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8 juillet 2019 1 08 /07 /juillet /2019 13:46

Souvent remaniée, la langue française regorge de trésors insoupçonnés. Employées par nos aïeux, quelques citations méritent respect et intérêt. Grâce à un vocabulaire imagé, les portes du savoir s’ouvrent. Je vous propose  aujourd'hui de découvrir l’origine et la signification de ces expressions.

Aujourd'hui voyons ce que signifie............

 

"Sabler"
(dans le sens de boire d’un trait)

(D’après « Le Courrier de Vaugelas », paru en 1872)

Où l’on apprend que le verbe sabler utilisé dans le sens de boire d’un trait n’aurait aucun lien avec jeter le sable comme on l’admet pourtant, mais serait un dérivé du verbe siffler utilisé dans sens d’avaler

Le verbe sabler était d’usage au XVIIIe siècle. Ainsi Le Sage a dit dans Gil Blas : « Saisissant d’une seule main le verre, et de l’autre la bouteille, je sablai un bon coup de vin de Lucène » ; et Trévoux (1771) en cite comme exemple ce couplet :

Chers enfans de Bacchus, lé grand Grégoire est mort.
Une pinte de vin imprudemment sablée
A fini son illustre sort ;
Et sa cave est son mausolée.

Mais d’où vient sabler ? L’Académie, après avoir donné la signification de ce mot, ajoute qu’il a été employé « par allusion à la promptitude avec laquelle un fondeur doit opérer lorsqu’il jette en sable. » Or, dans l’Encyclopédie et dans la Technologie de Francœur décrivant les procédés employés pour couler le métal en sable, on ne rencontre aucun indice de cette précipitation à laquelle, selon l’Académie, sabler fait allusion

Il faut donc trouver une autre origine. Depuis longtemps, dans notre langue, sifflet, nom d’un petit instrument connu de tout le monde, désigne le gosier (ce qui a lien également, du reste, pour whistle en anglais, et pour chifla en espagnol). Cela étant, on a naturellement donné à siffler le sens d’avaler, se passer par le gosier, surtout en parlant des liquides, ce dont on trouve des exemples :

1° Dans le Dictionnaire comique de Leroux (1786) :

Un jour que nous fûmes un peu trop pressés de siffler.

(Recueil de pièces comiques)

 

Siffler le vin en abondance.

(Parnasse des Muses)

2° Dans ces vers d’une chanson du commencement du XVIIe siècle, cités par Alfred Delvau (Dictionnaire de la langue verte) :

Lorsque je tiens une lampe
Pleine de vin, le long de la journée,
Je siffle autant que trois.

Siffler vient de sibilare, employé dans la basse latinité (Du Cange l’atteste) sous la forme sibulare, lequel a fourni deux verbes à l’ancien français, sibler et subler (u ellipse, et ichangé en u), dont voici des exemples :

« Adonc commença ledit Jehan le houllier à sibler et crier si hault, que ledit suppliant les oyt. » (Lettres de rémission, année 1368)

« Le suppliant yssit de la taverne et oyt subler, et alors Chauveau subla aussi. » (Lettres de rémission, année 1459)

Or, si le verbe siffler s’est dit autrefois sibler et subler, il n’y a rien d’étonnant à ce que, dans le sens de boire, l’un de ces derniers ait été changé en sabler, surtout par les « honnêtes gens » qui voulaient bien de la chose, mais qui répugnaient au mot dont le vulgaire la désignait. Du reste, au point de vue philologique, c’est un i ou un u changé en a, fait que la permutation des voyelles ne rend point impossible.

Dans la chanson Roger Bontemps de Pierre-Jean de Béranger (1780-1857), on trouve les deux vers suivants : « Faute de vin d’élite, SABLER ceux du canton. » Étant donné sableravec le sens propre de boire, ces vers ne contiennent pas plus de métaphore que si l’auteur eût dit : « Faute de vin d’élite, SIFFLER ceux ceux du canton. » Seulement, le chansonnier, qui s’éleva jusqu’à l’ode, a instinctivement employé sabler, le terme comme il faut, et il a rejeté siffler, qui est le terme canaille.

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10 juin 2019 1 10 /06 /juin /2019 06:54
La rétro du lundi.............

Souvent remaniée, la langue française regorge de trésors insoupçonnés. Employées par nos aïeux, quelques citations méritent respect et intérêt. Grâce à un vocabulaire imagé, les portes du savoir s’ouvrent. Je vous propose de découvrir l’origine et la signification de ces expressions.

 

Aujourd'hui voyons ce que signifie............

