Des champs de cannabis contre la crise.
Une petite ville espagnole de Catalogne a décidé de cultiver des plantations pour s'en sortir financièrement.
Des coups de téléphone du monde entier ne cessent d'être reçus à la municipalité de Rasquera, un petit village agricole de la province de Tarragone en Catalogne, environ 900 habitants. L'étrange idée du maire, l'indépendantiste catalan Bernat Pellisa, intéresse et intrigue. Il a tout simplement décidé de planter des champs de cannabis et de chanvre dans la commune pour toréer la crise.
Avec le soutien des élus de l'opposition, des terrains ont été cédés à l'Association barcelonaise de cannabis d'autoconsommation, l'ABCDA, aux fins "ludiques et thérapeutiques". Cette dernière aura la charge de cultiver, d'exploiter et de gérer la production locale. Selon les calculs de Pellisa, cette initiative insolite permettra de créer 40 emplois - 35 de manière indirecte - et de rapporter aux caisses municipales 550 000 euros par an, de quoi éponger à moyen terme la dette locale, estimée à 1,3 million d'euros.
Pour cette bourgade, dont les habitants approuvent majoritairement ces drôles de nouvelles cultures, c'est du pain bénit. Si ce projet prospère, il permettra de retenir les jeunes qui ont fui vers les villes depuis quelques années, ce qui a provoqué le vieillissement de la population. La question cruciale, aujourd'hui, est la suivante : Rasquera pourra-t-elle mener à bien son projet ? En Espagne, la consommation de cannabis n'est pas interdite, sauf dans les lieux publics, en revanche, l'article 368 du Code pénal prohibe la culture, l'élaboration et le trafic de drogue, dure ou douce.
"Cela mesurera l'hypocrisie de la société"
Les avocats qui planchent sur cette idée depuis huit ans sont conscients qu'ils marchent sur des oeufs. Qui manipulera la marihuana et qui la cultivera ? Personne au sein de l'association n'a encore répondu à ces questions. Ses 5 000 membres savent que, pour éviter une "descente policière", il leur faudra démontrer que les champs cultivés sont divisés en parcelles individualisées, elles-mêmes destinées à un usage personnel.
Le maire, Bernat Pellisa, mesure que cette affaire revêt dans le fond un autre enjeu. "Cela servira à mesurer l'hypocrisie de la société. Les gamins de 14 ans ont accès aux drogues, alors, si on légalisait la consommation rationnelle du cannabis pour les plus de 21 ans, les mafias cesseraient de s'enrichir avec ce trafic, et on pourrait davantage faire des investigations sur les bénéfices thérapeutiques que génère cette industrie, en plus d'alimenter les caisses de la sécurité sociale". À méditer...
Source ; Le Point.fr -
Inquiétant non ?