Ne pas confondre !
Coccinelle ! Et coccinelle !
Inoffensives pour l'homme, elles menacent toutefois l'équilibre écologique en dévorant les larves des coccinelles européennes
Après les frelons asiatiques, voici les coccinelles asiatiques. Importées dans les années 80 pour lutter, sans produit chimique, contre les pucerons dans les cultures, les coccinelles asiatiques commencent à coloniser la France.
Elles arrivent essentiellement par le nord et sont signalées de plus en plus présentes en Poitou-Charentes depuis deux ou trois ans.
C'est à l'approche de l'hiver quand elles essaient de se mettre au chaud dans les maisons par colonies entières que le phénomène d'invasion est le plus évident.
Inoffensives pour l'homme, elles menacent toutefois l'équilibre écologique en dévorant les larves des coccinelles européennes à sept points.
L'asiatique, qui peut être aussi bien jaune que rouge, peut porter de zéro à dix-neuf points sur les ailes.
Charente-Maritime :
"Après les frelons, les coccinelles asiatiques"
Aux premiers froids, les coccinelles asiatiques se réfugient dans les maisons par centaines. (photo dr)
La liste des invités s'allonge. Après le ragondin d'Argentine, la tortue de Floride, l'écrevisse de Louisiane, le xénope du Cap, l'ibis sacré d'Égypte, le frelon asiatique, voici la coccinelle également asiatique.
Importée de Chine - dans les années 80 - par l'Institut national de la recherche agronomique pour mener une guerre « propre » contre les pucerons, la petite bête a colonisé tout le nord de la France et commence à arriver dans notre région.
« Pour ma part, j'ai vu apparaître les premiers spécimens en 2009, raconte Vincent Albouy, vice-président de l'Office pour les insectes et l'environnement de Poitou-Charentes, installé à Annepont (près de Saint-Jean-d'Angély). On ne les voit pas trop l'été mais surtout à l'approche de l'hiver. Aux premiers froids, elles cherchent à entrer dans la maison. Par centaines. C'est leur principale nuisance car leur densité est salissante et elles génèrent des poussières qui peuvent s'avérer allergisantes. Mais chez nous, c'est encore dérisoire. Au Canada, c'est par dizaines ou centaines de milliers qu'elles s'engouffrent dans les maisons à l'automne. »
Un W sous le thorax
Originaires de Chine, dévoreuses de pucerons comme leurs cousines européennes, les coccinelles asiatiques peuvent être rouges à points noirs, noires à points rouges, jaunes, avoir de 0 à 19 points sur les ailes. Pour les reconnaître à coup sûr, il faut les retourner et observer le thorax avec minutie. On doit y distinguer un W qui n'a rien à voir avec le W de Volkswagen et sa célèbre coccinelle des années 70.
Chaque femelle peut pondre jusqu'à 2 500 œufs, ce qui donne une idée des perspectives de croissance démographique de l'espèce.
Il n'y aurait pas lieu de se plaindre de cet insecte aphidiphage (1) particulièrement efficace, et donc allié de l'agriculture, s'il n'avait tendance à dévorer également les larves de nos bêtes à bon dieu à nous, les coccinelles européennes rouges à sept points noirs.
Inoffensive
L'éternelle histoire de l'animal introduit hors de son biotope originel et qui, pour faire sa place au soleil, commence par éliminer la concurrence. « Pour ma part, je n'ai pas encore constaté de régression des autochtones. Mais il est logique que l'asiatique mange les larves de l'européenne car elle est plus précoce », poursuit Vincent Albouy.
Un peu plus au nord, pourtant, ce cannibalisme intercontinental aurait tendance à faire régresser les populations de nos habituelles coccinelles. « À terme, il risque de ne plus y avoir assez de nourriture pour tout le monde », annonce, dans les colonnes de notre confrère « Le Courrier de l'Ouest », Samuel Ducept, spécialiste des insectes à Vienne Nature.
L'espèce, aujourd'hui considérée comme invasive, reste toutefois totalement inoffensive pour l'homme. Elle ne pique pas, ne mord pas, ne transmet aucune maladie. Mais si une colonie décide de squatter votre chambre pour l'hiver, mieux vaut s'armer d'un bon aspirateur. Car la bête aux bons dieux d'Asie peut se montrer envahissante.
(1) Qui se nourrit d'aphidiens, donc de pucerons
Différentes colorations des coccinelles Asiatiques