 

Avoir une belle bague au doigt

C’est posséder une jolie propriété dont on peut se défaire avec avantage, ou bien c’est occuper une place qui rapporte un gros traitement sans pour cela exiger un grand travail

Au Moyen Age lorsqu’on voulait investir quelqu’un d’un bénéfice, on lui remettait un objet qui variait selon le rang des personnes ou la nature des choses. Parmi les différents symboles de l’investiture, celui qu’on employait le plus souvent était l’anneau qu’on remettait au nouveau propriétaire et sur lequel juraient les parties contractantes.

https://www.france-pittoresque.com/IMG/jpg/Bague-Doigt.jpg

On trouve la trace de cet ancien usage dans une citation latine datant de 497 : Per annulum tradidimus, ce qui signifie : Nous avons livré par l’anneau. C’était ce qu’on appelait autrefois en France, l’investiture de l’anneau, pour mettre en possession les acquéreurs et les donataires, parce qu’un anneau sur lequel avaient juré les parties contractantes était remis au propriétaire comme un titre spécial possession de propriété.

On employait autrefois une autre locution proverbiale qui avait quelque rapport au même usage : Laisse l’anneau à la porte, ce qui voulait dire : Faire l’abandon de sa maison et de ses biens.

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27 mai 2019 1 27 /05 /mai /2019 06:07

Ne vous êtes-vous jamais  posé la question :

Comment se réveillait-on avant l'invention du réveil ?

WorlWorld Alarm Clock / Bob Bob via Flickr CC License by.

Voici la petite histoire des astuces utilisées pour tirer du lit les travailleurs avant la création de cet instrument de torture.

Pas facile de se réveiller le matin? Vous détestez, haïssez, conspuez l'outrageux appareil qui hurle bien trop tôt pour vous tirer du sommeil tous les jours? D'accord, le réveil n'est pas l'objet le plus agréable du monde... mais comment donc faisait-on pour se lever avant son invention?

Comment faisaient les dormeurs à l'horloge biologique mal réglée pour commencer leur journée de travail en même temps que les poules? Comment les esclaves et les servants se levaient-ils avant leurs maîtres, qu'ils avaient en charge de réveiller? Comment les sonneurs de cloches s'éveillaient-ils à l'aurore pour passer le relais aux villageois? Et comment arriver à l'heure à l'usine quand on était trop pauvre pour avoir son propre réveil?

Selon la légende, c'est Platon qui invente le tout premier réveil. 400 ans avant notre ère, le philosophe grec imagine une horloge hydraulique qui fait sonner des flûtes toutes les heures pour ne pas s'endormir lors de ses longues nuits de travail. L'embryon de réveil-matin décrit dans ses notes ne passe pourtant pas les portes de sa demeure. Personne d'autre que lui n'en profitera.

Pour le commun des mortels, c'est le coq qui, jusqu'à très récemment dans nos campagnes, était seul garant du réveil journalier. L'animal-réveil est fêté partout autour du monde comme le symbole du passage de l'ombre à la lumière. Il est présent dès l'antiquité grecque, qui y va de sa petite légende: Alectryon faisait le guet devant la chambre des amants Aphrodite et Arès, qu'il devait prévenir de l'arrivée du dieu du soleil, Hélios, un ami du mari trompé. Forcément, Alectryon s'assoupit, Hélios découvre les deux amants et crie à l'adultère. Fou de rage, Arès punit son guetteur en le changeant en coq, condamné à annoncer l'arriver du jour tous les matins. Le premier réveil-matin est né!

De tous temps, dans les campagnes, le lever s'est donc fait au chant du coq et des animaux qui vivent dans les maisons. Réveillés naturellement par la lumière du jour, les vaches et cochons bougent et crient dans leurs enclos, empêchant toute la maisonnée de faire la grasse matinée.

Qui pour guetter le guetteur?

Dans les villes et les cités, c'est un guetteur qui se charge de réveiller la communauté. Il annonce les heures des prières au clairon, puis à la cloche à partir du Ve siècle. Jusqu'au Xe siècle environ, la vie sociale se cale en effet sur le temps religieux, l'heure ne régit en rien le travail. Mais petit à petit, le guetteur mélange temps laïc et sacré pour sonner les grands rendez-vous de la journée: réveil et prière du matin, ouverture des portes de la ville, jours de marché et extinction des feux le soir, pour éviter les incendies qui pouvaient ravager des villes entières. Tous les 4 kilomètres, des tours ou des petits clochers (détruits depuis) relaient le son des cloches. Dans un monde beaucoup plus silencieux qu'aujourd'hui, sans vrombissement de moteur, sonnerie de téléphones ni musique sur les oreilles, le son des cloches résonne assez fort pour réveiller tout le monde.

Une bougie graduée (via Wikimédia Commons).

