on a fait venette, comme de amuser, seriner, deviner, etc., on a fait amusette, serinette, devinette. De même qu’aujourd’hui, on disait alors donner la chasse à quelqu’un, ainsi que le montrent ces exemples : « L’aigle donnait la chasse à maître Jean Lapin » (Fables de La Fontaine, livre II, fable 8) ; « M. de Grignan donnera la chasse à ces démons » (Lettres de Madame de Sévigné) ; « Il donne la chasse aux vices » (Discours sur l’union de Jésus-Christ avec son épouse. Comment Jésus-Christ est-il l’époux des âmes dans l’oraison de Bossuet).

Une fois qu’on eut créé venette, on dit, par analogie, donner la venette à quelqu’un, pour signifier lui donner la chasse. Mais l’animal qu’on vène a évidemment peur, puisqu’il fuit, et la personne que l’on poursuit de la même manière a peur également : on a appliqué le nom de la cause à l’effet (ce qui se pratique souvent pour étendre le sens des mots), et venettes’est employé pour frayeur, peur, alarme.

 

 

Repost0
29 juillet 2019 1 29 /07 /juillet /2019 06:49
La rétro du lundi.............

Rappelez-vous : " le 22 juillet 1894.............

 

"Première compétition automobile de l'histoire (épreuve finale)

(D’après « Le Petit Journal : supplément du dimanche », paru en 1894)

Première compétition automobile de l’histoire, l’épreuve Paris-Rouen des « voitures sans chevaux », organisée par Pierre Giffard, journaliste pour le quotidien Le Petit Journal, se déroula du 18 au 22 juillet 1894. Après la présentation, le premier jour, des véhicules engagés (au nombre de 26, cependant qu’il y avait eu 102 inscriptions), eut lieu sur les trois jours suivants des épreuves éliminatoires s’effectuant sur 5 parcours de 50 km, l’épreuve finale ayant lieu le 22 juillet.

Depuis longtemps, explique Le Petit Journal, on s’occupait de remplacer, pour la traction, les chevaux qui coûtent cher à acheter et à nourrir, qui s’enrhument, glissent et s’emballent, dont les forces ont une limite ; déjà l’on avait trouvé les locomotives, les machines routières et aussi les tramways à traction mécanique. Mais même sur ce point, c’est à peine alors si dans Paris circulent de rares tramways électriques, tandis qu’on voit depuis plusieurs années déjà, dans la jolie ville de Berne, de charmants omnibus à air comprimé, qui conduisent sans secousse, sans bruit, sans accident de la gare à la fosse où s’ébattent des ours.

Chez nous, on prétendit longtemps les voitures à traction électrique absolument impossibles sous prétexte que les chevaux s’emballaient en voyant des voitures cheminer sans être traînées par des individus de leur espèce. Un humoriste proposa d’atteler alors aux nouveaux véhicules des chevaux empaillés pour ménager la susceptibilité des autres. Le remède n’était point plus ridicule que le prétendu mal.

En dépit de la crainte de froisser les chevaux, on continua les études ; mais les efforts étaient isolés, par conséquent infructueux, jusqu’au jour où Le Petit Journal eut l’idée de réunir tous les inventeurs, de leur fournir le moyen de se comparer entre eux afin que tous profitassent des résultats acquis par chacun.

Le succès fut immense. La condition imposée à la voiture était : être sans danger, facilement maniable pour les voyageurs, et ne pas coûter trop cher sur la route. Le prix de 5000 francs donné par le quotidien fut partagé entre MM. Panhard et Levassor d’une part, les fils de Peugeot frères de l’autre. D’autres récompenses de 2000, 1500, 1000, 500 francs, furent donné par M. Marinoni qui, en sa qualité de grand inventeur, s’intéressait généreusement aux nouvelles inventions.

Repost0