Mais comment le guetteur réussissait-il à se lever à l'aube pour réveiller ses congénères? C'est le grand problème de Frère Jacques qui n'arrive pas à se lever pour sonner les Matines, la première prière du matin... Depuis l'Antiquité, les hommes se relaient pour veiller sur la cité lors de tours de garde, tout simplement. Et lorsque l'horlogerie mécanique se répand dans les villes à partir de la fin du XIIIe siècle, les guetteurs sont les premiers à être équipés d'horloges à sonnerie. Ils peuvent enfin s'octroyer de vraies nuits de sommeil.

Mais le réveil, objet de luxe, est encore loin d'être populaire. Seules les classes les plus hautes de la société peuvent y accéder. Au XVIIIe siècle, une technique moins onéreuse est inventée: la bougie graduée à clochette. Les graduations indiquent combien de temps met la bougie pour se consumer.

On plante un clou à l'endroit où la bougie indique une, deux, trois heures, selon ses besoins. Quand la cire fond et atteint la graduation voulue, le clou tombe et tire sur une chaînette qui fait sonner une petite cloche. Ce réveil sera plus répandu mais encore loin d'être dans toutes les chambres à coucher, la bougie restant un produit assez onéreux.

Réveil en douceur

Une knocker-upper à Londres en 1931 (Recuerdos de Pandora via Flickr CC License by).

Ce n'est qu'après 1880 que le réveil personnel se propage réellement grâce à la fabrication en masse des «réveils de cuisine», une horloge surplombée de deux cloches et munie d'une poignée pour le déplacer de la cuisine en journée à la table de chevet la nuit. Les classes les plus basses de la population n'y ont toujours pas accès.

Dans les années 1920, en Irlande et au Royaume-Uni, les habitants des villes sortent des bras de Morphée grâce aux toc-toc des knocker-upper,des veilleurs payés pour les réveiller sur commande. Certains toquent aux fenêtres à l'aide d'une canne, d'autres tirent à la sarbacane. Les ouvriers logés en cité se lèvent, eux, au chant doux et mélodieux d'une tonitruante alarme collective jusque dans les années 1940.

A partir des années 1950, l'idée n'est plus de se réveiller à tout prix mais de se réveiller en douceur. Les premiers réveil-cafetière ou réveil-gramophone font leur apparition. Depuis, tout est bon pour atténuer les souffrances du dormeur: réveil en lumière avec la radio, invention du bouton snooze (qui n'est pas une si bonne idée), réveil olfactif qui diffuse une bonne odeur de croissants et même, pour les plus gourmands, réveil qui grille du bacon!

Merci à Dominique Fléchon, expert auprès de la fondation de la Haute horlogerie de Genève et auteur de La Conquête du temps, l'histoire de l'horlogerie des origines à nos jours (ed. Flammarion), pour ses explications historiques.

 

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13 mai 2019 1 13 /05 /mai /2019 05:49
La rétro du lundi.............

Opération de cataracte au XIVe siècle

(D’après « La France médicale », paru en 1907)

Dans ses Annales, Gilles le Muisit raconte la double opération de cataracte qu’il subit avec succès, vers l’âge de 80 ans, l’année 1351. Probablement originaire de Tournai, il vécut de 1272 à 1352. Pendant plus de soixante ans il fut moine à l’abbaye de Saint-Martin de Tournai, dont il avait été élu abbé en 1331.

En 1351, Gilles le Muisit, abbé de l’abbaye de Saint-Martin, chroniqueur et poète, âgé de près de 80 ans et privé de la vue depuis 4 ans, accepta, en dépit des réticences de ses proches, une opération de cataracte qui, si elle ne lui permit pas d’écrire et de lire de nouveau, lui conféra de nouveau une certaine autonomie, la contrepartie étant d’observer un régime alimentaire plus strict que celui auquel il s’était adonné lorsqu’il s’était cru aveugle pour le restant de son existence...

L’éditeur Henri Lemaître, qui rassembla dans un même ouvrage la Chronique et les Annales de cet abbé pour les publier en 1905, rapporte que ce fut vers 1345 que Gilles, qui jusqu’alors avait toujours joui d’une excellente santé, sentit sa vue baisser ; il ne pouvait plus lire ni écrire, ni distinguer les monnaies ; bref, il était atteint de la cataracte. Force lui fut de renoncer à la vie active ; c’est alors que, pour occuper son temps et se distraire il composa sa Chronique, ses Annales, ses Poésies.

Si du point de vue purement médical, le récit de Gilles le Muisit n’offre qu’un fort médiocre intérêt — les détails sur le mode opératoire et les conditions dans lesquelles fut pratiquée l’opération font à peu près complètement défaut —, il est accompagné, dans le manuscrit original de Bruxelles, d’une curieuse miniature — reproduite ci-dessus — représentant la scène même de l’opération. Encore que cette miniature ne fournisse elle-même, au point de vue technique, qu’une documentation imprécise, elle montre pourtant assez nettement quelles étaient, en pareil cas, les attitudes respectives du patient, du chirurgien et de son aide.

Elle mérite d’ailleurs d’autant plus de retenir l’attention que les documents de cette nature sont fort rares, au moins pour cette époque, et que celui-ci semble bien avoir été pris sur le vif. En effet, le manuscrit d’où cette miniature est tirée a été très vraisemblablement calligraphié sous la dictée même de Gilles le Muisit, en sorte qu’il est permis de supposer que le scribe avait personnellement assisté à l’opération ou, tout au moins, qu’il en avait connu tous les détails. Voici en quels termes Gilles le Muisit parle, vers la fin du livre de ses Annales, de sa maladie et de son opération. Le texte cité est traduit du récit rédigé en latin, fort négligé d’ailleurs :

« Il est certain, dit-il, que moi Gilles, abbé susdit, ayant eu plus de cinquante ans à traiter les affaires de l’Église, soit avec les Supérieurs ecclésiastiques, soit avec les Abbés mes prédécesseurs, soit pendant que j’étais moi-même à la tête de ce monastère, je me suis extrêmement fatigué à écrire. Aussi arriva-t-il qu’en devenant vieux ma vue commença à faiblir, de sorte qu’en dernier lieu je ne pouvais ni lire, ni écrire facilement.

« L’année 1348, la veille et le jour de l’Assomption de la Glorieuse Vierge, je pus encore célébrer une messe privée, mais je dus bientôt reconnaître que cela même me devenait impossible, parce que l’état de mes yeux ne faisait qu’empirer et que je n’y voyais presque plus. Dès lors, je m’abstins de dire la messe, jusqu’au jour où je recouvrai la vue. C’est à ce moment que je devins tout à fait aveugle, supportant, grâce à Dieu, avec résignation cette épreuve qu’il m’envoyait.

« Pour échapper à l’oisiveté et éloigner tout motif d’impatience, je consacrai mes loisirs à faire enregistrer, tant en Latin qu’en Français, une foule d’événements. Beaucoup de personnes s’émerveillaient de ma patience et, de fait, je conservai tout le temps ma gaieté et ma bonne humeur, sans cesser, grâce à Dieu, de faire tous mes efforts pour ne pas tomber dans le vice.

« Et maintenant, que ceux qui viendront après moi sachent qu’un certain Maître, originaire d’Allemagne, vint à Tournai et qu’ayant examiné mes yeux il promit, avec l’aide de Dieu, de me guérir. Après avoir bien réfléchi à tout ce qu’il me dit, et malgré l’avis de mes proches et de mes amis, je finis par me rendre à ses raisons. Je lui permis donc d’exercer son art sur mes yeux, le dimanche après l’Exaltation de la Sainte-Croix pour le premier œil et cinq jours après pour l’autre [les 18 et 22 septembre 1351].

« L’opération fut à peine douloureuse et consista à introduire dans l’œil un certain instrument en forme d’aiguille pour déchirer le voile qui obstruait mes yeux. Je recouvrai la vue, non certes comme elle était pendant ma jeunesse, mais comme il convenait à mon âge, car j’étais déjà octogénaire. Je voyais le ciel, le soleil, la lune, les étoiles, mais je ne pouvais reconnaître les gens. Je pouvais cependant pourvoir à tous mes besoins, excepté qu’il m’était impossible de lire ou d’écrire. Je pense que ce fut une grâce de Dieu ; que son nom soit bénit et qu’il me conserve en cet état jusqu’à ce qu’il lui plaise de me rappeler à lui. Je fus aveugle trois ans ou environ ».

Dans une de ses poésies, écrites en français, Gilles le Muisit donne le nom de l’opérateur et nous apprend que l’aiguille dont il se servit était une aiguille d’argent. Voici ce passage — dans sa version originale, en vieux français — qui sert de prologue à une longue pièce de vers composée en reconnaissance de sa guérison :

« C’est, dit-il, li loenge et li regrasciemens l’abbet Gillion le Muysit à Dieu, à le Virgène Marie, à Saint Martin, à tous Sains et à toutes Saintes, de chou que lie veue li est recouvrée, qui avoit estet aveules trois ans et plus, et n’avoit célébret, ne rien veut fors un pau d’air, et avoit estet environ siscante-deus ans abbés esleus, se fu aidiés par un maistre nommet Jehan de Meence, qui ouvra en ses yeuls d’un instrument d’argent, à manière d’aguille, sans peler, a pau d’angousce et tot passée, et fu faite cheste cure et vey des deus yeuls selon son eage souffiscamment, l’an de grâce MCCCLI (1351), environ le fieste Saint Remi. »

Qui était ce Jean de Mayence ? Probablement un de ces périodeutes, à la fois oculistes et lithotomistes, si nombreux alors, qui avaient la spécialité de soigner les maladies des yeux et d’extraire les pierres de la vessie. Quoi qu’il en soit, son intervention fut couronnée de succès, dans la mesure au moins où cela était possible à l’âge de Gilles le Muisit, et surtout avec la technique opératoire alors en usage.

La miniature que nous avons mentionnée donne une idée assez exacte de la façon dont se pratiquaient ces opérations de cataracte. Au milieu, on voit le patient assis sur un siège, aux bras duquel il appuie ses mains. La gauche semble se cramponner au siège, en prévision sans doute de la douleur prochaine. La tête est inclinée à droite, pour que l’œil gauche à opérer soit bien à la portée du chirurgien. Celui-ci soutient, de la main gauche, le menton de son malade, tandis qu’il se dispose à introduire dans l’œil gauche l’aiguille qu’il tient de la main droite. Signalons enfin, un jeune aide (le discipulus) qui, de son bras droit, soutient le bras de l’opéré en même temps qu’avec le bras gauche il immobilise sa tête. À droite, on aperçoit des moines qui assistent en curieux à l’opération.

L’attitude et la position respective des divers personnages sont d’ailleurs, en tout point, conformes à ce que les anciens médecins, et en particulier Celse, recommandent en pareil cas : « Le malade, dit Celse, sera assis sur un siège placé au-devant de l’opérateur, dans un lieu bien éclairé et face au jour, de façon que le médecin soit placé un peu plus haut que lui. Derrière l’opéré, se tiendra un aide pour lui soutenir la tête et en assurer l’immobilité, car le plus léger mouvement pourrait lui faire perdre la vue pour toujours... L’œil gauche sera opéré de la main droite et l’œil droit de la main gauche. » (De re medica)

On sait que cette méthode d’opérer la cataracte consistait à introduire une aiguille de fer ou d’argent dans la conjonctive et à la faire pénétrer jusqu’au niveau de la pupille ; à ce moment, l’opérateur s’efforçait d’abaisser le cristallin jusqu’au bas de l’œil pour dégager la pupille du corps opaque qui empêchait l’arrivée des rayons lumineux sur la rétine.

Au Moyen Age, l’oculistique est monopolisée par trois classes de praticiens de valeur différente : le Judeus (Juif), le Rusticus (l’équivalent de nos rebouteux), et le Chirurgus expertus in oculis (un chirurgien expérimenté). À laquelle de ces trois catégories appartenait notre Jean de Mayence ? Certainement pas à la seconde, car les opérateurs de ce genre ne sortaient guère de leur pays d’origine et n’exerçaient leur art que dans un rayon de peu d’étendue. D’autre part, Gilles le Muisit était un trop grand personnage pour se mettre entre les mains d’un oculiste de cette trempe ; l’eût-il voulu, d’ailleurs, que son entourage s’y fût certainement opposé. Il reste donc que Jean de Mayence fut un véritable chirurgien, Chirurgus expertus in oculis, ou un Juif, cette dernière hypothèse étant la plus crédible pour les raisons suivantes.

Il semble bien qu’au XIIIe siècle, et même au XIVe siècle, les chirurgiens diplômés, les doctores chirurgici, comme les appelle Arnauld de Villeneuve, sortis des Écoles de Salerne ou de Montpellier, ne se soient pas beaucoup occupé d’oculistique. Le célèbre Lanfranc (1296) décrit bien l’opération de la cataracte et celle du chalazion, mais il en parle comme quelqu’un qui ne les a jamais faites, ni même vu faire. En revanche, Guillaume de Salicet (1276) décrit l’opération de la cataracte d’après une méthode qui lui était personnelle et qui paraît être le fruit d’une grande pratique.

Il est probable qu’il avait appris la chirurgie oculaire en suivant quelque praticien ignoré de son époque, car il répète à plusieurs reprises que la chirurgie oculaire, et spécialement l’opération de la cataracte, ne peut s’apprendre qu’en voyant opérer un chirurgien exercé dans cet art : « cette opération, dit-il, ne pourra être comprise par l’élève que s’il l’a vue faire de ses propres yeux par quelqu’un d’expert et d’habitué à la pratique oculaire. »

Au XIVe siècle, Jean de Gaddesden déclare que l’opération de la cataracte n’est à la portée ni des médecins, ni des chirurgiens et que s’ils veulent l’entreprendre ils doivent d’abord s’essayer sur des yeux de chien, de coq, ou de tout autre animal. L’oculistique est donc généralement exercée par des périodeutes, praticiens ambulants qui se transmettaient de père en fils les secrets de leur art, comme c’était aussi le cas pour l’opération de la taille. Ce sont ceux dont Jean de Tournemire (1329-1410) constate la malhonnêteté habituelle : Medici carsores curant interdum albuginem cum sit cicatrisa magna et fugiunt habita pecunia.

 

Aussi, ne faut-il pas s’étonner outre mesure que Valescus dissuade les chirurgiens de se livrer aux opérations sur les yeux. « On rencontre, dit-il, un grand nombre de médecins ambulants qui se font forts de guérir la cataracte avec une aiguille ; ils promettent beaucoup plus qu’ils ne sauraient tenir et beaucoup d’entre eux n’ont d’autre but que d’extorquer de l’argent aux malades. Les médecins honnêtes se gardent bien d’agir de la sorte, car ils tiennent à conserver intact leur honneur. La cure de la cataracte par l’aiguille sera donc laissée à ces jeunes apprentis qui courent de droite et de gauche. »

« L’oculistique, remarque le Dr Pansier, est d’ailleurs généralement entre les mains de praticiens juifs. En 1468, lorsque le roi Jean d’Aragon est atteint de la cataracte, c’est Abi-Abor, rabbin de Lérida, qui l’opère, le 12 septembre de cette année ; il est assez heureux pour rendre la vue à son royal patient. ». Dans ses Variétés chirurgicales, Alfred Franklin observe que « dès le quatorzième siècle, on rencontre les chirurgiens ambulants parcourant les provinces, cheminant un bâton à la main par monts et par vaux, narguant les chirurgiens qu’ils qualifient d’ignorants et, non sans raison, de poltrons. Eux, les vrais précurseurs de nos chirurgiens actuels, rien ne les effraye, rien ne les étonne, rien ne les arrête... Ils réduisent les hernies, abaissent les cataractes, extraient les pierres de la vessie, châtrent les animaux et les hommes, appliquent le trépan, incisent les fistules. Ils osent tout, et le succès vient souvent couronner leur audace. »

C’est probablement à cette catégorie de chirurgiens qu’appartenait Jean de Mayence ; peut-être même joignait-il à l’art d’abaisser les cataractes celui non moins lucratif d’inciseur de vessie ou de lithotomiste. Quoi qu’il en soit, il semble bien démontré que ce n’était ni un médecin, ni un chirurgien diplômé. Ce n’est guère, en effet, que vers la fin du XVIIe siècle, en 1699, qu’on exige des oculistes, comme aussi des rhabilleurs et des lithotomistes, une légère épreuve subie en présence des chirurgiens officiels de Saint-Côme, nous apprend encore Franklin.

Quelle était l’issue ordinaire de ces opérations de cataracte ? Arnauld de Villeneuve nous dit que s’il a vu souvent des spécialistes abattre la cataracte, il a rarement pu constater que cette opération ait donné d’heureux résultats. Cependant, d’autre part, Jean de Gaddesden affirme, précisément à propos de la cataracte, qu’il a vu des chirurgiens, opérant avec l’aiguille, faire des choses surprenantes et acquérir de ce chef beaucoup de gloire, de sorte qu’une seule de ces opérations leur rapportait plus d’argent que dix pratiquées sur d’autres membres par un chirurgien ordinaire.

Toujours est-il que l’opération pratiquée par Jean de Mayence sur les deux yeux de Gilles le Muisit, et à cinq jours seulement d’intervalle, fut, en partie au moins, couronnée de succès. Le vénérable abbé de Saint-Martin ne recouvra pas, il est vrai, complètement la vue puisqu’il ne pouvait reconnaître les gens, ni lire, ni écrire ; mais il voyait le soleil, la lune et les étoiles ; de plus, il pouvait se conduire lui-même et suffire à tous ses besoins. En somme, il est satisfait du résultat et trouve que, pour son âge, il n’y a pas lieu d’être plus exigeant. Jean de Mayence dut donc avoir une bonne rétribution et se faire de ce succès une forte réclame.

 

Pourtant il y a bien quelque ombre au tableau. Tout en remerciant Dieu d’avoir recouvré la vue, le bon abbé ne laisse pas que de laisser échapper quelques regrets qui prouvent, tout au moins, qu’il avait su, durant sa cécité et sans doute pour s’en consoler, mener joyeuse vie et faire de copieuses libations. N’était-il pas naturel qu’on vînt le distraire de ses ennuis, égayer sa solitude, bavarder et festoyer avec ce pauvre infirme. De là à se laisser aller à quelques excès, bien innocents d’ailleurs, il n’y avait qu’un pas ; puis, le malade ne se croyait-il pas condamné à rester aveugle pour le reste de sa vie ! Pourquoi, dans ces conditions, se serait-il privé ? Ainsi écrit-il dans ses Poésies :

Or sachent tous et toutes, quant aveules iestoye
Dou fort vin sans temprer a men plaisir buvoie ;
D’aus, d’ougnons et d’airun, de rien ne me wardoye,
Car pour homme perdut, sachiés, je me tenois.

Mais, après l’opération, si l’on ne veut pas en perdre le bénéfice, un régime sévère s’impose ; il faut changer de vie : les yeux sont sensibles, redoutant le vent et le froid :

J’ay les ioez diffamés, un pau s’en suy honteus,
Et le temps m’est contraire, quant frois est et venteux.

Adieu aussi le bon vin et l’ail,.adieu les longues veilles et les copieuses beuveries :

Il me convient warder dou vent et de l’orage,
D’airuns et de fors vins, dont j’avoie l’usage,
Et, pour chou que je voie, contrefaire le sage,
Mes coutumes cangier et muer me corage.
Jay les deus ioex moult tenres, se me nuyroit lumière,
Ayl, vins taster et veiller, fèves, feux et fumière,
Se me convient warder ou revenir arrière
En lestat prumerain et cangier me manière.

Malheureusement pour lui, le bonhomme ne jouit pas longtemps de sa demi-guérison et n’eut pas à « contrefaire le sage » pendant de longues années. Il mourut l’année suivante, le 15 octobre 1352.

 
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6 mai 2019 1 06 /05 /mai /2019 06:36

Emblème de la force, le chêne a toujours régné en maître dans les forêts, et l’imagination des peuples s’est complu à attribuer à cet arbre-roi de secrètes vertus et une mystérieuse puissance...

L'histoire des Chênes ( célèbres)

d'aprés " Musée universel " paru en 1877

 

Emblème de la force, le chêne a toujours régné en maître dans les forêts, et l’imagination des peuples s’est complu à attribuer à cet arbre-roi de secrètes vertus et une mystérieuse puissance...

Aussi de quel respect, de quelles sollicitudes ne fut-il point entouré ! En Grèce les chênes étaient gardés par des nymphes qui établissaient domicile sous l’écorce ; elles n’abandonnaient l’arbre qu’après sa mort. Jupiter lui-même, dit-on, n’avait point dédaigné de faire du chêne son emblème : c’est pour cela que les chênes de la forêt de Dodone, en Epire, rendaient des oracles.

Ne parlons point des Gaulois, qui eurent pour le chêne un culte pieux, au grand mécontentement de l’Eglise qui lança, à diverses reprises, des mandements furieux contre cette superstition. Ne nous arrêtons point non plus à l’Allemagne qui protégea les chênes par des peines si atroces qu’on a peine à y croire. Quiconque coupait un chêne et se laissait prendre en flagrant délit, subissait une espèce de talion, car on lui coupait la tête sur la souche, où elle devait rester jusqu’à ce qu’il se formât de nouvelles tiges. Celui qui enlevait l’écorce à un chêne portant fruit, si on pouvait le prendre sur le fait, la loi autorisait à lui ouvrir le ventre, et après lui avoir tiré hors du corps l’intestin, dont on attachait l’extrémité sur la plaie, on lui faisait faire le tour de l’arbre jusqu’à ce que la place écorchée fût entièrement recouverte.

 

On voit encore dans la forêt de Saint-Germain des chênes auxquels sont attachés des rubans, des fleurs, des statuettes, des couronnes, quelquefois même des flambeaux et de pieuses invocations. En allant aux Loges on rencontre sur la lisière de la forêt, le chêne de Sainte-Geneviève. On cite en outre le chêne de la Vierge, le chêne des Anglais, le chêne de Sainte-Anne, le chêne de Sainte-Barbe, les chênes de Saint-Joseph et de Saint-Fiacre. Leurs légendes seraient difficiles à établir, car ces arbres n’ont pas un grand âge ; mais ils ont remplacé d’autres arbres plus anciens, et comme ils ont la même forme, comme le lierre est remonté à sa place, les traditions se perpétuent. C’est ainsi que ces arbres touchent aux temps païens par le côté même qui semble les en éloigner.

En Bretagne, les bûcherons appellent encore leurs beaux arbres, les arbres de Dieu ; dans la Mayenne, le grand chêne du carrefour est un des plus célèbres monuments de la dévotion populaire. En Seine-Maritime, le chêne d’Allouville est enfoui sous des ex-voto. Son énorme tronc est une chapelle ; au-dessus de ce sanctuaire creusé dans ce que le druidisme avait de plus saint, se trouve une cellule qu’un ermite habiterait, et le tout est surmonté d’un clocher et d’une croix. Au lieu d’être des exceptions, les chênes privilégiés de la forêt de Saint-Germain ne sont que des passages d’une longue histoire.

Voyons maintenant ce que deviennent et à quel sort ont été voués les chênes illustrés par de grands événements, par leurs hauts faits ou par leur caractère. Le fameux chêne d’Autrage, dans l’arrondissement de Belfort, près duquel se rassemblaient autrefois les Partisans, a été abattu en 1858, vendu aux enchères 400 francs, et revendu 600 francs. Vanités de la gloire ! On faisait remonter son origine aux temps druidiques. Il avait 5 mètres de diamètre, et plus de 14 mètres de circonférence à sa base. Une des grosses branches avait 5 mètres de circonférence, une autre 3 mètres 50. Les menues branches ont donné 40 stères de bois façonné, et la bille promettait 126 stères de bois marchand. La cavité du tronc était de 2 mètres environ.

En parcourant la route de Saragosse à Madrid, on voit à 4 kilomètres d’éloignement un chêne vert qui élève sa tête énorme au milieu d’un plant d’oliviers ; il faut, dit-on, quatorze hommes se tenant par la main pour l’embrasser.

Le chêne d’Allouville, dans l’arrondissement d’Yvetot, auquel des historiens et des naturalistes donnent huit à -neuf siècles de durée, existe toujours. Son tronc n’est qu’un tube creusé par les ans ; il n’en reste que l’écorce, et cependant il se couvre chaque année de feuillage et de glands. Depuis 1696 une chapelle est établie dans l’intérieur de cet arbre.

Les assemblées de la Biscaye se tenaient sous un chêne qui s’élève près de la petite ville de Guernica, à 28 kilomètres à l’est de Bilbao. C’est le plus vénéré des monuments naturels de la Péninsule, et les républicains de la Convention, lorsqu’ils pénétrèrent jusque dans la Biscaye, le saluèrent avec admiration et respect en lui rendant les honneurs militaires, et l’appelant le père des arbres de la liberté. Le chêne actuel est un arbre corpulent, descendant direct du chêne primitif, car on conserve toujours à côté de l’arbre un ou deux rejetons destinés à le remplacer quand l’âge l’aura fait succomber.

Le dernier, tombé de vieillesse le 2 février 1811, existait, d’après la tradition, depuis le milieu du quatorzième siècle. C’était sous son ombre que les rois catholiques, Ferdinand et Isabelle, assis sur le banc de bois qui en entourait le tronc, avaient juré de maintenir les fueros basques. Dans les temps anciens, cinq hérauts montaient dans, les branches du chêne, et sonnant de leurs trompes, convoquaient les Biscayens à la calzarsa ou assemblée générale. Les délibérations eurent lieu d’abord sur ce banc de bois ; puis la population étant devenue plus grande et ses délégués plus nombreux, on abandonna peu à peu la coutume patriarcale, et les assemblées se firent dans l’ermitage de Nuestra Senora de la Ansigna, très ancien sanctuaire, situé tout auprès du chêne. Aujourd’hui il s’est élevé à côté de l’ermitage un vaste édifice. Le vieux chêne est loin d’être abandonné ; un trône magnifique se dresse sous l’arbre vénéré. L’arbre et le trône sont entourés d’une grille de fer.

Il y a plus d’un chêne célèbre en Grande-Bretagne. On sait que Charles II, après la bataille de Worcester, ne dut son salut qu’à la vitesse de son cheval, et qu’ayant atteint Boscobel-Grové, en Shropshire, il se réfugia dans l’épais feuillage d’un vieux chêne énorme, qu’on appela depuis chêne du roi Charles. Les hommes qui poursuivaient le prince choisirent précisément l’ombrage de ce chêne pour y bivouaquer, tandis que le malheureux Charles y était encore caché.

Quant au Fairlop Oak, le chêne de la forêt de Hainault en Essex, c’était le rendez-vous de chasse de nombreux monarques, et sous le feuillage de cet arbre vénérable il se tient encore une très belle foire annuelle.

En fait d’autres chênes fameux, on comptait le chêne de Herne le Chasseur, qui s’élevait près Elisabeth’s Walk, dans Horne Park, au fond de la forêt de Windsor. Les restes de cet arbre ont été abattus en 1863. Une partie du tronc était tombée vingt ans auparavant, et on l’a conservée soigneusement depuis au château royal de Windsor. Pour préserver les restes de cet arbre, on les avait entourés de pieux, à l’un desquels était placée l’inscription suivante, tirée des Joyeuses commères de Windsor, de Shakespeare, et gravée sur une plaque de cuivre :

C’est une vieille histoire que Herne le Chasseur,
Autrefois l’un des gardes de la forêt de Windsor,
Pendant tout le temps de l’hiver, et toujours à minuit
Se promène autour d’un chêne.

Une légende se rattachait à cet arbre. Herne avait été garde-chasse durant la seconde partie du règne d’Elisabeth, Ayant commis un méfait par suite duquel il perdit son emploi, il se pendit à ce chêne. Depuis ce temps, on dit que l’ombre de Herne revient chaque nuit. Toutes les horreurs de cette légende ont été retracées dans un roman d’Harrisson Ainsworth qui a pour titre le Château de Windsor. Un plan de la ville et du château de Windsor, publié à Eton, en 1742, indique l’arbre et lui donne le nom de chêne de Falstaff.

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